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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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me dire qui est allé si malencontreusement informer le grand prévôt ?
    Saêtta haussa les épaules, et s’en s’émouvoir, le plus paisiblement du monde :
    – Eh !
corbacco,
signora, dit-il, ne m’assassinez pas du regard, ainsi que vous le faites !… Vous savez bien que vous êtes le seul être au monde que je ne trahirais pas !… C’est moi qui ai avisé le sire de Neuvy.
    – Pourquoi ? gronda Léonora.
    – Parce que, dit Saêtta, toujours imperturbable, si vous aviez vos projets, j’avais les miens auxquels je tenais pour le moins autant que vous tenez aux vôtres. Mais, et vous devez bien le savoir,
corpo di Cristo !
mes plans personnels ne pouvaient en rien contrarier les vôtres… sans quoi, je vous en eusse avertie.
    Léonora le fixa longuement d’un regard aigu. Il soutint l’examen avec assurance. Peu à peu, l’expression de courroux répandue sur le visage de la Galigaï s’effaça. Ses traits reprirent leur impassibilité. Elle murmura :
    – C’est vrai, je t’ai soupçonné. J’ai oublié un instant que tu ne peux pas ne pas m’être fidèle. N’en parlons plus.
    Et d’une voix où vibrait une sourde rancœur :
    – Il n’en est pas moins vrai que, grâce à toi sans doute, mes projets sont renversés.
    – Signora, dit gravement Saêtta, vos projets sont non pas renversés comme vous dites mais simplement remis. Tenez pour assuré que je ne suis pour rien dans ce contretemps. Je ne suis pas un enfant, que diable ! et mes précautions étaient prises pour que M. de Neuvy arrivât trop tard pour vous gêner. Ce n’est donc pas lui, comme vous paraissez le croire, qui nous a fait échouer. Non, croyez-moi, il s’est passé quelque chose d’imprévu dont ni vous ni moi ne sommes responsables… Et je le saurai aujourd’hui même.
    Léonora réfléchissait. Saêtta, à n’en pas douter, était sincère. Il faut croire, d’ailleurs, qu’elle avait des raisons particulières de ne pas douter de lui, puisqu’elle-même prétendait qu’il ne pouvait pas ne pas lui être fidèle.
    – C’est aussi mon avis, dit froidement Saêtta, parce que je commence à croire que seul je ne parviendrai pas à atteindre le but que je poursuis depuis plus de vingt ans.
    La Galigaï approuva gravement de la tête et :
    – Le nom de ses parents, d’abord, dit-elle.
    – Il est le fils de la princesse Fausta.
    Léonora ne put réprimer un mouvement de surprise et, avec une sorte de crainte superstitieuse, surprenante chez une femme d’un caractère aussi énergique, avec aussi une sorte de vénération, elle s’exclama :
    – La petite-fille de la signora Lucrezia !… La rivale de Sixte Quint !… La papesse !…
    On eût dit que ces marques de respect et de sourde terreur que la femme de Concini ne prenait pas la peine de cacher indisposaient Saêtta, car il interrompit brusquement et, avec une soudaine irritation dans la voix :
    – Celle-là même, oui ! Eh !
corbacco !
signora. Il n’y a jamais eu qu’une Fausta !
    D’un air rêveur et sur un ton qui trahissait une secrète et admirative approbation, Léonora murmura :
    – Je comprends maintenant l’immense orgueil de ce gueux !… Bon chien chasse de race !…
    Et avec un intérêt passionné que le seul nom de Fausta avait suffi à déchaîner en elle :
    – Et le père ?… Qui est-ce ?… Pour le moins un prince souverain… un roi, peut-être !
    – Le père, dit Saêtta d’un air railleur, est un modeste gentilhomme, sans feu ni lieu… qui fut la pierre d’achoppement contre laquelle Fausta vit se briser, une à une, toutes ses entreprises.
    – Pardaillan ! s’écria Léonora en frappant dans ses mains d’un air émerveillé.
    – Vous l’avez nommé, dit Saêtta en s’inclinant.
    Léonora demeura un moment songeuse, une vague expression d’attendrissement répandue sur son visage, qu’elle ne songeait pas à dissimuler, soit que la surprise eût été trop forte, soit qu’elle eût jugé inutile de masquer ses impressions.
    « Et Saêtta, qui ne la quittait pas des yeux, fronça les sourcils et saisi à la gorge par une inexprimable angoisse, il se demanda :
    « Est-ce qu’elle va se faire l’alliée du fils par respect et admiration pour la mère ? »
    Il se ressaisit bien vite, ses traits reprirent leur expression rude, un peu narquoise, habituelle et, avec un demi-sourire :
    « Je ne l’entends pas ainsi, moi !… Minute, je vais souffler sur ce bel

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