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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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A ce moment, une main douce et impérieuse en même temps s’abattit sur son bras. Il se redressa à demi, hagard, hérissé, le poing crispé sur le manche de la dague, et il se trouva face à face avec Léonora.
    Elle était accroupie à côté de lui et le regardait de ses magnifiques yeux noirs chargés de tendresse où luisait cependant un peu de pitié dédaigneuse.
    – Toi ! gronda Concini effaré. Tu étais là ?… Comment savais-tu ?… Comment es-tu entrée ici ?… Comment as-tu pu ?…
    Dédaignant de répondre à ses questions, elle interrompit dans un souffle :
    – J’ai tout entendu !… Que vas-tu faire ? Concini d’une voix aussi basse, gronda furieusement :
    – Tu as tout entendu et tu demandes ce que je vais faire ?… Que veux-tu que je fasse, si ce n’est lui ouvrir la porte et le conduire dehors ?… Il nous tient, le misérable !…
    – Il ne faut pas faire cela, dit Léonora sur un ton d’irrésistible autorité.
    – Tu es folle !… Tu n’as donc pas compris ?
    – Fais ce que je te dis, crois-moi. Refuse, dit Léonora plus impérieuse.
    Concini la regarda jusqu’au fond de l’âme. Il la connaissait suffisamment pour savoir qu’elle devait avoir son idée. Il hésita cependant.
    – Tu nous perds !
    Plus froide, plus résolue, plus autoritaire, elle assura :
    – Je nous sauve, au contraire ! Fais ce que je te dis. Concini avait confiance en la force de ce sombre génie. Il s’inclina, mais il rageait.
    – Soit, dit-il. Mais s’il…
    – Les boules, interrompit Léonora. Deux !…
    Concini fit signe qu’il avait compris. Et en même temps qu’il prenait dans sa poche deux petites boules, guère plus grosses que des pilules, il se pencha sur le grillage, et d’une voix devenue calme à force de volonté, à son tour, il railla :
    – Alors, tu as cru bénévolement que tu allais m’effrayer avec cette histoire à dormir debout ?… Pauvre petit !…
    Jehan chancela :
    – Je suis perdu ! songea-t-il. Il s’est passé quelque chose que je ne peux deviner, là-haut. Concini avait peur. Il allait céder, je l’ai vu… J’en suis sûr !… Et maintenant !…
    – Ton compagnon, reprit Concini, ira trouver le roi et lui dira ce qu’il voudra. Peu m’importe. Moi, je suis innocent et je saurai le prouver s’il le faut. La preuve en est que je ne te rendrai pas la liberté, comme tu as été assez stupide pour l’espérer, parce qu’il m’a plu de te le laisser croire que tu m’avais effrayé. Tu vas crever ici comme je te l’ai dit, d’une mort lente, épouvantable : la mort lente par la faim et la soif.
    Et il laissa tomber les deux pilules et regarda.
    Jehan ne les vit pas tomber, ces deux boules brunes, qui passèrent invisibles dans la demi-obscurité de son cachot. Il ne les entendit pas exploser, car elles se brisèrent sans bruit. Le coup que lui portait Concini l’écrasait. Après avoir espéré un moment, il se vit irrémissiblement perdu.
    D’ailleurs, il n’eut pas le temps de réfléchir. Il se sentit soudain pris à la gorge par une insupportable odeur. Il étendit machinalement les bras et tomba à la renverse, foudroyé comme une masse.
    q

Chapitre 26
    C oncini vit tomber Jehan. Il se redressa lentement et remit en place le coffre qui masquait le trou. Il ne savait pas encore s’il devait se réjouir ou se désoler de la condamnation qu’il venait de prononcer. Il ne savait pas encore si la perte de son ennemi n’entraînerait pas la sienne.
    Il entraîna Léonora dans un petit cabinet, et la voix dure, le ton menaçant :
    – Pourquoi m’as-tu empêché de le délivrer ? fit-il. Crois-tu donc que c’est une histoire inventée à plaisir qu’il m’a contée là ?
    Léonora était aussi calme que son époux se montrait agité. A cette question, elle répondit d’un air rêveur :
    – Peut-être !… Je connais Jehan mieux que toi. C’est une espèce de fou qui a des idées particulières. Je croirais assez volontiers qu’il a menti…
    – Si j’en étais sûr, grinça Concini.
    – Nécessairement, dit froidement Léonora. Et moi non plus je ne suis pas sûre… Je crois qu’il est incapable de tant de précautions aussi longuement et soigneusement préparées. Je crois qu’il a dit la vérité, quand il a dit qu’il n’avait pas un tempérament de délateur… Ce
bravo,
ce détrousseur de grands chemins, se mêle d’avoir des délicatesses comme n’en ont pas tous les

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