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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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à Sa Majesté.
    – Pourquoi donc, monsieur ? fit Jehan avec un étonnement sincère.
    – Mais, dit Pardaillan de son air le plus naïf, je suppose que vous n’allez pas rester ici. Résister me paraît difficile. Ils sont une dizaine, au moins.
    Sèchement, sur un ton qui n’admettait pas de réplique, le jeune homme dit :
    – Vous supposez mal !… Fussent-ils mille, je ne bougerais pas davantage. Ils me tueront peut-être – encore n’est-ce pas sûr – mais je n’irai pas me déshonorer en manquant à ma parole.
    – Pardon ! fit Pardaillan très paisible, je pensais que vous aviez des raisons de tenir à la vie. Il paraît que je me suis trompé. N’en parlons plus.
    Jehan le Brave tressaillit et jeta un regard angoissé sur le logis de Bertille. Ce ne fut qu’un éclair. Sa physionomie reprit instantanément cette expression froidement résolue qu’elle avait l’instant d’avant. Et sur le même ton sec, presque agressif :
    – Mais vous-même, monsieur, fit-il, je suppose que vous n’allez pas rester ici !… Vous n’avez rien promis à personne, vous… Vous pouvez vous retirer sans crainte de vous déshonorer.
    A son tour, Pardaillan se fit glacial, et employant les mêmes expressions du jeune homme :
    – Vous supposez mal !… Je me déshonorerais autrement que vous, en me retirant.
    Un instant, Jehan le Brave eut l’intuition que ce singulier personnage ne restait que pour lui prêter main-forte. Son orgueil se révolta. Il fut sur le point de prononcer quelque parole irréparable. Mais un instinct de générosité qui sommeillait au fond de lui-même, sans qu’il s’en doutât, le sentiment vague, inconnu, naissant à peine, de la justice, de la beauté, de la délicatesse, lui firent comprendre que ce serait bien mal reconnaître la générosité de cet inconnu. Enfin, l’orgueil lui souffla qu’en répondant par une impertinence, il se rapetisserait devant cet homme dont il reconnaissait intérieurement la supériorité, et il sut se taire à temps.
    Comme s’il avait compris ce qui se passait en lui, Pardaillan ajouta :
    – D’ailleurs, moi aussi, j’ai promis à quelqu’un que j’estime au-dessus de tous les rois de la chrétienté.
    – A qui donc ? fit Jehan, plus étonné du ton dont elles étaient prononcées que des paroles elles-mêmes.
    – A moi-même, répondit Pardaillan avec une simplicité déconcertante.
    Cependant le capitaine de Praslin et ses gardes approchaient des deux hommes immobiles au bas du perron.
    – Les voici ! grinça La Varenne avec le rictus du fauve qui se délecte à la pensée de happer sa proie.
    D’après ce que lui avait dit La Varenne, Praslin était persuadé qu’il avait affaire à deux coupe-jarrets. Il fut bien un peu surpris de voir qu’ils n’avaient pas tenté de fuir, mais il n’en chercha pas plus long, et de sa voix de commandement, rude et dédaigneuse, il commanda :
    – Saisissez-moi ces deux drôles !
    Comme s’ils n’avaient attendu que cet ordre, les deux hommes, immobiles jusque-là, ensemble, d’un même geste flamboyant, tirèrent deux longues rapières qui jetèrent dans la nuit des éclairs blafards. En même temps, une voix très calme, singulièrement hautaine, lança :
    – Vous n’êtes pas poli, monsieur de Praslin !
    Devant la soudaineté du geste, les gardes s’étaient arrêtés indécis. Leur hésitation fut d’ailleurs très courte. Ils tirèrent aussitôt l’épée du fourreau et ils allaient charger lorsque Praslin, étonné du ton de souveraine hauteur avec lequel cet inconnu venait de parler, étonné d’entendre prononcer son nom, les contint d’un geste, et d’un ton plus courtois :
    – Qui êtes-vous, monsieur, vous qui me connaissez ?
    – Je m’appelle le chevalier de Pardaillan.
    – Monsieur de Pardaillan ! s’exclama Praslin d’une voix étouffée, l’ancien ambassadeur ?
    – Lui-même, monsieur.
    Praslin se tourna vers La Varenne et gronda à voix basse :
    – Etes-vous fou, monsieur de La Varenne ?… Comment, vous me venez chercher au Louvre pour me lancer contre qui ? Contre un des plus fidèles de Sa Majesté. Vous me faites insulter l’homme que le roi estime le plus de toute la gentilhommerie ! Cordieu ! monsieur, je ne vous pardonnerai pas la gaffe que vous venez de me faire commettre… et le roi, je crois, ne vous le pardonnera pas davantage.
    La Varenne frémit. Il avait sans doute entendu son maître parler de ce

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