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Le feu de satan

Le feu de satan

Titel: Le feu de satan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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au moment même où un carreau d’arbalète sifflait à ses oreilles et s’écrasait contre le mur.
    — Sache, reprit la voix, que ce que tu possèdes t’échappera et nous reviendra.
    Un nouveau cliquetis. Caché derrière les étagères à présent, Corbett entendit le bruit sourd du trait barbelé qui frappait le bois au-dessus de sa tête. S’efforçant à grand-peine de contrôler sa respiration, il lança des regards désespérés autour de lui. Les fenêtres étaient trop petites. Aucune fuite possible.
    — Sache, entonna la voix, que nous te tenons et ne te lâcherons pas avant d’avoir réglé nos comptes.
    Allongé par terre, Corbett jeta un coup d’oeil derrière les étagères et le coeur lui manqua. Au fond, un homme, coiffé d’un heaume de tournoi et vêtu des pieds à la tête d’un habit noir de jais, tenait une arbalète. Le magistrat le vit actionner le cric, et un troisième carreau fila à l’endroit où se trouvait sa tête un moment auparavant. Du bruit à nouveau, des pas : son assaillant approchait lentement. Se jeter sur lui ? Il ne serait jamais assez rapide ; un trait l’atteindrait avant même qu’il ne soit sur le mystérieux tueur. La bouche sèche, il luttait contre la peur. Il ne pouvait s’empêcher de penser au messager royal remontant l’allée de son manoir de Leighton et à Maeve accourant à sa rencontre...
    Il essuya la sueur de son visage et serra, plus fermement encore, son poignard gallois. Il aperçut alors une porte dérobée derrière un bureau. « Ô Seigneur Jésus, supplia-t-il, faites qu’elle ne soit pas fermée à clef ! »
    Il allongea le cou, mais recula vite pour éviter le quatrième carreau qui vrombit comme un faucon piquant sur sa proie. Alors il bondit avant que l’inconnu n’ait eu le temps de réarmer son arbalète. Maugréant jurons et malédictions, il repoussa le bureau et leva la targette, mais la porte ne bougea pas. Il se rua aveuglément contre le battant. Les pas se rapprochaient. À ce moment-là, il vit le verrou tout en haut. Il le tira et la porte s’ouvrit en gémissant sur ses gonds de cuir. Il la franchit et la referma violemment à l’instant même où une autre flèche s’y enfonçait. Il se retrouva dans un couloir et tourna à un angle dans une fuite si éperdue qu’il fit tomber un sergent à la renverse. Sans se soucier de ses imprécations, il poursuivit sa course jusqu’à une porte qui donnait sur un jardinet abandonné, derrière les lices.
    Il resta un moment accroupi pour reprendre son souffle, puis rengaina son poignard et revint à l’hostellerie. Il examina avec soin la chambre après avoir fermé à clef et s’étendit de tout son long sur le lit. Son sentiment de soulagement céda vite place à la colère, à une fureur terrible : il s’en était fallu de si peu qu’il tombât dans ce piège ! Il fut brièvement tenté de foncer, ventre à terre, jusqu’au corps de logis pour exiger une entrevue avec Jacques de Molay et obtenir que l’on enquêtât sur-le-champ, mais que découvrirait-on ? Rien, sinon qu’il avait eu peur. L’assassin se serait certainement éclipsé, sans laisser de traces. Il se releva et se rafraîchit la figure. Il se sécha sans hâte, en revoyant la silhouette enveloppée du manteau, l’arbalète et les carreaux sifflant autour de lui.
    — En tout cas, chuchota-t-il, je sais que tu n’es pas un esprit infernal !
    Il réfléchit. Cette attaque était un acte désespéré. Fallait-il y voir le motif de l’assassinat d’Odo ? Voulait-on empêcher l’archiviste de découvrir l’origine du feu maudit ? Le criminel avait dû fouiller le bureau, mais ignorant l’existence des runes, il n’avait prêté aucune attention au parchemin que Corbett, à présent, gardait dans son aumônière.
    On frappa à la porte.
    — Messire !
    Il ouvrit. Ranulf et Maltote, au comble de l’agitation, s’engouffrèrent dans la pièce.
    — On en a trouvé, des traces de brûlé ! s’écria Maltote.
    — Silence ! lui ordonna Ranulf. C’est moi qui les ai vues en premier, ces marques laissées par le feu, comme celles sur la route d’York. Vous voyez les arbres qui bordent la courtine ? Eh bien, c’est là qu’on les a repérées, Maltote et moi.
    Il dévisagea son maître :
    — Vous ne venez pas ? Que vous est-il arrivé, Messire ?
    Corbett leur raconta tout.
    — Dans la bibliothèque ! s’exclama Ranulf. Mais pourquoi là-bas ?
    — D’abord, parce

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