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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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les obligés.
    Jehan était profondément touché par cet accueil qu’il n’espérait pas aussi chaleureux. Les manières si simples et si avenantes de ce grand seigneur l’avaient mis tout de suite à son aise. Il n’éprouvait nulle gêne, nulle timidité. Dans ce milieu aristocratique, il lui semblait être chez lui ; devant ces grands personnages, il lui semblait être en présence de ses égaux. Il évoluait et parlait avec une aisance, un tact que Pardaillan, qui l’observait du coin de l’œil, constatait avec un sourire de satisfaction et en pensant à des choses que lui seul savait.
    La duchesse, de son côté, s’était avancée à la rencontre de Bertille et, comme la jeune fille s’inclinait gracieusement en prononçant des paroles de gratitude, elle l’avait vivement relevée et, l’attirant à elle, l’avait embrassée avec effusion et l’avait entraînée dans la chambre qu’elle lui destinait, laissant ouverte la porte qui donnait sur le salon.
    Par cette porte ouverte, Jehan, qui, sans en avoir l’air, suivait des yeux tous les mouvements des deux jeunes femmes qui, déjà, babillaient familièrement comme deux amies, aperçut une collation délicate préparée sur une petite table.
    Ici se produisit un double incident que nous devons signaler dans tous ses détails.
    La duchesse avait insisté pour que la jeune fille prît un peu de nourriture avant de se coucher. Bertille, qui se sentait invinciblement attirée vers cette gracieuse jeune femme, avait, de crainte de la froisser, consenti à accepter un verre de lait. La duchesse, joyeuse comme une enfant, s’était empressée de remplir la coupe de cristal de ses blanches mains et la lui avait présentée elle-même en disant avec son sourire enfantin :
    – Je veux, aujourd’hui, être votre femme de chambre. C’est moi qui vous déshabillerai et vous borderai dans le grand lit tout blanc qui vous attend.
    Et comme Bertille, confuse et rougissante, esquissait un geste de protestation :
    – Si, si, insista la duchesse avec une gravité soudaine. C’est le moins que je puisse faire pour celui qui vous a amenée ici… Et puis pour vous aussi. Je pourrais être votre mère… Je me figurerai que vous êtes l’enfant qu’il a plu au ciel de nous refuser.
    Bertille, suffoquée d’émotion, prit la main douce et parfumée de cette jeune femme qui se disait elle-même d’âge à être sa mère, et la porta respectueusement à ses lèvres en murmurant :
    – Comment m’acquitter jamais ?… Comment vous remercier ?…
    – Mais c’est moi qui vous dois des remerciements, ma belle enfant, s’écria vivement la duchesse avec une émotion intense. Vous ne savez pas que vous nous avez apporté une des plus grandes joies de notre existence ! Vous ne savez pas que cette joie que nous vous devons, notre grand ami nous l’a fait attendre vingt ans !
    Bertille leva sur elle l’interrogation muette de ses yeux clairs.
    – Ah ! je vous expliquerai… plus tard vous saurez. Pour le moment, si vous croyez me devoir quelque chose, prouvez-le-moi, en m’aimant… comme je vous aime déjà.
    Jehan n’avait pas perdu un mot de ces paroles. Il avait, de plus, remarqué que l’affection, évidemment profonde, que le duc et la duchesse portaient au chevalier Pardaillan, se nuançait d’une déférence manifeste. Ceci devait d’autant plus le frapper que M. d’Andilly était, à n’en pas douter, un grand seigneur, de haute naissance, riche assurément, à n’en juger que par cet hôtel somptueux et le nombreux personnel domestique qui assurait le service.
    Tandis que Pardaillan, avec son titre modeste de chevalier, avec son habit quelque peu fatigué, Pardaillan logeait à l’auberge, n’avait pas de laquais, pas d’équipages, et à coup sûr pas de fortune.
    De ce qu’il observait et entendait, il résultait que l’espèce de vénération qu’il commençait d’éprouver pour ce personnage, encore énigmatique pour lui, ne faisait que s’accentuer. Et comme, suivant les idées de son temps, il n’était pas possible que ces marques de déférence, de respect, d’admiration qui auréolaient toute la personne de Pardaillan s’adressassent à un pauvre aventurier, comme il en était un lui-même, il en revenait à sa première idée, à savoir que le chevalier était pour le moins un prince déguisé.
    Or comme, lui aussi, il adressait quelques paroles de gratitude à son hôte, il arriva que celui-ci, avec non

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