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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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course précipitée de ceux qui montaient. Devant, c’étaient les vingt hommes de Roquetaille, alignés. Et devant comme derrière, à droite comme à gauche, c’étaient les mêmes clameurs, des cris :
    – Sus ! sus !… Pille !… arrête !…
    Et des rires énormes, de grasses plaisanteries. Ils étaient si nombreux : l’affaire devenait pour eux une partie de plaisir.
    Jehan avait dégainé. Il jeta autour de lui un coup d’œil désespéré. Rien !… Pas un abri !… pas un jour par où passer !… S’il avait pu faire quelques pas de plus, il eût été sauvé. Il se vit irrémissiblement perdu. Il était livide. La fureur le transportait. Il rugit dans son esprit exaspéré :
    « Quoi ! mourir ainsi !… Alors qu’elle m’attend !… Que toute une vie de bonheur s’ouvrait devant moi !… Est-ce possible ? »
    Il avançait toujours cependant. Il guignait le gibet. En s’accotant à la haute maçonnerie, il éviterait toujours d’être pris par derrière. Une idée lui vint. En deux bonds, il fut sur la porte et la secoua frénétiquement :
    – Malédiction !… Elle est fermée !…
    Il avait espéré entrer là et y tenir le plus longtemps possible. Dans sa situation, gagner du temps, c’était peut-être le salut. Il se retourna, prêt à la lutte, ramassé sur lui-même, hérissé, terrible.
    L’attaque ne se produisit pas. Ils étaient vingt pourtant. Mais Roquetaille avait sans doute des ordres formels. Il les exécutait ponctuellement. Il se contentait de barrer la route. Cependant, il était tellement sûr que toute résistance était impossible, qu’il s’avança seul, et d’une voix goguenarde :
    – Allons, rends-toi, dit-il, tu es pris !
    – L’autre jour, gronda Jehan, tu n’étais qu’assassin ! Il paraît que c’était encore trop honorable pour toi. Aujourd’hui, te voilà sbire et pourvoyeur de bourreau. Ceci te convient mieux.
    – Truand ! vociféra Roquetaille, tu seras roué… écartelé !
    – Couard ! riposta Jehan, ce n’est pas toi qui me prendras ? Tu n’oses approcher !
    A ce moment, Concini, l’officier et leurs hommes débouchaient sur la place et couraient droit au gibet. Cela faisait un demi-cercle d’une soixantaine d’hommes. Sans compter les chefs. Et le galop des chevaux se faisait entendre tout proche maintenant.
    – C’est fini ! se dit Jehan avec une rage froide, je laisserai mes os ici !… Mais ventre de veau, ils ne m’auront pas vivant ! Et je veux en découdre le plus que je pourrai avant de faire le grand saut.
    Cette résolution prise, il chercha comment la mettre à exécution. Il était en possession de tout son sang-froid. Ses yeux tombèrent sur l’escalier, au flanc du gibet. D’un bond, il fut dessus. Un autre bond l’amena sur la plate-forme. Il eut un sourire terrible. Maintenant, il était sûr de ne pas partir seul pour le grand voyage. En effet, le monument était trop élevé pour qu’on pût l’escalader. Il faudrait monter à l’assaut par l’escalier. Or, cet escalier était très étroit. Un homme seulement pourrait l’aborder de front.
    – Jehan se tint en haut de la dernière marche, les talons joints comme à la parade, le torse bombé, la tête haute, la pointe de la rapière sur le bout de la botte. Et il attendit, flamboyant d’audace.
    Pendant ce temps, le cercle se resserrait. Les hommes, placés en éventail, étaient à quelques pas du gibet. Concini, Roquetaille et l’officier, en avant de leurs hommes, au pied du monument. Ces extraordinaires mesures étaient l’œuvre du Florentin, conseillé par le religieux que lui avait dépêché frère Parfait Goulard. En apercevant Jehan, il railla férocement :
    – Le drôle sait ce qui l’attend. Voyez, il s’est placé lui-même sous les fourches patibulaires. Il ne manque que le bourreau.
    – Et, cingla Jehan, tu voudrais bien le remplacer ? Oui, la besogne te conviendrait. Mais le bourreau se croirait déshonoré, s’il t’avait pour confrère.
    Concini grinça des dents et se tourna vers l’officier, comme pour le mettre en demeure d’accomplir son mandat. Celui-ci comprit. Il s’approcha de l’escalier, et d’une voix impérieuse :
    – Au nom du roi, rendez-vous, mon brave !
    – Viens me prendre si tu peux ! railla Jehan.
    – Vous voyez bien que toute résistance est inutile. Allons, votre épée, monsieur ?
    – Dans ton ventre ! claironna Jehan. L’officier haussa les

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