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Le Huitième Péché

Titel: Le Huitième Péché Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philipp Vandenberg
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dangereux. Ce furent finalement les mêmes, c’est-à-dire ceux qui avaient prêté main-forte à Gueule-brûlée lors de l’enlèvement du cardinal, qui firent passer de vie à trépas l’homme défiguré. Ce n’était pas dans mes intentions, se répétait Soffici. Je leur avais juste donné pour mission de lui prendre le sachet de cellophane contenant le petit morceau d’étoffe. Jamais il n’a été question d’assassinat. Que Dieu ait pitié de mon âme !
    C’étaient là les pensées qui traversaient l’esprit du monsignor Giancarlo Soffici tandis qu’il roulait au volant de sa Mercedes. Il prêtait à peine attention au paysage idyllique de la vallée du Rhin entre Eltville et Assmannshausen, qui n’est jamais plus beau qu’en automne lorsque les vignobles se parent d’or et de rouge. Les collines et les montagnes sur la rive droite du fleuve exhalaient une brume légère dans le soleil du matin. L’odeur quelque peu fétide de l’eau passait par la fenêtre à moitié ouverte. Après les pluies des derniers jours, le Rhin avait pris une couleur brune.
    Passé Lorch, Soffici obliqua à droite dans la vallée de la Wisper. Il se souvenait parfaitement du chemin. Une fois arrivé devant le portail du château de Layenfels, fermé à toute personne indésirable, Soffici arrêta sa voiture pendant un moment sans couper le moteur. Délibérément, il n’avait pas annoncé sa venue.
    Le gardien passa la tête par la minuscule fenêtre de la tourelle. L’homme au regard sombre paraissait intrigué.
    — « Apocalypse 20,7 » ! lança Soffici à l’adresse du vieil homme. Je m’appelle Soffici. Dites à Anicet que je suis là ! Il me connaît.
    Ce fut moins cette dernière phrase que le mot de passe qui provoqua l’ouverture automatique du portail et l’apparition d’un sourire contraint sur le visage fermé du gardien.
    Soffici passa la première et avança sur le raidillon pavé qui menait dans la cour du château, située un peu plus haut. Le moteur de la voiture de service souffrit dans la montée. Une fois arrivé dans la cour pavée, Soffici arrêta son véhicule et descendit.
    Hormis le sifflement d’un ICE qui passait au loin sur la rive gauche du Rhin, il régnait un parfait silence. Les murs suintaient l’humidité et dégageaient une odeur de moisi. Toutes les fenêtres étaient fermées, sauf une à droite, au premier étage.
    Le pâle visage d’Anicet s’encadra entre les montants. Ses longs cheveux étaient rejetés en arrière, comme le comédien Bernhard Minetti avait pris l’habitude de le faire peu de temps avant sa mort. L’ex-cardinal regarda longuement Soffici.
    Il n’avait pas besoin d’ouvrir la bouche, car son regard hostile en disait long : « À ma connaissance, semblait-il dire, je ne vous ai pas demandé de venir ici. Que faites-vous dans ces murs ? Qui vous envoie ? »
    Contrairement à l’impression qu’il avait donnée lors de sa première visite au château Layenfels, le secrétaire du cardinal ne paraissait ni timide ni hésitant. Bien au contraire, il affichait un sourire hautain – le sourire est une expression que la confrérie des Fideles Fidei Flagrantes ignore absolument.
    — Permettez-moi tout d’abord de vous saluer, déclara Soffici. Je pense qu’il serait plus judicieux que notre entretien ne se déroule pas entre deux portes. Qui sait si les murs n’ont pas ici des oreilles, comme au Vatican ! Il vous serait peut-être désagréable que d’autres, en dehors de vous et moi, entendent ce que nous avons à nous dire.
    Anicet referma bruyamment la fenêtre. Quelques instants plus tard, il apparaissait dans la porte en ogive du bâtiment. Avec sa tête penchée en avant, ses petites épaules et sa redingote grise boutonnée jusqu’au menton, il ressemblait à un maître d’école du dix-neuvième siècle.
    Le personnage paraissait tout droit sorti d’une autre époque, mais Soffici en avait rencontré plus d’un de ce style au Vatican.
    — Je me demande bien ce que ce Gonzaga a à me dire, dit Anicet en s’avançant vers le secrétaire sans lui tendre la main.
    — Gonzaga ? répéta Soffici avec étonnement. Je ne suis pas venu ici sur l’ordre du cardinal secrétaire d’État. C’est moi qui ai pris cette initiative. Je dois vous parler du suaire de Turin.
    Le visage blanc d’Anicet s’obscurcit une seconde, pour s’empourprer l’instant d’après :
    — Gonzaga nous a trompés. Mais il me le paiera, vous

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