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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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il jetait un coup d’œil narquois sur le groupe compact qui stationnait devant l’entrée du couvent. Et il partit de ce pas souple et rapide qui lui était particulier.
    Nous avons dit que le chemin passait devant la chapelle Saint-Pierre. Il enjambait ce que l’on appelle aujourd’hui la place du Tertre. Il dégringolait de l’autre côté du versant et allait rejoindre la grande route qui allait à Saint-Denis. Mais, au bas de la butte, le chemin bifurquait à droite et la contournait, pour aboutir à cette fourche, où nous avons dit qu’il y avait une croix.
    Le chemin de gauche, celui par où était descendu Pardaillan, par où montait la troupe que nous avons signalée, ce chemin avons-nous dit, allait jusqu’à la fontaine du But. Il poussait plus loin encore et, tournant à gauche, il conduisait au château de Monceaux et de là à la ville, par le faubourg Saint-Honoré.
    Du haut de la montagne où il se trouvait, Jehan embrassait un horizon d’autant plus étendu que la plaine, qui se déroulait à ses pieds, était piquée seulement, à de grands intervalles, de rares habitations de villageois.
    Devant lui, il vit une troupe de cavaliers qui arrivaient ventre à terre. Il ne douta pas que ces cavaliers ne fussent pas pour lui. Avancer : c’était aller se jeter dans la gueule du loup. Lutter : il n’y fallait pas songer. Ils étaient trop. C’eût été une manière de suicide. Il fit donc demi-tour et reprit le chemin parcouru en se disant :
    – J’irai à la fontaine du But et rentrerai par la porte Saint-Honoré… Si le chemin est libre, toutefois.
    Comme il faisait cette restriction, il jeta les yeux sur la plaine, du côté de Monceaux. Il vit une autre troupe de cavaliers qui, à une allure non moins vive, se dirigeaient vers Montmartre, – Je suis cerné ! se dit-il.
    Il ne perdit pas la tête cependant. Il continua d’avancer, dans l’intention de regagner la place du Gibet. Sur un côté de cette place, il y avait quelques masures. Il y avait là la ferme du basse-courier, des religieuses. Il y avait des carrières abandonnées, des plâtrières. Ce serait bien du diable s’il ne parvenait pas à se faufiler par là. Parvenir jusqu’au chemin, passer de l’autre côté de la haie, et là il trouverait facilement un abri où il pourrait attendre la nuit.
    Mais, pour cela, il fallait arriver à la place, et bien qu’elle ne fût pas grande, la traverser avant qu’elle ne fût occupée. Ce n’étaient pas les cavaliers qui l’inquiétaient. Il avait assez d’avance sur eux pour être sûr d’arriver avant eux. C’étaient les hommes du bas. S’ils étaient encore devant la porte, tout irait bien. Mais si l’idée leur venait de monter jusqu’à la place ?…
    Il avançait, la main sur la garde de l’épée, prêt à dégainer. Il ne courait pas. Mais il allait d’un pas très allongé, souple, nerveux, l’oreille tendue, l’œil au guet. Il avait tout à fait l’allure de ces grands fauves du désert, fuyant devant la battue.
    Il atteignit la place. Il étouffa un rugissement de joie. Elle était encore libre. Il marcha droit au gibet, longeant les masures qu’il avait à sa droite, se disant avec un sourire narquois :
    – Allons, je crois que ce n’est pas encore de ce coup-ci que Concini m’aura !… On n’est pas si bête, aussi !…
    Il approchait du gibet. Il n’avait plus qu’à le dépasser, il serait sur le chemin. Là, il lui faudrait chercher une ouverture dans la haie. Ce ne serait pas long à trouver, que diable ! Une minute, deux minutes, il ne lui en fallait pas plus, et les cavaliers, qui accouraient ventre à terre, arriveraient trop tard. Il serait hors d’atteinte.
    Comme il se faisait ces réflexions, la troupe, au milieu de laquelle Pardaillan et les deux jeunes filles avaient passé, parut sur la place. Ils étaient une vingtaine d’estafiers, commandés par Roquetaille. Ils aperçurent celui qu’ils cherchaient. Avec des clameurs terribles, ils se précipitèrent sur le chemin pour lui barrer le passage. Un d’entre eux courut à l’angle du chemin opposé et se mit à faire des signaux en appelant de toute sa voix. Des rumeurs joyeuses lui répondirent.
    Sur le côté droit, devant et derrière, Jehan entendait un grondement de tonnerre qui faisait trembler le sol. C’étaient les deux cavalcades qui accouraient. Bientôt, elles apparaîtraient sur la place. Sur le côté gauche, derrière, il entendait déjà la

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