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Le Gerfaut

Le Gerfaut

Titel: Le Gerfaut Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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qui, de nouveau, regarda son ami et ne le reconnut pas. Le visage éternellement réjoui du coureur des bois était devenu aussi grave aussi dur que la pierre.
    — Tu ne penses pas ce que tu dis ?
    Le long nez de Tim toucha presque celui de Gilles tandis qu’il le regardait au fond des yeux.
    — Je ne pense qu’à ça. Il faut voir la vérité en face, mon vieux. Ces filles nous retardent. Sans elles, nous ne nous serions pas fourrés dans ce guêpier et chaque minute de retard peut être grosse de conséquence. Qui te dit qu’à cette minute même Arnold n’est pas en train de livrer West Point aux Anglais ? Nous sommes des soldats avant tout et nous sommes en mission : notre devoir est de filer d’ici le plus vite possible femmes ou pas femmes ! Et n’essaie pas de me dire de partir seul. Si nous avons une bande de Cow-Boys devant nous, nous ne serons pas trop de deux car il faudra que l’un de nous, au moins, passe coûte que coûte ! Alors, fais-moi le plaisir de laisser de côté la chevalerie et les grands mots.
    — Mais que vont-elles devenir ?
    — Dieu y pourvoira, comme dirait Van Baren ! Et puis, même si ce type n’est pas ce qu’il prétend être, il ne va tout de même pas les couper en morceaux. Le pire qui puisse leur arriver est d’être invitées à servir de domestiques à Mariekje… Maintenant essayons de trouver un trou.
    Il se redressa pour bien montrer que l’entretien était terminé et se mit à tourner en rond, comme Gilles venait de le faire mais le nez à dix centimètres du sol, comme un chien cherchant une piste.
    — Tu perds ton temps, grogna Gilles. On ne passerait pas une aiguille entre ces planches. Cette grange est bien construite…
    D’un geste rageur, il chassa une goutte d’eau qui venait de lui tomber sur le nez.
    — … Elle est bien construite mais mal couverte, il pleut dedans…
    En même temps, il levait la tête vers le toit fait de grosses planches, en suivit la pente des yeux…
    — Tim ! souffla-t-il. Il y a peut-être un moyen… Regarde. Le tas de fougère monte jusque là-haut. On pourrait peut-être grimper dessus, essayer de déplacer une planche. Si le vent a réussi à en faire glisser une, il n’y a aucune raison pour…
    Il ne poursuivit pas sa démonstration. L’œil soudain brillant, Tim évaluait la hauteur de la grange puis, sans autre explication, se ruait sur le tas de fougère.
    — Allons-y ! fit-il.
    Escalader les gros paquets qui glissaient facilement ne fut pas une petite affaire. Les deux garçons durent refréner leur ardeur pour monter plus doucement. Puis arrivés au plus haut, parvenir à déplacer certains paquets pour augmenter leur approche sans s’écrouler jusqu’au sol au milieu d’une avalanche.
    Aidé par Tim qui, arc-bouté, étayait de son mieux trois balles de fougère sur lesquelles il était juché en équilibre instable, Gilles atteignit le toit, essaya de pousser l’une des planches et constata avec joie que, si elle était lourde, elle se soulevait tout de même un peu. Quelques clous avaient dû céder.
    — J’ai peur de ne pas y arriver tout seul, souffla-t-il. Il faudrait que nous puissions être tous deux au même niveau et pousser ensemble.
    — On va essayer. Redescends…
    On augmenta le tas du sommet, on le consolida autant que possible et, finalement, les deux amis se retrouvèrent debout sous le toit dont Tim, de la main, éprouvait la solidité.
    — À nous deux, ça devrait marcher, fit-il avec satisfaction. Poussons !
    — Attends un peu.
    Vivement, Gilles se dépouilla de l’espèce de lévite noire qu’il devait à la générosité de Jakob et la jeta sur la lanterne. L’obscurité enveloppa toute la grange.
    — Pas fou, non ? marmotta Tim.
    — Pas du tout ! Qu’est-ce que tu crois qui se passera si Van Baren met le nez à la fenêtre et voit de la lumière sortir du toit de sa grange ? On n’a pas besoin d’y voir clair pour ce qu’on fait.
    Sous l’effort conjugué des deux garçons, la planche se souleva d’un côté. Elle tenait encore par un bout. Ils poussèrent plus fort encore, sans souci de la pluie qui les atteignait maintenant et se mêlait à leur sueur. Finalement, la planche sauta. Ils l’entendirent glisser puis tomber à terre avec un bruit mou. Ils se retrouvaient sous la pluie mais à l’air libre.
    Un instant plus tard, ils étaient sur le toit et, avec précautions, commençaient à descendre la longue pente que l’humidité

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