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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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désespoir, mon père.
    – Qu’elle aille à tous les diables d’enfer ! lança le moine à toute volée. Ne savait-elle pas, cette chienne enragée, que notre sainte mère l’Eglise interdit le suicide ?
    – Je n’y suis pour rien ! gémit Colline Colle dont la raison commençait à chanceler.
    – Je le sais, répondit Goulard, et c’est fort heureux pour vous. Sans quoi vous seriez damnée comme elle. Donc elle se tua, cette diablesse. Et que fit-elle avant de se tuer ?
    – Elle porta à ce comte dont je ne dois pas dire le nom les papiers relatifs au trésor.
    – Pourquoi à ce comte ? demanda Goulard qui suivait la vérité à travers toutes ces interruptions destinées à affoler la matrone.
    – Parce que ce comte était un ancien serviteur de la souveraine et qu’il était, de plus, un ami du père de l’enfant.
    – Bon, je comprends ! Le comte devait garder les papiers pour les remettre au père de l’enfant… Mais le comte s’est tué volontairement – et qu’il aille à tous les diables, lui aussi ! – en sorte que les papiers sont restés chez sa fiancée, laquelle les a légués à sa fille, où vous les avez vus… Est-ce bien tout ?
    – C’est tout, mon père ! Je le jure par les plaies du Christ.
    – Je vous crois… Mais ce que vous ne savez pas, vous, et que je sais, moi, parce que j’ai étudié des livres sacrés qu’il n’est pas donné aux profanes de feuilleter, ce que je devine par les noms maudits que vous avez eu la fatale imprudence de prononcer, c’est que tout ceci est un conte diabolique… Diabolique, entendez-vous, malheureuse ?… Ah ! j’ai bien peur que vous ne soyez irrémissiblement damnée !
    – Pourquoi ? Qu’ai-je donc fait de si abominable ? larmoya Colline Colle.
    – Ce que vous avez fait, malheureuse ?… Montrez-moi d’abord ce papier… Il est possible après tout, que je me trompe.
    Colline Colle, qui était toujours à genoux, s’accroupit sur les talons, se fouilla précipitamment, prit le malencontreux papier, cause de sa damnation peut-être, et le tendit du bout des doigts en donnant de bonne foi et de confiance des signes de terreur et de répulsion manifestes.
    Parfait Goulard le prit du bout des doigts, lui aussi, et n’y jeta qu’un coup d’œil. Aussitôt, comme si ce bout de papier avait été un tison ardent, il le laissa tomber en poussant un grand cri. D’un mouvement brusque et violent, il envoya rouler le fauteuil derrière lui, et d’un bond il s’éloigna du papier fatal, comme s’il s’était trouvé soudain en présence de quelque reptile venimeux. En même temps il beuglait, avec des gestes d’exorciste :
    – 
Vade retro, Satanas !… Vade retro !…
    Colline Colle s’était écroulée la face contre terre. Elle n’avait plus une idée nette dans la tête. Elle ne songeait pas à s’éloigner du diabolique papier. Elle n’en aurait pas eu la force, du reste. La terreur dominait tout autre sentiment chez elle et la paralysait. Elle se frappait énergiquement la poitrine et aux
Vade retro !
du moine, elle répondait par des :
    – 
Mea culpa !… Mea maxima culpa !
    – 
Ah ! je l’avais bien deviné ! tonitrua Parfait Goulard. Savez-vous ce que c’est, malheureuse, cette souveraine ? Savez-vous ce qu’est sa suivante ?… Deux diablesses !… Entendez-vous ? deux diablesses !
    – Grâce ! implora la matrone sans savoir ce qu’elle disait.
    – Savez-vous ce qu’est ce sacripant qui a soi-disant enlevé l’enfant ?… Un démon !… Un démon de l’enfer !
    – Pitié ! râla Colline Colle.
    – Savez-vous ce qu’étaient ce comte et son ami, ce soi-disant père de l’enfant ?… Deux damnés !… qui avaient vendu leur âme à ces deux diablesses ! continua Goulard implacable.
    – Jésus, mon doux Seigneur, pitié, miséricorde, hoqueta la vieille, éperdue.
    – Savez-vous enfin, termina le moine d’une voix qui grondait, savez-vous ce que c’est que ce papier ?… Le pacte infernal signé par les deux damnés avec Satan !…
    Cette fois, Colline Colle ne bougea plus et ne dit plus rien. Elle était évanouie.
    « Ouais ! songea Parfait Goulard en la contemplant d’un air dépité, aurais-je été trop loin ? »
    Et haussant les épaules d’un air détaché :
    « Bon ! la leçon lui profitera. Je suis bien sûr, maintenant, qu’elle ne sera pas tentée de raconter cette histoire à d’autres. »
    Et posément, sans hâte

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