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Le feu de satan

Le feu de satan

Titel: Le feu de satan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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anglo-saxonnes. Ma mère s’appelait Tharlestone et affirmait descendre de Leofric, frère de ce Harold qui trouva la mort à Hastings. Elle possédait des terres dans le Norfolk. Êtes-vous déjà allé dans ce comté, Corbett ?
    Le magistrat se rappela les dangers auxquels il avait échappé, près du manoir de Mortlake, au cours du mois de novembre précédent {27} .
    — Oui, mais ce ne fut pas un séjour des plus plaisants.
    — Eh bien, c’est là que j’ai grandi. Ma mère est morte très jeune.
    Les yeux du vieil homme s’embuèrent de larmes.
    — Elle avait la douceur d’une biche. Aucune femme ne lui arrivait à la cheville. Peut-être est-ce la raison pour laquelle je me suis fait templier. Quoi qu’il en soit, enchaîna-t-il vivement, ce fut mon grand-père qui m’éleva. Il m’emmenait pêcher dans les marais. Je le fais encore quelquefois, vous savez. J’ai une barque sur le lac ; je l’ai nommée Le Fantôme de la Tour. Bref, en attendant que le poisson morde, grand-père traçait des runes sur de l’écorce et me les apprenait. Vous voyez cette lettre qui ressemble à notre P  ? C’est un W. Celle qui évoque une flèche est un T et celle qui rappelle une porte est un V. Je rédige mes notes avec ce code très personnel. Ainsi, personne ne sait ce que j’écris réellement.
    Il sourit tout d’un coup.
    — Et en quoi puis-je vous aider ?
    — Le jour de la mort de Reverchien, avez-vous remarqué quelque chose d’anormal, quelque chose qui vous aurait intrigué ?
    — Non. Sir Guido et moi étions ravis du départ pour York du grand maître et des commandeurs. Framlingham avait retrouvé sa sérénité habituelle. Nous avons vérifié l’approvisionnement de nos magasins. Moi, j’ai passé le plus clair de mon temps à travailler à la bibliothèque. Nous nous sommes revus à la messe. Guido avait une belle voix, un peu plus aiguë que la mienne. Après avoir chanté tout notre soûl, nous avons soupé au réfectoire. Le lendemain, juste après laudes, il est parti pour ce qu’il appelait sa petite croisade.
    L’archiviste acheva sur un haussement d’épaules.
    — Vous connaissez le reste.
    — Et ensuite ?
    — Quand j’ai senti la fumée et entendu les cris, je me suis précipité dans le labyrinthe avec quelques serviteurs. Il est assez difficile de s’y repérer. Il faut toujours se diriger dans la même direction.
    Le vieillard se rembrunit.
    — Mais lorsque nous arrivâmes au centre...
    Sa voix se brisa.
    — Oh ! ne vous méprenez pas. J’ai vu des hommes brûler vifs à Saint-Jean-d’Acre, mais voir le corps d’un ami se consumer et être réduit en cendres de la tête aux pieds, dans un jardin anglais et par une belle matinée de printemps... L’incendie dut être d’une rare violence. Le sol et les grands candélabres en fer étaient noirs. Nous avons enveloppé la dépouille dans un linceul afin de la transporter au dépositoire. Puis je suis allé à la resserre où j’ai, sans doute, bu plus que de raison. J’ai été saisi de torpeur et je suis revenu dans ma cellule. Je ronflais comme une forge lorsque Branquier m’a réveillé.
    — Qu’est-ce qui a provoqué cet embrasement, à votre avis ?
    — Je l’ignore. Le feu de l’Enfer, disent les mauvaises langues.
    L’archiviste se pencha vers Corbett.
    — Mais Sir Guido était la bonté et la générosité même ; il perdait un peu la tête, certes, mais c’était un vrai chrétien qui aimait Dieu, la sainte Église et le Temple. Pourquoi un brave homme aurait-il péri par les flammes alors que les méchants se pavanent en toute impunité, en s’enorgueillissant de leur vilenie ?
    Clignant des yeux, il lissa le parchemin de sa main valide et le caressa comme une mère son enfant.
    — Je doute que les foudres de l’Enfer aient quelque chose à voir là-dedans, prononça Corbett. Sir Guido était homme de bien. On l’a assassiné. Mais comment et pourquoi, Dieu seul le sait pour l’instant.
    — Les flammes s’étaient éteintes, mais cela puait tellement, murmura Odo. Une odeur de soufre. Comme...
    — Comme quoi ?
    Le vieillard gratta sa joue mal rasée.
    — Je ne me souviens pas, soupira-t-il. Que Dieu me pardonne, Corbett, mais je ne me souviens pas.
    Il regarda le magistrat.
    — D’autres questions ?
    Corbett se leva en faisant signe que non. Puis il serra doucement l’épaule maigre de l’archiviste.
    — Votre nom sera célèbre dans les années à venir,

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