Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Gerfaut

Le Gerfaut

Titel: Le Gerfaut Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
Vom Netzwerk:
les tribus sénécas à l’arrière-plan des préoccupations du généralissime. Gilles lui avait bien rendu compte rapidement de ce qui s’était passé sur les bords de la Susquehannah mais il avait été écouté avec une certaine distraction. C’est ainsi que, relatant comment Tim et lui-même avaient repris Sitapanoki aux hommes de Cornplanter, il avait été interrompu par une porte qui s’ouvrait.
    — Excellent ! Excellent ! murmura Washington sans avoir l’air d’y penser et, tout de suite, il s’était tourné vers le colonel Hamilton qui entrait. Gilles, vexé, n’avait pas insisté…
    — Vous faites erreur, mon Général, riposta-t-il sèchement. Je n’ai pas séduit ces femmes et si vous aviez daigné m’écouter jusqu’au bout, l’autre jour, vous sauriez exactement qui elles sont. Cette jeune fille se nomme Gunilla Söderstrom. Elle était depuis plusieurs années captive des Sénécas. Elle nous a aidé à fuir et désire rejoindre la seule famille qui lui reste : une tante à New York. Quant à celle-ci, c’est une noble dame, la propre épouse de Sagoyewatha dont nous avons empêché l’enlèvement par les Iroquois. Souvenez-vous que vous nous aviez chargés d’avertir le chef Sénéca des menées traîtresses de Cornplanter la concernant…
    Washington changea de couleur. Son poing s’abattit sur sa table de travail, faisant sauter les papiers.
    — Et vous l’avez incitée à vous suivre ? Êtes-vous complètement idiot ? Ne savez-vous pas que Sagoyewatha n’aura rien de plus pressé que nous accuser du rapt et que Cornplanter sera trop heureux de renchérir ? Au lieu de diviser les nations iroquoises, vous les aurez unies plus fermement que jamais.
    — Il n’y avait rien d’autre à faire, mon Général ! Cette femme, rentrée au village indien, n’y aurait eu aucune sécurité tant que son époux en était absent. Hiakin, le medecine-man, était d’accord avec les ravisseurs, on aurait recommencé le coup deux jours plus tard…
    — Et qu’est-ce que cela pouvait bien nous faire ? N’était-ce pas la preuve formelle que mon avertissement était valable ? Les deux chefs se seraient battus à mort…
    Les yeux dorés de l’Indienne allaient de l’un à l’autre des deux hommes avec une indignation grandissante. Au dernier mot elle se dressa…
    — Voilà donc ce que cachent les paroles amicales des hommes à la peau blanche ? lança-t-elle avec mépris. Le désir sournois de voir les tribus indiennes se déchirer entre elles afin d’assurer plus solidement leur puissance. Mon époux parle sagement quand il dit que l’homme rouge ne connaissait pas le malheur jusqu’à ce que l’homme blanc vienne à lui. Et moi, j’ai cru les discours de celui-ci, ton messager, quand il m’a pressée de venir me mettre sous ta protection ! J’espérais être reçue avec honneur, comme il convient à l’épouse d’un grand chef et je n’entends ici que des insultes. Tu oses regretter que l’on n’ait pu me traîner jusqu’à la couche de Cornplanter comme une esclave captive ? Et tu oses le proclamer devant moi ?
    Sa voix basse, un peu rauque, vibrait d’indignation et de douleur. Sans un mot, Washington se détourna, alla jusqu’à la fenêtre dont il repoussa légèrement les volets clos. Un rayon de soleil fila dans l’entrebâillement, enveloppa de lumière chaude la jeune femme qui ne cilla même pas. Pendant quelques secondes le Général la contempla sans rien dire.
    Malgré sa fatigue évidente, ses vêtements misérables et la saleté qui la recouvrait, la beauté de l’Indienne irradiait la pièce grise. Gilles, le cœur serré, repris par la fascination qu’elle exerçait sur lui, la dévorait des yeux, l’esprit déjà en déroute et prêt à toutes les folies.
    Le silence qui suivit la tirade de Sitapanoki ne dura qu’un instant. Déjà, avec toute l’élégance d’un parfait gentilhomme, Washington s’inclinait légèrement devant la jeune femme.
    — Pardonne-moi ! dit-il doucement. Mes paroles ont dépassé ma pensée et ma colère venait de ce que j’étais affligé à la pensée de perdre à jamais une amitié que je souhaitais conquérir, celle de Sagoyewatha, que l’on dit sage entre les sages. Tu seras traitée selon ton rang tant que tu resteras dans mon camp, ce qui ne durera guère. Dès que j’aurai appris le retour de ton époux auprès de ses feux de campement, je te ferai ramener à lui sous bonne escorte et

Weitere Kostenlose Bücher