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Le feu de satan

Le feu de satan

Titel: Le feu de satan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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désert.
    — J’ai dit que nous resterions ensemble, mais en fait, il nous faut travailler séparément. Maltote et toi, passez ce manoir au crible. Examinez la forge, fouillez champs et fourrés. Recherchez toutes traces de feu ou de brûlé et, si possible, trouvez une forge cachée.
    — Et vous, Messire ?
    — Je vais à la bibliothèque. Il se peut que frère Odo ait péri, non pas parce qu’il vivait ici, mais parce qu’il avait découvert quelque chose. L’assassin a dû me voir lui rendre visite. À mon avis, la vérité – en partie du moins – se cache dans ses parchemins.
    Ranulf continua vers l’hostellerie pour y prendre Maltote tandis que Corbett, sur les indications d’une sentinelle, revenait sur ses pas et gagnait la bibliothèque. La porte était ouverte. Il entra et contempla la longue salle remplie d’ombres.
    — Que Dieu vous accorde la paix éternelle, frère Odo, murmura-t-il. Et qu’il me pardonne si je suis responsable de votre sort.
    Il s’avança jusqu’à la stalle de travail de l’archiviste. La table disparaissait sous des parchemins et sous le grand rouleau de vélin de sa chronique. Corbett le déroula et, feuillet après feuillet, lut le récit dramatique de la chute de Saint-Jean-d’Acre. En déchiffrant soigneusement le manuscrit, il se demandait s’il ne contenait pas des allusions au feu mystérieux. Certes, les croquis d’Odo montraient des mangonneaux lançant des boules de goudron enflammé, mais cela n’était guère significatif.
    Corbett enroula le vélin avec un soupir et prit les parchemins. Certains n’étaient couverts que de gribouillis, mais l’un d’eux attira son attention. Tracé par Odo le jour même de sa mort, un dessin représentait un clerc doté d’un long nez, avec, à côté, l’esquisse grossière d’un corbeau. Corbett sourit devant le jeu de mots portant sur son nom. Le reste consistait en signes évoquant un code. Il se souvint de la description des runes anglo-saxonnes et nota que les mêmes phrases revenaient souvent, toutes suivies d’un point d’interrogation. Il réussit à identifier certains signes, mais ne comprit rien à l’ensemble. Il parcourut la bibliothèque en fouillant les étagères jusqu’à ce qu’il trouve ce qu’il cherchait : un épais Codex Grammaticus aux feuilles jaunies, relié en veau et maintenu avec une énorme attache. Il le sortit avec peine de l’étagère et l’apporta sur la table.
    Le codex comportait des rubriques sur le grec et l’hébreu et un appendice – fréquemment consulté à en juger par l’usure des feuilles – présentait les lettres de l’alphabet avec les runes correspondantes en regard. Une plume d’oie à la main, le parchemin dans l’autre, le magistrat tenta de déchiffrer les gribouillis de l’archiviste. Tout d’abord, il n’y comprit rien, les runes formant des mots qui n’existaient pas, mais il se rappela soudain qu’Odo avait rédigé sa chronique en latin. Il se remit à l’ouvrage et fut plus heureux : Ignis Diaboli, le « Feu du Diable », Liber Ignium, le « Livre des Feux », et enfin une expression répétée à plusieurs reprises : l’« Énigme de Bacon ».
    — Seigneur ! s’exclama-t-il. À quoi cela peut-il bien faire allusion ?
    « Le Feu du Diable », pensa-t-il. C’est ainsi qu’Odo décrivait les flammes qui avaient tué son ami Reverchien et ce pauvre Peterkin. Le « Livre des Feux » : était-ce un grimoire ? un recueil de sorts ? Et l’« Énigme de Bacon » ? Quel rapport avec les terribles brasiers ? Déconcerté, il partit à la recherche d’une liste recensant les ouvrages de la bibliothèque, mais quand il la trouva, il n’y découvrit aucune référence au « Livre des Feux », ni rien qui expliquât l’expression l’« Énigme de Bacon ». Il rangeait la table en enroulant ses notes, lorsqu’il entendit du bruit au fond de la pièce : le grincement d’une porte suivi du son d’un loquet que l’on pousse.
    Il se leva et dégaina sa dague. Il eut beau scruter la bibliothèque, il ne vit que les grains de poussière dansant dans le soleil, au-dessus du parquet impeccablement poli.
    — Qui va là ? cria-t-il en s’écartant. Qui va là ?
    — Sache que nous allons et venons comme le vent.
    La voix basse était méconnaissable, même si les paroles résonnaient dans la salle comme un sinistre tocsin.
    Puis lui parvint un autre son, un cliquetis métallique. Il se jeta sur le côté

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