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Le Gerfaut

Le Gerfaut

Titel: Le Gerfaut Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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plume ?…
    Le chevalier de Ternay eut un petit rire sec qui traduisait bien son agacement.
    — Monsieur de Lauzun s’entend à merveille en fortifications mais pas en littérature et, en outre, il a un peu trop tendance à se prendre pour le maître de toutes choses. Venez ici, mon garçon, et préparez-vous à écrire. Nous avons besoin de vous.
    La sèche mise au point de l’Amiral ne plut pas au jeune duc. Il serra les lèvres, demanda d’un ton glacé l’autorisation de se retirer puis, après un salut fort raide, quitta la pièce suivi des yeux par Rochambeau.
    — C’est un soldat dans l’âme, remarqua celui-ci. Dommage qu’il n’entende rien à la discipline, ne sache pas pratiquer l’art de se taire et se croie encore au Moyen Âge !
    — Il est à la fois Biron et Lauzun, cela dit tout ! riposta le chevalier en haussant les épaules. On a la révolte dans le sang chez ces gens-là 4 . La révolte et la maladresse… car, avouez qu’en vous offrant une occasion de le rembarrer il vous a rendu service. Vous n’étiez pas trop satisfait de le voir assister à ce premier… et si important entretien ?
    Rochambeau se mit à rire.
    — Si j’en crois l’aide gracieuse que vous m’avez apportée vous non plus, mon cher ? Avouez que vous ne l’aimez guère.
    — M. de Lauzun me hait, me méprise et me prend pour un pleutre, tout en ignorant tout des raisons profondes qui me font agir. Je n’ai guère de raison de l’aimer ! Mais revenons à vous, monsieur de La Fayette. Vous ne devez pas comprendre grand-chose à nos… histoires de famille !
    Pour la première fois, l’envoyé de Washington qui avait suivi la scène avec une surprise, nuancée d’ailleurs d’une certaine satisfaction car il n’aimait pas plus Lauzun que les deux autres, consentit à sourire.
    — Les quelques fois où j’eus l’honneur d’être admis au cercle de Sa Majesté la Reine m’ont appris bien des choses, fit-il sans réussir à se défendre d’une ombre de mélancolie. Notamment que M. de Lauzun prend volontiers un ton de maître quels que puissent être le lieu ou les personnes présentes. Me direz-vous maintenant, Messieurs, ce que vous voulez que je rapporte au général Washington. Êtes-vous disposés à marcher sur New York ?
    — Non, mille fois non ! Pas maintenant et pas tant que je n’en aurai pas reçu l’ordre formel du Général. Morbleu, Monsieur, je ne vous cache pas que je suis déçu. J’attendais Washington en personne et c’est vous qu’il envoie, sans même un mot d’écrit et sans la moindre escorte.
    — Il marche sur New York avec ses troupes. Il n’est pas en train de faire des visites.
    Le calme de Rochambeau parut sur le point de voler en éclats. Son poing s’abattit sur la table derrière laquelle Gilles, occupé à tailler des plumes pour se donner une contenance, ne perdait pas un mot de la scène.
    — C’est à croire, Marquis, que nous ne parlons pas la même langue. Il est vrai que vous êtes maintenant beaucoup plus américain que français. Je suis venu ici avec tout ce dont votre Général avait besoin, je dis bien tout ! On m’a enjoint de venir prendre position dans cette île. J’étais en droit de penser que l’on viendrait m’y attendre. Or, non seulement j’ai trouvé partout visage de bois mais encore j’ai attendu quinze jours sans voir arriver personne. Vous arrivez, vous, mais vous êtes seul et, permettez-moi de le dire, vous me semblez bien ne représenter que vous-même. M’apportez-vous des ordres, oui ou non ?
    — Je suis major général de l’armée des États-Unis, glapit La Fayette dont la voix monta de deux tons. Le général Washington me fait toute confiance et je le représente…
    — Alors, montrez-moi des ordres en bonne et due forme ! En avez-vous ?…
    — N…on ! Mais…
    — Pas de « mais » quand il s’agit de guerre, monsieur. Non seulement je ne bougerai pas d’ici, à moins d’un ordre formel car je considère que l’on m’a confié cette région mais encore je désire que Washington m’envoie, au plus tôt, une troupe suffisante d’hommes dont il soit absolument sûr !
    Cette fois La Fayette faillit s’étrangler.
    — Des hommes ? Avez-vous à ce point peur de ne pouvoir tenir New-Port ? Ah çà, mon général, est-ce vous qui êtes censé venir au secours des Insurgents ou bien le contraire ?
    Le poing de Rochambeau s’abattit une seconde fois.
    — Monsieur de La Fayette,

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