Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
Gringaille, qui n’avaient fait qu’entrer et sortir.
    Sully prit le papier et jeta un coup d’œil dessus. Il eut un geste de désappointement. Saêtta vit ce geste et l’expression qui l’accompagnait.
    – Si vous le désirez, monseigneur, dit-il, je vais vous traduire ce papier écrit en italien. Comme mon nom l’indique, je suis Italien moi-même. Vous pourrez faire vérifier, pour plus de sûreté, ma traduction. Mais je vous réponds qu’elle sera exacte.
    Sans mot dire, Sully lui tendit le papier. Saêtta traduisit à haute voix. Et ce qu’il dit était la répétition exacte de ce que le père Joseph avait traduit du latin, Pardaillan de l’espagnol.
    Sa lecture achevée, Saêtta rendit le papier à Sully, qui dit :
    – C’est on ne peut plus précis. Et il parut réfléchir.
    Nous avons dit qu’il était très intéressé. Ce papier, il n’eût pas hésité à le payer un million, davantage même – il faut savoir faire la part du feu. Saêtta avait dit qu’il le donnait sans rien exiger en échange. Précisément parce qu’il était intéressé, ceci paraissait trop beau à Sully. Il redoutait que l’homme ne se ravisât.
    Cependant, s’il était intéressé, il était aussi loyal. La loyauté l’obligeait à reconnaître que ce Lupini lui rendait un grand service. Il fallait le dire. Il fallait même remercier. Et il craignait que l’autre n’en profitât pour réclamer sa part. Il se résigna toutefois, et :
    – C’est un réel service que vous rendez à l’Etat, monsieur (il disait monsieur cette fois), en donnant ce papier sans demander aucune récompense. Car vous l’avez dit, monsieur. Ce dont je ne saurais trop vous louer.
    Notez maintenant que Saêtta était pauvre et qu’il savait très bien que, s’il le voulait, il pouvait se faire payer le prix qu’il voudrait. Cependant, Saêtta mettait une sorte d’orgueil, qui n’était pas sans grandeur, à ne rien demander. Il devina la crainte inavouée du ministre, et, avec un sourire railleur, il le rassura :
    – Je l’ai dit et je le répète, monseigneur, je ne demande rien.
    – Désintéressement qui vous honore grandement, monsieur, fit Sully rassuré.
    – Maintenant, monseigneur, voici l’avis que je vous ai promis. Ce trésor vous sera âprement disputé. Vous ne le tenez pas encore et il pourrait fort bien vous passer sous le nez, dit Saêtta avec une assurance impressionnante.
    – Oh ! oh ! fit Sully en se redressant, qui donc serait assez osé pour disputer au roi de France son bien… chez lui ?… Est-ce le pape ?… Est-ce Philippe d’Espagne ?… Les temps sont passés où les souverains étrangers pouvaient impunément se mêler des affaires du royaume.
    – Il s’agit de quelqu’un autrement redoutable que le pape ou le roi d’Espagne.
    – Cà, monsieur, vous êtes fou ?… De qui s’agit-il, voyons ? Saêtta s’inclina d’un air narquois et, paisiblement :
    – Il s’agit d’un truand, monseigneur. D’un simple petit truand. Sully sourit dédaigneusement :
    – Ceci regarde M. le chevalier du guet, dit-il. N’en parlons plus !
    – Monseigneur, vous ne me connaissez pas. Sous ce costume, qui ferait envie à plus d’un riche seigneur, je n’ai pas trop mauvaise mine. Je le sais. Cependant, du premier coup d’œil, vous avez reconnu que je ne suis qu’un pauvre diable, sans naissance, et vous m’avez traité en conséquence, et vous vous êtes demandé un moment si vous ne deviez pas me faire bâtonner. J’ai admiré la promptitude et la sûreté de votre coup d’œil. Mais vous m’avez froissé… et je vous l’ai fait sentir à ma manière.
    Saêtta s’était redressé dans une attitude de force et d’audace. Ses yeux étincelants plongeaient dans les yeux du ministre. Le ton de ses paroles, dans sa rudesse même, était empreint d’une dignité sauvage.
    Sully était quelque peu effaré. Mais maintenant cet énigmatique personnage l’intriguait et l’intéressait, malgré qu’il en eût. Il voulut savoir à quoi il tendait, et sans se fâcher il demanda :
    – Où voulez-vous en venir ?
    – A ceci, dit froidement Saêtta : vous prouver que je ne suis pas un imbécile et que je ne me laisse pas intimider facilement.
    Sully le regarda un instant et, malgré lui, il hocha la tête d’un air approbateur.
    – Je vois que vous me rendez justice, reprit Saêtta. Eh bien, monseigneur, moi qui ne suis pas un sot, moi que rien n’effraye, je vous

Weitere Kostenlose Bücher