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Le Gerfaut

Le Gerfaut

Titel: Le Gerfaut Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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avec une lettre de moi qui lui expliquera la vérité. Dès maintenant, je te prie de te considérer comme mon hôte ainsi que cette jeune fille. Tant que durera le siège, il ne lui sera pas possible de gagner New York. Dans un moment, je vous ferai conduire dans une maison où l’on prendra soin de vous.
    Courtoisement, il conduisit les deux femmes dans la pièce voisine et revint vers Gilles qui, ne voyant plus très bien quelle pouvait être encore son utilité, s’apprêtait à sortir.
    — Je n’en ai pas encore fini avec vous ! fit-il avec brusquerie.
    Parmi les papiers et les cartes qui encombraient sa table, il choisit une lettre dont les yeux perçants du Breton reconnurent instantanément le cachet : elle venait de New-Port. Et, en effet :
    — … Monsieur le comte de Rochambeau me fait tenir des nouvelles qui vous intéressent, dit Washington. Il a été heureux d’apprendre le rôle important que vous avez joué dans la découverte des menées du traître Arnold et il consent très volontiers à ce que vous serviez dorénavant sous mes ordres. Il se dit très heureux qu’un soldat du régiment Royal-Deux-Ponts se transforme en officier américain. Il est persuadé que vous vous montrerez digne de votre promotion. Au surplus, voici, de sa main, une lettre qui vous est destinée. Vous pouvez, dès maintenant, en prendre connaissance… et disposer !
    Gilles prit la lettre, la glissa dans son ceinturon mais ne bougea pas.
    — Puis-je dire encore quelque chose, mon Général ?
    — Dites ! Mais soyez bref !
    — Je voudrais obtenir une faveur : celle de… faire partie de l’escorte qui ramènera l’épouse de Sagoyewatha à ses campements.
    — Curieuse demande ! La raison, je vous prie ?
    — Elle est simple : c’est moi qui l’ai emmenée et c’est en conséquence moi qui suis accusé de l’avoir enlevée. Il me paraît donc normal que ce soit moi qui la ramène. Ne fût-ce que pour rendre raison à Sagoyewatha s’il estime en avoir à demander.
    Un instant, le gentilhomme de Virginie considéra sans rien dire le garçon raidi dans un garde-à-vous impeccable. Les mains nouées derrière son dos, il en fit même lentement le tour avant de revenir planter dans les siens ses yeux graves.
    — Hum !… Je saisis ! Sens de l’honneur à fleur de peau, n’est-ce pas ?… Bien français !… Mais… pouvez-vous me jurer, sur ce même honneur, que ce grand désir de vous disculper devant le chef Sénéca est l’unique raison de votre demande ?
    — N… on, mon Général !
    — C’est bien ce que je pensais. Cessez de contempler les volets et regardez-moi, s’il vous plaît. Maintenant écoutez-moi bien : vous n’escorterez pas la princesse indienne parce que je n’ai pas envie de perdre un homme de votre valeur. Avant quinze jours certainement cette femme aura quitté Tappan sous la garde d’hommes dont je pourrai être certain qu’ils seront insensibles à son charme : un pasteur et de vieux routiers de la guerre indienne. Vous êtes beaucoup trop jeune pour ce rôle… et elle est beaucoup trop belle.
    La décision de Washington était dictée par la sagesse. Pourtant, quand il fut dehors, Gilles y retrouva aggravé, le malaise qui l’avait saisi en face de la potence. Cela ne lui avait fait aucun bien de revoir Sitapanoki. Il s’était cru délivré de la fascination qu’elle avait exercée sur lui mais il s’était retrouvé devant elle aussi faible qu’un enfant. Un seul regard des grands yeux d’or avait rallumé l’incendie de son sang et maintenant il n’avait plus qu’une idée : la revoir…
    Ce fut presque distraitement qu’il lut la lettre de Rochambeau. Elle était pourtant intéressante car elle constituait pour lui-même et pour Tim une manière de réhabilitation. Le chef du corps expéditionnaire français y faisait savoir à son ancien secrétaire qu’il était lavé de l’accusation d’assassinat.
     
    Le soldat du régiment des Hussards de Lauzun connu sous le nom de Samson la Rogne a été capturé au moment où, avec la complicité de trois camarades, il tentait d’intercepter le chargement d’or peu après son départ de New-Port. Deux des malandrins ont été tués. Malheureusement ceux qui sont restés entre nos mains ont réussi à s’enfuir. Samson était l’un d’eux et nous n’avons pu le retrouver. Sachez donc que vous avez retrouvé l’estime de vos camarades, avec l’approbation de Monsieur le duc de Lauzun

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