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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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réussirez pas, je vous le dis et vous pouvez me croire. En outre, il serait prudent à vous de retourner dans votre pays. Je vous réponds de ma discrétion… je n’en dirai pas autant de ma patience.
    – Votre conseil me paraît bon, dit froidement Acquaviva, et je le suivrai.
    Et sans ajouter une parole, d’un pas lent mais ferme, il regagna sa mansarde.
    Jehan regarda autour de lui, comme s’il cherchait toujours, pour l’éviter, la boule fantastique. Il vit Pardaillan penché sur lui. Il vit Perrette qui pleurait et les trois braves bien près de faire comme elle. Il les vit et les reconnut et comprit.
    Il ne s’étonna pas, il ne remercia pas, il ne demanda pas d’explication, il fut debout à l’instant même et, d’une voix où perçait une angoisse poignante, il demanda :
    – Quel jour sommes-nous ?
    – Jeudi, mon enfant, répondit doucement Pardaillan.
    Une expression de joie s’étendit sur les traits fins du jeune homme. Et avec la même angoisse :
    – Quelle heure est-il ?
    – Dix heures et demie du matin, environ.
    – Ah ! éclata Jehan, en un cri de joie délirante, je le savais bien !… J’arriverai à temps !… Venez, venez !…
    Et sans plus s’expliquer, sans regarder si on le suivait, à moitié fou, il se rua vers la porte que frère Parfait Goulard ouvrait en ce moment.
    Etonnés et inquiets, Pardaillan, Perrette, Gringaille, Carcagne et Escargasse se précipitèrent derrière lui.
    Jehan courut jusqu’à la rue de la Heaumerie. Le grand air semblait l’avoir calmé un peu. Il s’arrêta, hésitant. Il eut vite pris une décision, et très froid, très résolu, répondant à Pardaillan qui l’interrogeait, il déclara énigmatiquement :
    – Puisqu’il n’est que dix heures et demie, je peux aller d’abord au Louvre !
    Et il partit en courant vers la rue Saint-Denis. En route, en quelques mots brefs, il mit Pardaillan au courant en lui faisant part de la conversation de Léonora Galigaï avec Concini, qu’il avait entendue lorsqu’il haletait sur le parquet chauffé à blanc.
    – Ruilly ! s’écria Pardaillan, je comprends maintenant ce que voulait dire le moine. Et il ajouta : il nous faut des chevaux. Passons au
Grand-Passe-Partout.
    – J’y pensais, monsieur, dit Jehan, prouvant ainsi que, malgré l’incohérence apparente de ses gestes, il avait toute sa lucidité.
    A l’hôtellerie, pendant que Jehan sellait et bridait lui-même son cheval, Pardaillan confiait Perrette aux bons soins de dame Nicole, en lui recommandant de veiller sur elle comme sur sa propre fille. Ensuite il disait quelques mots à Gringaille et les trois braves partaient comme des flèches.
    A leur tour, Pardaillan et son fils s’élancèrent ventre à terre et, en quelques minutes d’un galop enragé, ils atteignaient le Louvre et prononçaient le mot qui devait leur permettre d’arriver séance tenante auprès du roi.
    L’ancien manoir royal de Ruilly était une construction isolée qui n’avait rien de seigneurial. On eût dit plutôt une ferme.
    Il se composait de deux corps de logis séparés par une courette. Derrière ces bâtiments, au milieu des jardins, se dressait une tour ronde, seul vestige des anciennes fortifications du manoir. Le tout était ceinturé de murs épais et très hauts.
    Les deux corps de logis étaient dans l’enceinte. Le principal à droite, l’autre à gauche et un peu plus en arrière. En façade, du côté de la route, le mur de clôture était coupé à l’angle droit. Cela formait un petit cul-de-sac, au fond duquel l’entrée se trouvait, à droite.
    Dans ce cul-de-sac, une troupe nombreuse eût pu se dissimuler sans qu’on l’aperçût de la route.
    Bertille avait été enfermée dans la tour. Visiblement, on avait aménagé là, à la hâte, une chambre à coucher assez confortable. La pièce n’avait pas d’autre issue que la porte lourde, massive. Elle était faiblement éclairée par une étroite meurtrière.
    Ce jeudi matin, à peu près vers le même moment que Pardaillan se dirigeait vers la prison, la porte du cachot de Bertille s’ouvrit. Une femme entra. C’était Léonora Galigaï.
    Elle s’arrêta devant la jeune fille et, sans prononcer une parole, la contempla longuement. Et à mesure qu’elle la regardait, ses traits prenaient une expression si froide, si implacable que, si vaillante qu’elle fût, Bertille sentit un froid glacial la pénétrer jusqu’aux moelles. Elle venait de lire sa

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