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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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aucune.
    Il était près de six heures du soir lorsque Parfait Goulard sortit à son tour, par la rue des Ecrivains. Pardaillan attendait toujours patiemment dans le cabaret où il s’était posté. Il se mit immédiatement à ses trousses. Mais le moine ne paraissait nullement chercher à se dissimuler. Pardaillan le comprit en voyant qu’il se livrait à des excentricités destinées à signaler son passage. En outre, parvenu rue Saint-Antoine, il s’engouffra dans une taverne et commanda un de ces dîners de gargantua qui devait le retenir une couple d’heures à table, pour le moins, et que lui seul était capable d’absorber.
    Pardaillan se dit qu’à cette heure, il ne gagnerait rien à s’acharner à cette poursuite. De plus, il avait autre chose à faire et cette chose avait à ses yeux une importance considérable.
    En conséquence, il revint sur ses pas et s’en fut au
Grand-Passe-Partout
où, lui aussi, il commanda un fin dîner destiné à lui faire oublier le détestable déjeuner qu’il avait fait rue de la Savonnerie. Son repas achevé, il se renversa sur le dossier de sa chaise et, les yeux au plafond, il se mit à réfléchir. La nuit tombait, l’heure de la fermeture des portes approchait. Il ceignit son épée, s’enroula dans son manteau et partit d’un pas résolu en se disant :
    – Allons passer la nuit près des millions. Je suis curieux de voir ce qui va se produire.
    q

Chapitre 32
    L éonora Galigaï, sous la conduite de Saêtta, était parvenue à sa maison, sans qu’il lui fût arrivé rien de fâcheux. A sa porte, elle congédia Saêtta. Mais l’ancien maître d’armes lui dit, avec cette familiarité qu’elle n’aurait tolérée à aucun autre de ses serviteurs :
    – Signora, je désirerais vous entretenir un instant.
    – Léonora le fixa de son œil de feu et un sourire passa comme une ombre sur ses lèvres.
    – Viens ! dit-elle simplement.
    Quand ils se trouvèrent seuls dans son cabinet, Léonora, assise dans son fauteuil, dit d’un air nonchalant :
    – Te voilà bien inquiet et bien sombre, Saêtta ? C’est ce que j’ai dit à Jehan le Brave qui te met dans cet état ? Tu te demandes si j’ai réellement renoncé à le frapper, n’est-ce pas ?
    – Signora, dit Saêtta sans qu’il fût possible de discerner s’il raillait ou parlait sérieusement, vous avez un coup d’œil infaillible. Impossible de rien vous cacher.
    – Eh bien, reprit Léonora avec un calme sinistre, rassure-toi, Saêtta. Je ne renonce pas… au contraire. Ce que j’en ai dit, c’est que j’ai besoin d’inspirer confiance à ce jeune homme. Demain, Saêtta, il sera en mon pouvoir.
    – 
Per la madonna !
signora, vous m’enlevez un rude poids de sur la poitrine ! s’écria Saêtta, qui respira. Vous ne savez pas quel désespoir affreux s’était abattu sur moi quand j’ai cru que Jehan avait péri dans l’explosion du gibet. C’est à un tel point que j’ai failli me passer mon épée à travers le corps. Et quand je l’ai vu passer de son air insolent et casseur, bien vivant,
per Dio !
j’ai pensé devenir fou de joie. Aussi vous devez juger de ma fureur, et de mon désappointement, quand je vous ai entendue lui dire que vous étiez résolue à le laisser tranquille.
    Léonora se mit à rire doucement. Et Saêtta, qui la connaissait à fond, se sentit frémir d’aise et songea :
    « Bon, la tigresse se réveille. Gare à Jehan le Brave ! »
    – Tu devrais pourtant me connaître, dit Léonora. Comment as-tu pu croire que je renoncerais !… Jusqu’ici je n’avais pas de haine contre ce jeune homme, moi ! J’ai voulu le frapper parce qu’il me gênait… et aussi pour être agréable à Concini qui le haïssait de haine mortelle. Aujourd’hui, c’est une autre chose. Aujourd’hui, la haine est entrée dans mon cœur à moi aussi. Je rêve de lui faire souffrir mille morts, car, sans ce misérable tranche-montagne, tout serait dit maintenant !
    – C’est-à-dire que le roi serait mort et que vous seriez les maîtres, précisa cyniquement Saêtta.
    – Oui ! dit Léonora avec une froideur terrible.
    Saêtta la dévisageait avec une joie féroce. Il comprenait qu’elle disait vrai et qu’elle serait implacable, et que maintenant c’en était fait de Jehan, car elle ne le lâcherait que lorsqu’elle l’aurait brisé.
    – Signora, dit-il, vous savez que je ne vis que pour cette vengeance poursuivie durant de longues années. Vous ne

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