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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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saurais où retrouver ma locataire.
    Elle se mit en quête de planches et boucha la fenêtre tant bien que mal. Tout en s’activant, son esprit travaillait.
    – C’est sûrement un étranger – elle pensait à Concini. Un Italien, peut-être, ou un Espagnol. A moins que ce ne soit un Allemand ? Non, j’ai entendu parler des Suisses. Ils n’ont pas cet accent-là. Là ! vaille que vaille, cela tiendra bien jusqu’au jour.
    Elle entra dans sa chambre, poussa soigneusement la porte, par habitude sans doute, car, avec ses vitres brisées, il était on ne peut plus facile d’entrer. Elle vit les pièces d’or que Concini avait laissé tomber sur le parquet. Ses petits yeux eurent une lueur fauve. Elle joignit les mains, comme lorsqu’elle s’approchait de la sainte table, et d’un air extasié :
    – Que c’est joli !… Comme cela brille !… Et cela réchauffe !… On dirait des petits morceaux de soleil !
    Brusquement, elle s’affala sur le parquet, saisit les pièces à poignées et les fit tinter dans sa main.
    – Et quelle douce musique !… Les anges du paradis doivent avoir des voix pareilles !… Cent… cinq cents… mille livres !… Et il y en a encore !… Doux Jésus ! deux mille livres !…
    Elle courut à son lit, versa les pièces en cascade sur le drap et vida la bourse qu’elle avait si prestement arrachée à Concini. Elle contempla le tas d’or d’un air dévot, gagnée par un inexprimable attendrissement. Et tout à coup :
    – Il doit y en avoir encore qui ont roulé par là, sous les meubles !
    Elle revint s’étaler sur le plancher, fouillant, cherchant, bouleversant tout, avec de petits cris de joie lorsqu’elle trouvait une pièce. Et toujours elle pensait à Bertille :
    – Le roi voudra savoir ce qu’elle est devenue. Je vais revoir le seigneur de La Varenne… lui dire où elle est… ou tout au moins le nom du ravisseur… C’est peut-être encore dix mille livres qu’il me donnera pour ce renseignement !…, Oui, mais, comment savoir ?… Si ce bon jeune homme Carcagne revenait me voir… il sait lui… Je me chargerais bien de le faire parler… Sainte Brigitte, ma patronne, faites qu’il revienne et je vous promets un cierge !…
    C’est à ce moment que Jehan avait fondu sur elle. Nous l’avons entendu conter lui-même ce qui s’était passé. Nous n’y reviendrons pas.
    Après le départ de Jehan, la mégère resta un moment accroupie, tremblant de tous ses membres, frottant machinalement sa gorge un peu trop violemment comprimée par la rude poigne du jeune homme. Quand le calme lui fut un peu revenu, elle se redressa péniblement et, pour la deuxième fois, elle boucha de son mieux l’inquiétante brèche et, la peur primant l’avarice, elle décida :
    – Demain, je ferai sceller des barreaux en vrai fer et ferai mettre un double volet bien solide.
    Ne se sentant pas en sûreté, elle ramassa précipitamment le tas d’or et alla le cacher au fond d’un bahut. Ceci fait, elle se mit encore à songer.
    – Savoir qui a enlevé Bertille, c’est bien… Savoir qui elle est, d’où elle vient, ce qu’elle veut, pénétrer le mystère de sa naissance qu’elle cache avec tant de soin… qui sait ce que cela pourrait rapporter ?… C’est facile… Je sais où elle cache la cassette qui contient ses papiers… et sa fortune… peut-être !… Ouf, mais fouiller dans les papiers de cette jeune fille, n’est-ce pas un péché ? Elle médita sur ce cas de conscience et se rassura en se disant :
    – Ce n’est pas la curiosité qui me pousse. C’est le désir de servir le roi en le renseignant… moyennant une honnête récompense. Or, mon confesseur, le père Parfait Goulard, quand je lui demandai si je pouvais, sans pécher, écouter les propositions du sire de La Varenne, me l’a dit en propres termes : « Le roi est le représentant de Dieu sur la terre. Servir le roi, c’est donc servir Dieu. De plus, ce n’est pas l’action elle-même, mais l’intention qui compte aux yeux du souverain juge. » Donc, je ne commets aucun péché.
    Ayant mis sa conscience en repos, elle monta au premier. Elle prit le flambeau qui était resté allumé, un trousseau de clés qui se trouvait à côté et pénétra dans ce petit cabinet oratoire où Bertille avait reçu Henri IV. Elle s’en fut droit à un petit meuble d’ébène.
    D’une main que l’impatience rendait maladroite, elle ouvrit et saisit une cassette qu’elle

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