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Le feu de satan

Le feu de satan

Titel: Le feu de satan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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restés toute la matinée ?
    — Cela est intolérable ! lâcha soudain Branquier. Nous sommes chevaliers du Temple et non de vils pendards capturés par le guet !
    — Silence ! ordonna Molay en levant la main. Ce que nous disons, mon frère, n’est que la stricte vérité. Legrave et moi sommes demeurés à Stonegate jusque tard dans l’après-midi. Après avoir vérifié nos comptes, je suis reparti en direction de Botham Bar en passant par Petergate. Le cortège royal se trouvait alors sur le parvis de la cathédrale. J’aurais aimé visiter ces lieux, mais j’ai préféré remettre cela à plus tard, ajouta-t-il avec un sourire crispé.
    — Et vous, Sir William ? interrogea Corbett.
    Aucun muscle ne frémit sur le visage couturé de Symmes, mais son bon oeil flamboya, menaçant.
    — J’ai accompagné le grand maître pendant quelque temps avant de me rendre aux échoppes de Goodramgate et d’aller voir un ami, curé à St Mary. Le grand maître et moi étions convenus de nous retrouver devant la maison de la guilde des parcheminiers, près de Botham Bar. Et nous sommes revenus ensemble.
    — Sir Bartholomew ?
    Corbett prit quelques notes tandis que Baddlesmere répondait :
    — Je me suis promené dans Jubbergate où armuriers et fléchiers tiennent boutique. J’étais chargé d’acheter des armes.
    — Vous étiez seul ? demanda Corbett, l’air de rien.
    — Non, un sergent m’accompagnait.
    — Son nom ?
    Le templier déglutit nerveusement.
    — John Scoudas. Il sert au manoir.
    — Pas la peine de me poser la question ! cria presque Branquier à Corbett. J’ai quitté le prieuré St Léonard après les autres. Quand je suis arrivé à York, les rues grouillaient de monde à cause du cortège royal. Je me suis attardé un peu, mais c’est devenu vite pénible, de par la chaleur et la cohue. Alors, je suis revenu ici, comme frère Odo pourra en témoigner.
    Corbett parcourut ses notes. Jacques de Molay et Legrave, réfléchit-il rapidement, pouvaient corroborer leurs alibis respectifs. Frère Odo et Branquier aussi. Mais Baddlesmere ? Corbett le soupçonnait de mentir, tout comme Symmes qui, sous le bord de la table, caressait sa belette apprivoisée. Les yeux rivés sur le parchemin, Corbett sentait l’impatience croissante des templiers qui repoussaient leurs sièges avec de bruyants soupirs d’exaspération.
    — Mais que croyez-vous donc que nous faisions ? demanda brusquement Legrave. Que nous aidions Murston à tuer le roi ? Que nous vous adressions des messages sur le pont de l’Ouse ?
    — Ou que nous vous tendions un guet-apens ? ricana Baddlesmere.
    — Monseigneur, s’exclama le grand argentier en jetant sa plume et éclaboussant la table d’encre, c’est la dernière fois que je réponds à ce genre de questions ! Il suffit qu’un benêt de sergent, à la cervelle embrumée, se mette en tête d’assassiner le roi et que des messages stupides et grandiloquents soient expédiés ici ou là, pour que nous soyons tous coupables ?
    Cet éclat fut salué par des murmures d’assentiment. L’embarras se peignait sur les traits sombres et aristocratiques de Jacques de Molay. Corbett jeta des coups d’oeil à droite et à gauche. Baddlesmere grattait sa barbe grisonnante et son visage buriné. Était-ce lui l’assassin, s’interrogea Corbett, lui, le templier au secret inavouable ? Ou Legrave, qui s’avérait un soldat aguerri, malgré son visage enfantin au teint olivâtre et aux cheveux bruns bien peignés ? Ou encore Symmes, le borgne, ou Branquier qui se voûtait au-dessus de la table ? Il avait la conviction qu’un de ces hommes – voire tous ? – était un assassin et que d’autres crimes pouvaient s’ensuivre.
    — Nous avons fait transporter le corps de Peterkin à York dans un cercueil digne de lui, reprit Jacques de Molay. Ne vous inquiétez pas, ajouta-t-il avec un geste rassurant, il n’était pas accompagné de chevaliers, mais d’un régisseur, muni d’une lettre de condoléances et d’une bourse remplie de pièces d’argent pour sa mère. Mais qui donc voudrait tuer un jeune cuisinier, Sir Hugh ? Quel bénéfice tirerait-on de sa mort ?
    — Ou même ce pauvre Reverchien ? lança Baddlesmere d’une voix tranchante.
    — Je l’ignore, répondit Corbett. Mais pourquoi êtes-vous venus à York ?
    — Je vous l’ai déjà dit. Le grand maître a le devoir de visiter chaque province.
    — Avant votre arrivée,

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