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Le Gué du diable

Le Gué du diable

Titel: Le Gué du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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à Aix afin de te faire comparaître devant le tribunal de l’empereur pour conspiration ? Nous t’avons maintenu à la tête de ce comté ; pour autant, ta loyauté demeure suspecte à nos yeux. Voilà une des raisons pour lesquelles le témoin Bigaud restera en vie aussi longtemps que le diable ne s’emparera pas de son âme. Ainsi le veut la sûreté de l’empire. Nous l’emmenons, lui, bien ficelé, et vivant, à Aix, où il sera… en sûreté. Cela dit, si, toi-même, tu y tiens vraiment, nous pouvons t’y conduire aussi !
    Le comte Ermenold, l’air rogue, ne répondit rien.
     
    Adelinde, que les missionnaires du souverain avaient fait convoquer, arriva à la résidence de la mission au début de l’après-midi. Cette femme que Childebrand avait vue si assurée, quand il l’avait rencontrée à Escamps, se présenta à eux avec une démarche hésitante, un visage marqué, accusant son âge.
    — Je vous sais gré, dit-elle, d’avoir mené l’enquête et dirigé le procès dans le souci de sauvegarder l’honneur des Nibelung, faisant en sorte que mon nom ne soit pas prononcé, tout en servant la vérité.
    — Tu nous remercies à bon droit, répondit Erwin, pour notre discrétion et notre sagesse, mais je doute que nous méritions des compliments excessifs pour notre recherche de la vérité. L’assistance, certes, a paru pleinement satisfaite des lumières apportées par les délibérations. Les services impériaux auxquels nous devons faire rapport s’en contenteront-ils, eux ? C’est douteux ! Comment pourrait-on perdre de vue que la sentence concernant Robert n’a pas encore été arrêtée ? Certes sa culpabilité est établie. Mais qu’en est-il de ses mobiles ? Les juges du tribunal impérial et l’archichapelain, qu’ils ne manqueront pas de consulter, ont besoin pour déterminer la condamnation d’autre chose que d’approximations. Selon que Robert aura été ou non reconnu comme ayant subi l’emprise du démon, son sort sera très différent. Les procédés de l’exorcisme ne sont pas tendres et celui qui leur sera soumis éventuellement est quand même le fils d’Alard, noble parmi les nobles !
    — Mon Dieu, murmura Adelinde en mettant ses mains sur son visage.
    — Or, au procès, beaucoup ont affirmé, et souvent avec insistance, que Robert n’avait pu agir comme il l’avait fait qu’en n’étant plus lui-même, mais dominé par des forces infernales. Le crois-tu ? demanda le Saxon.
    — Ses forfaits, hélas ! furent si épouvantables !… répondit-elle.
    — D’autres, il est vrai, ont fait état, mais sans oser s’appesantir, sur la situation qui était la sienne chez les Gérold, et qui ne pouvait engendrer que vexations et frustrations. Pour Isembard, il n’était après tout qu’un bâtard, et cela, plus d’une fois, a dû lui mordre le cœur. On ne manquait aucune occasion de le lui faire sentir. Rudement, j’en ai été le témoin.
    — Cela suffit-il, cependant, à expliquer les raisons de sa fureur ? enchaîna Childebrand. Pendant des années, malgré les rebuffades, et bien qu’il fût ombrageux, il n’a jamais montré de dispositions criminelles. Pourquoi sa bâtardise, qu’il avait tant bien que mal supportée jusqu’à sa quarante-sixième année, l’aurait-elle poussé subitement à commettre des forfaits effroyables ?
    — Nos investigations, reprit Erwin, nous ont permis de déterminer à quel moment Robert a sombré dans une folie qui l’a conduit au pire. Elle date exactement du jour où il a reçu la visite de Constance qui fut jadis sa nourrice, la seule présence maternelle qu’il ait jamais connue. Cette femme, âgée de plus de soixante-dix ans, et qui, sans doute, se sentait partir – elle nous a, hélas ! quittés depuis – est venue depuis Senlis pour une dernière visite. Elle était si faible qu’elle a fait le trajet en voiture, à petites étapes. Il fallait qu’elle eût vraiment quelque chose d’essentiel à lui confier pour qu’elle prît le chemin dans de telles conditions, au risque de mourir en route, loin de chez elle. As-tu été tenue au courant de cette visite, Adelinde ?
    Semblant perdue dans ses pensées, elle fit de la tête un signe d’approbation.
    — Qu’était-elle venue lui dire, lui révéler peut-être ? demanda le Saxon. Tu n’as pu l’ignorer, n’est-ce pas. Tu en as été informée rapidement… et tumultueusement, je crois !
    — Allons, noble cousine,

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