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Le feu de satan

Le feu de satan

Titel: Le feu de satan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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s’aperçoive de rien, même de la berge. Pourquoi un vieil homme s’embarrasse-t-il d’une esclavine par une chaude journée de printemps ? En outre, où sont les poissons qu’il est censé avoir péchés, calcinés ou non ?
    Corbett l’approuva.
    — Très bien, Ranulf, mais un problème demeure : comment le brasier est-il né ?
    Mais Ranulf poursuivait son idée.
    — Oui, tous ces détails me portent à croire qu’il était déjà mort. Rappelez-vous, Messire, le sergent a affirmé qu’il voyait les flammèches lécher la coque, mais qu’Odo n’a pas levé le petit doigt pour les éteindre, pas plus qu’il n’a bondi de frayeur ou essayé de s’échapper.
    Il souffla bruyamment.
    — Mais c’est tout ce que je peux dire. Comment le feu a pris reste un mystère.
    Ils remontèrent la prairie en pente. À mi-chemin, Corbett s’assit et allongea les jambes dans l’herbe haute. S’appuyant en arrière sur les mains, il contempla l’azur avant de fermer les paupières et de savourer la chaleur du soleil et les senteurs pénétrantes de l’herbe foulée et des fleurs sauvages, le gazouillis des oiseaux et le bourdonnement mélodieux des abeilles.
    — Les yeux clos, je me crois au Paradis, murmura-t-il.
    Ranulf gémit.
    — Comme moi, si j’étais attablé dans une taverne de Cheapside, une chope de godale dans une main, et l’autre sur le genou d’une belle garce.
    Il arracha des brins d’herbe.
    — Messire, ces menaces de mort que lancent les Assassins, pourquoi le tueur les a-t-il choisies ?
    Corbett rouvrit les yeux.
    — Les Assassins forment une secte. Ils sont tout de blanc vêtus, avec des ceintures et des babouches rouge sang. Ils obéissent à un chef, le Vieux de la Montagne, dans leur forteresse, le Nid d’Aigle. J’ai entendu le roi en parler. Leur place forte se dresse au sommet d’une montagne inaccessible. Arbres exotiques, fontaines de marbre, somptueux parterres de fleurs et pavillons tapissés de soie abondent dans des jardins clos. Les membres de la secte, les « Dévots », se nourrissent de galettes au safran et de vin drogué au pavot. Ils passent leur temps à rêver au Paradis, et parfois, le Vieux de la Montagne les envoie tuer ceux dont il a décidé la mort.
    « Ils ont causé des ravages terribles parmi les rangs des croisés, ajouta Corbett en se rasseyant, le regard rivé sur le lac. Ce sont des créatures de cauchemar, des spectres vomis par l’Enfer, qui sèment la terreur dans les âmes, en particulier dans celle de notre souverain. Édouard rêve encore de l’attaque dirigée contre lui, il y a une trentaine d’années.
    — Des templiers pourraient-ils appartenir à cette secte, suggéra Ranulf, des apostats qui auraient brisé leurs voeux ? Ou mieux encore, enchaîna-t-il, les Assassins manipuleraient-ils ce groupe rebelle pour affaiblir l’Occident chrétien ?
    Corbett se releva en essuyant l’herbe de ses chausses.
    — Je n’ai pas de réponse à ces questions, Ranulf, mais je crois qu’il est temps d’avoir une longue conversation avec Jacques de Molay.
    De retour au manoir, ils finirent par obtenir une entrevue avec le grand maître. Celui-ci, assis à son bureau couvert de manuscrits, les invita à prendre place.
    — Sir Hugh, dit-il en se passant la main sur le visage, cela ne peut pas durer éternellement. Il me faut repartir pour la France. Que le roi Édouard lève son interdiction !
    — Pour quelle raison ? demanda Corbett en se rappelant le messager qu’il avait vu galoper à franc étrier sur la route d’York. La situation se serait-elle aggravée à Paris ?
    Molay fouilla parmi ses documents.
    — Naturellement. Le responsable de l’attentat visant Philippe de France est un sergent du Temple, une forte tête. Il a été remis à l’Inquisition et a tout avoué.
    — C’est ce que je vous avais dit.
    — En effet, mais ce que vous ignorez, c’est qu’un nouvel attentat a apparemment eu lieu, il y a quelques jours, alors que le souverain traversait le Grand Pont {32} , en se rendant au Louvre, après s’être recueilli sur les tombes de la basilique Saint-Denis.
    Le grand maître jeta le parchemin sur le bureau.
    — Paris est balayé par une vague de calomnies et de rumeurs, et le chapitre général exige mon retour.
    — Ces ragots comportent-ils un fond de vérité ?
    Jacques de Molay évita le regard du magistrat, qui insista.
    — Monseigneur, je ne suis pas votre ennemi. J’admire les

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