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Le feu de satan

Le feu de satan

Titel: Le feu de satan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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lui adresser un geste obscène, mais l’un de ses camarades, reconnaissant Corbett, lui parla à l’oreille. Le magistrat appela un sergent et lui cria :
    — Accompagnez ces mendiants à l’aumônerie ; donnez-leur du pain et du vin et renvoyez-les !
    Le vétéran aux tempes grisonnantes inclina la tête.
    — Les gars ne faisaient que s’amuser, Sir Hugh !
    — Eh bien, le spectacle est fini ! trancha Corbett. Qu’ils paient ! Faites une quête pour ces mendiants !
    Il surveilla le sergent qui exécutait ses ordres, puis il referma la croisée. On frappa à la porte.
    — Entrez !
    Ranulf, son serviteur promu clerc à part entière à la Chancellerie, s’avança d’un pas martial, ses cheveux roux attachés derrière la nuque. Fier de son habit de clerc – bleu ciel frangé de petit-gris – il passa les pouces dans son large baudrier. Ses yeux de chat brillèrent d’une lueur malicieuse.
    — Allons-nous regagner nos pénates, Messire ?
    — Non ! répondit brutalement son maître avant de se rasseoir à la table.
    Ranulf esquissa une grimace à l’intention de Maltote, le blond messager à l’allure bonasse.
    — Bien ! chuchota-t-il.
    Le clerc fit prestement volte-face.
    — Qu’est-ce qui te retient à York, Ranulf ?
    — Oh rien !
    Le magistrat le dévisagea attentivement.
    — T’arrive-t-il de dire la vérité, Ranulf ?
    — Chaque fois que j’ouvre la bouche, Messire !
    — Et tu ne t’es pas trouvé d’amie galante autant que plantureuse ici ? Aucune femme de brave bourgeois ?
    — Bien sûr que non !
    Corbett revint à son écritoire. Ranulf fit la nique derrière lui et remercia le ciel qu’il ne se fût pas enquis des filles des braves bourgeois.
    — Donc nous restons à York ?
    — Oui, lui confirma Corbett avec lassitude. Nous logerons à l’abbaye de St Mary. Pour l’instant, nous avons du pain sur la planche. Les pétitions !
    Maltote se précipita, un épais rouleau de vélin à la main.
    — Voici ce qu’ont reçu les clercs.
    Le magistrat enjoignit à ses serviteurs de prendre place de chaque côté de la table.
    — Nous allons consacrer deux heures à étudier tout cela, décida-t-il.
    Tandis qu’il reprenait son écritoire, Ranulf échangeait un regard avec Maltote et levait les yeux au ciel. « Maître Longue Figure », comme il avait secrètement surnommé Corbett, était d’assez méchante humeur. Mais ils s’attelèrent à la tâche. Le magistrat parcourut les pétitions envoyées au conseil par les habitants d’York dès l’annonce de la visite royale. Chaque ville avait le droit d’adresser des doléances à la Couronne, que le souverain considérait avec le plus grand sérieux. Après avoir rassemblé les lettres individuelles, les clercs de la Chancellerie les recopiaient d’une belle écriture sur des parchemins que l’on cousait ensemble.
    L’une des tâches de Corbett, à la Cour, consistait à s’occuper de ces requêtes. Celles-ci concernaient une foule disparate de problèmes : une certaine Francesca Ingoldsby accusait une Elizabeth Raddle de l’avoir assaillie et battue avec un balai, sur le pavé de la cité, en présence de ses voisins. Matthew Belle affirmait que Thomas Cooke l’avait attaqué et frappé au visage avec un tisonnier, à la taverne du Manteau Vert. Thomasina Wheel sollicitait l’autorisation de s’embarquer pour aller se recueillir sur le tombeau de saint Jacques à Compostelle. Mary Verdell déplorait la perte d’une cape et accusait Elizabeth Fryer de la lui avoir volée.
    John de Bartonon et Beatrice, son épouse, se plaignaient de ce que le curé de leur paroisse pénétrait constamment sur leur propriété. Etc. Cela n’en finissait pas. Corbett en renvoyait certaines vers le conseil municipal, d’autres vers le shérif ou le maire. Il en gardait quelques-unes pour les montrer au roi. L’une d’elles retint particulièrement son attention : Hubert Seagrave, le marchand de vin attitré du roi à York, demandait la permission d’acheter deux manses {14} de terre jouxtant sa taverne.
    Corbett sourit à Ranulf.
    — Cela, nous pouvons nous en charger nous-mêmes, marmonna-t-il. Il faut que j’aille prendre un tonnelet de vin chez lui pour l’offrir aux templiers à Framlingham.
    Ranulf, occupé à inscrire les décisions de son maître, se contenta de maugréer. Corbett reprit sa lecture et remarqua qu’un nombre croissant de plaintes, émanant aussi bien d’individus que de

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