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Le feu de satan

Le feu de satan

Titel: Le feu de satan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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maître queux était tout frais dans son esprit, et il se demandait lesquels, parmi les membres de l’assistance, avaient succombé à une passion inavouable. Il s’était efforcé de chasser cette pensée qui s’avérait non seulement nuisible à son enquête, mais également dangereuse à l’extrême pour les fautifs. En effet, la sodomie était un péché mortel aux yeux de l’Église. Les coupables étaient soumis à un châtiment des plus cruels. Mais sa curiosité avait été la plus forte. Au moment del ’osculum pacis, le baiser de paix échangé par les fidèles avant la communion, il avait surveillé plus particulièrement Baddlesmere et un jeune sergent qui s’étaient rejoints à l’entrée du jubé, et il avait perçu quelque chose de différent entre le templier à la barbe grisonnante et le sergent blond, si jeune. Ranulf, bien sûr, avait eu peine à garder les yeux ouverts pendant l’office, mais la soudaine tension de son maître l’avait alerté et il avait suivi son regard avant de se pencher vers lui.
    — Dieu me pardonne, Messire, mais pensez-vous la même chose que moi ?
    Le magistrat l’avait agrippé par les épaules et l’avait doucement embrassé sur la joue.
    — Fax, frater, avait-il murmuré. Paix à toi, mon frère.
    — Et cum spirituo tuo, avait répondu Ranulf.
    — Pas un mot à quiconque, lui avait enjoint Corbett d’une voix sifflante avant de concentrer toute son attention sur la célébration de l’office divin.
    Après l’ensevelissement de la dépouille de Reverchien dans le caveau mortuaire de la chapelle, ils avaient pris une collation dans le réfectoire et assisté aux joutes organisées en l’honneur du défunt.
    — Croyez-vous qu’ils vont venir ? s’enquit Ranulf en interrompant la méditation de son maître.
    Ce dernier s’éloigna de la croisée.
    — Si Jacques de Molay le leur ordonne, ils obéiront.
    — Est-ce qu’ils aiment les femmes ? demanda Ranulf tout à trac.
    Corbett haussa les épaules.
    — Je le suppose. La seule différence entre eux et nous, Ranulf, c’est qu’ils ont fait voeu de chasteté et de célibat. Leur épouse est l’Église de Notre-Seigneur.
    Ranulf laissa échapper un petit sifflotement.
    — Mais cela n’empêche pas les sentiments, ajouta-t-il sur le ton de la plaisanterie.
    Corbett s’assit à table et ouvrit les sacoches contenant son écritoire et ses plumes.
    — Appelons un chat un chat ! Tous sont voués à une vie de célibat et de chasteté. C’est une part de sacrifice. Pourtant, comme dans toute communauté fermée, certains hommes sont attirés par d’autres.
    — Mais c’est un péché grave ! se récria Maltote. S’ils se font surprendre...
    — ... que Dieu leur vienne en aide. Il y a eu des cas – rares – où, sur décision de l’ordre, des coupables furent emprisonnés dans des cellules dont on avait muré portes et fenêtres, et qui moururent de faim.
    — Allez-vous questionner Molay sur la salle secrète ? Celle du premier étage où on voit une fenêtre en trop ? J’ai encore vérifié ce matin après la messe. On a posé récemment des boiseries entre les deux pièces. À l’emplacement d’une ancienne porte, je crois.
    — Il devra répondre à plus d’une question, car il me tarde d’apprendre ce qu’ils y cachent, observa Corbett.
    — Serait-ce l’origine de ce feu étrange ? Une arme secrète ou même une relique au très grand pouvoir ? s’exclama Maltote. Un jour, j’ai rencontré un homme à Londres qui affirmait avoir voyagé au coeur de l’Égypte, au-delà d’Alexandrie, et trouvé une tribu qui possédait l’Arche d’Alliance. Celui qui la touche, dit-on, est consumé par un feu surnaturel qui en jaillit. C’est vrai !
    Maltote éleva la voix en voyant Ranulf rire sous cape.
    — J’ai payé deux deniers pour un éclat de bois.
    — Je gage que ce filou n’a jamais dépassé Southampton, ricana Ranulf. Avez-vous vu la collection de reliques de Maltote, Messire ? Il a un glaive rouillé dont se serait servi un soldat d’Hérode pour massacrer les Innocents.
    Un coup violent, frappé à la porte, mit fin à cet échange de plaisanteries. Corbett ouvrit, s’attendant à voir un messager dépêché par le grand maître, mais il se trouva nez à nez avec le jeune sergent remarqué pendant l’office. Celui-ci accompagnait un étranger râblé et trapu dont le faciès de dogue s’ornait d’une mâchoire proéminente et d’une

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