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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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dépêché par le seigneur Concini et sa noble épouse qui voulaient bellement vous faire assassiner. C’est tellement vrai que, pour le châtier d’avoir manqué son coup, Concini l’a fait poignarder ou jeter dans quelque cul de basse-fosse. Il en est ainsi, Sire, sans quoi ce jeune homme serait ici. » Voilà ce que dira mon compagnon. Et le roi le croira, n’en doute pas.
    Ivre de terreur, Concini bégaya :
    – Tu as fait cela ?… Tu as osé ?…
    – Ecoute donc, gouailla Jehan, je t’ai dit que je te connais. Je me suis gardé… Et bien m’en a pris.
    – Mais, c’est faux ! hurla Concini, tu mens !… Le roi ne croira jamais !…
    – Le roi croira, dit Jehan de sa voix implacable… J’ai des témoins… des preuves.
    – Quelles preuves ? bégaya Concini dont les dents s’entrechoquaient de terreur.
    – Celles que tu as fournies toi-même, dit Jehan avec autorité. Comme tous les poltrons, tu es bavard et vantard. Qu’avais-tu besoin d’aller dire que j’étais arrêté, enfermé au Châtelet, accusé du crime de régicide ?… Et quand as-tu dit cela ?… Au moment où je me promenais paisiblement avec le roi. Tu l’as dit, Concini, et si tu veux nier, Gringaille, Escargasse et Carcagne, que j’ai prévenus, et devant qui tu l’as dit, viendront attester. La jeune fille le dira aussi. Parce que c’est la vérité. Crois-tu que mes précautions ont été bien prises ?
    Concini, atterré, ne trouva rien à dire.
    Jehan insista de sa voix railleuse :
    – Tu seras arrêté, Concini. La douce Léonora le sera aussi. La reine elle-même, votre chère… protectrice, ne pourra rien pour vous. Trop heureuse si elle n’est pas compromise dans l’aventure.
    – Nous nierons ! Nous dirons que tu as menti sciemment et méchamment, hurla Concini qui retrouvait sa voix.
    – Tu oublies, dit froidement Jehan, que nous serons six à t’accuser. Puis, quoi ? Et la question que tu oublies aussi, car tu perds la mémoire décidément. La question, elle a son utilité… Et tu n’as pas idée comme elle sait délier les langues les plus rebelles quand elle est bien appliquée.
    Concini frémit. Il entrevoyait déjà le chevalet de torture. Il se sentit perdu. Il râla dans son esprit :
    « Que ne me suis-je arraché la langue plutôt que d’aller me vanter stupidement devant cette fille et ces trois
bravi !…
Car je l’ai dit, sang du Christ ! j’ai été assez insensé pour le dire !… Que maudite soit l’heure où je t’ai vue et où je me suis épris de toi, Bertille de malheur !… »
    Jehan le Brave, en dessous du grillage, se raidissait de toutes ses forces pour paraître calme et impassible. Mais, dans l’effort qu’il faisait, de grosses gouttes coulaient de son front et tombaient lentement à terre. Cette histoire que, sur des données réelles, il avait inventée de toutes pièces, allait-elle produire l’effet qu’il avait escompté ? Telle était la question qu’il se posait sans trêve.
    Il sentait bien que, là-haut, Concini était en proie à l’épouvante. Mais cette épouvante irait-elle jusqu’à l’amener à lui rendre la liberté ? Tel était le point d’interrogation redoutable. Il ne voulut pas le laisser se ressaisir, et d’une voix qui parut effroyablement calme au Florentin livide de terreur, il reprit :
    – Figure-toi que tu seras attaché sur le chevalet. On enfoncera les coins. Généralement, tu sais, on n’en supporte guère plus de cinq ou six. Tu sentiras tes os éclater, se briser, s’émietter. Tu sentiras ta chair meurtrie panteler. Alors, pour faire arrêter l’abominable supplice, tu avoueras. Alors, c’est la condamnation à mort. Mais avant, Concini, on te tranchera le poignet, tu seras tenaillé avec des tenailles rougies à blanc et, dans les plaies, le bourreau coulera de l’huile bouillante, du plomb fondu et après…
    – Assez, assez ! hoqueta Concini, fou d’épouvante. Que veux-tu enfin ?
    Jehan étouffa un rugissement de joie puissante. Concini était dompté. Il respira fortement, comme si sa poitrine était allégée de l’énorme poids qui l’oppressait. Et de son air le plus ingénu :
    – Moi ?… je ne veux rien. Je ne demande rien. Je t’ai averti simplement de ce qui t’arrivera si je ne suis pas libre demain. Le reste te regarde. Si je meurs, je mourrai vengé, et cela me suffit. Bonsoir, Concini.
    Concini ouvrait la bouche pour crier : « Je vais te rendre la liberté ! »

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