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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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aucune, froidement, il s’en fut chercher un des verres à moitié plein de vin et le jeta au visage de la matrone qui ouvrit un œil.
    – Allons, dit-il avec douceur, debout, mon enfant, je vois bien que vous n’avez péché que par ignorance.
    Dès l’instant qu’on lui faisait espérer qu’il était possible de la tirer des gouffres de l’enfer entrevu, Colline Colle retrouva des forces et se releva comme on le lui commandait. Mais ses jambes vacillaient et ses yeux imploraient encore grâce.
    – Vite, dit le moine, donnez-moi de l’eau bénite, que je purifie ces lieux.
    La matrone se rua dans sa chambre et apporta le bénitier qu’elle avait à la tête de son lit.
    Le moine trempa ses doigts dans l’eau et à grand signe de croix, en marmottant des prières, il aspergea la vieille qui s’était mise dévotement à genoux, la pièce dans tous les sens, et le fameux papier.
    Quand ce fut fait, un soupçon traversa l’esprit du moine et, fixant sur elle des yeux étincelants :
    – Faites attention, dit-il, d’une voix qui ranima ses transes, si vous avez un autre pacte pareil et que vous le gardiez, maintenant surtout que vous savez…
    – Sur le salut de mon âme, interrompit Colline Colle avec une sincérité qu’il n’était pas possible de suspecter, je jure que je n’en ai pas pris d’autres !…
    – Je vous crois… De même que j’espère, pour vous, que vous n’avez pas lu les autres papiers semblables à celui-ci.
    – Comment aurais-je pu les lire ?… puisqu’ils sont écrits dans une langue que je ne connais pas.
    – C’est juste ! dit gravement Goulard.
    Rassurée encore une fois, Colline Colle guigna du coin de l’œil le papier. Elle n’oubliait pas que ce maudit papier avait failli causer sa damnation et elle se demandait avec terreur s’il allait rester là. Aussi, prenant son courage à deux mains, elle demanda timidement :
    – Mon père !… Et ce papier de l’enfer ?…
    – Il faut le brûler, dit péremptoirement le moine.
    Colline Colle eut un recul épouvanté et, joignant les mains, elle insinua :
    – Ne vous semble-t-il pas qu’un prêtre seul peut, sans danger pour son salut, risquer une opération si délicate ?
    – Soit, condescendit généreusement le moine, je le brûlerai donc moi-même. Et pour plus de sûreté, je ferai la chose dans une église, avec toute la pompe usitée en pareil cas.
    La matrone se confondit en actions de grâces. Après quoi, toujours sous l’empire de sa terreur, elle sollicita humblement l’absolution.
    – Je vous la donne volontiers, fit Parfait Goulard, très digne. Cependant, il est de mon devoir de vous avertir : si vous vous avisez de fouiller encore dans les papiers de votre locataire, vous serez damnée sans rémission. Rien ne pourra vous sauver, maintenant surtout que vous savez ce que vous êtes exposée à trouver dans ces papiers.
    La vieille protesta de ses bonnes intentions avec d’autant plus de force qu’elle savait que la cassette avait été emportée par Jehan le Brave. Petit détail qu’elle avait omis de signaler, parce qu’il n’avait rien à voir avec sa confession. Il convient même de dire qu’à présent qu’elle savait ce que valaient ces papiers qu’elle avait tant regretté de ne pouvoir lire, elle était bien aise de les savoir loin de son toit.
    Cependant, le moine qui avait son idée, lui aussi, continuait avec force :
    – Pareillement vous serez damnée si vous prononcez les noms de ces diablesses et de ces démons.
    Et sur un ton qui la fit frémir :
    – Savez-vous pas, malheureuse imprudente, qu’en prononçant leurs noms, vous risquez de les voir surgir devant vous ?… Et s’ils vous saisissent et vous veulent entraîner avec eux, croyez-vous que vous serez de force à leur résister ?… Si vous tenez à votre salut, le mieux est d’oublier cette histoire qui sent le fagot.
    – J’oublierai, mon père, je vous jure ! affirma sincèrement Colline Colle qui admettait très bien tout ce que lui disait là le moine.
    Mais l’absolution qu’il lui donnait ainsi ne lui inspirait pas confiance. Elle voulait une absolution dans toutes les règles, de même qu’elle avait accompli scrupuleusement toutes les formules préliminaires à la confession. Elle le voulait d’autant plus qu’elle avait été plus effrayée et qu’elle s’était vue plus près de sa perte. En conséquence, elle insista.
    Parfait Goulard se garda bien de la contrarier

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