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Le Huitième Péché

Titel: Le Huitième Péché Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philipp Vandenberg
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envisager toutes les éventualités qui se présenteraient.
    — Je ne comprends pas, qu’entendez-vous par là ?
    — Croyez-vous sérieusement que je porterais ce précieux objet sur moi, dans ma poche ? On a bien vu avec Gueule-brûlée à quoi une telle insouciance pouvait mener.
    — Je comprends.
    Anicet éprouvait de plus en plus d’admiration pour cet ecclésiastique dont il n’avait pas mesuré l’envergure auparavant. Bien qu’il n’espérât pas de réponse, il posa toutefois la question :
    — Et où se trouve l’objet à l’heure qu’il est ?
    — Il est légitime que vous me posiez la question, mais n’attendez pas de réponse de ma part. Par contre, je vais me permettre de vous interroger : pourquoi cette chose minuscule a-t-elle autant d’importance pour vous, alors qu’il ne s’agit que d’une infime partie du linceul qui se trouve de toute façon en votre possession ?
    Anicet fit une grimace, qui prouvait que Soffici avait visé juste.
    — Ça, monsignor, je ne peux vous le dire. Si je vous répondais, je vous précipiterais, vous, notre sainte mère l’Église, ainsi qu’un milliard de ses fidèles, dans le désarroi et le désespoir. De par leur vocation, les Fideles Fidei Flagrantes savent des choses que le reste du monde ignore. Vous comprenez ?
    Les deux hommes gardèrent le silence pendant un long moment. Soffici réfléchissait au sens du discours grandiloquent d’Anicet. Et ce dernier réfléchissait au moyen de trouver la faille chez cet infâme monsignor.
    — Au fait, avez-vous la preuve de l’authenticité de votre recel ? Vous ne pouvez pas me tromper, j’ai vu de mes propres yeux comment on falsifiait ce genre de choses.
    Avec une nonchalance qui frisait la provocation, Giancarlo Soffici tira de la poche de son veston l’enveloppe contenant les négatifs qu’il tendit à Anicet par-dessus la table.
    Anicet avait consacré suffisamment de temps à l’étude du saint suaire pour reconnaître immédiatement cette preuve d’authenticité. Il leva à plusieurs reprises les deux négatifs pour les observer dans la lumière qui filtrait timidement à travers des vitres ; il les superposa et les examina en plissant les yeux.
    — Félicitations ! finit-il par concéder. C’est un travail absolument parfait !
    — Je préfère m’en tenir à la vérité, rétorqua Soffici. Ce n’est pas moi qui ai pris ces photos. C’est Gueule-brûlée. Je n’y suis pour rien.
    Anicet ne releva pas la phrase, du moins, il fit celui qui n’avait pas entendu. Après un long moment de réflexion, il s’éclaircit longuement la voix.
    — Vous ne voulez vraiment pas me dire où vous avez caché ce précieux objet ?
    — Non, je ne vous le dirai pas, répondit Soffici, presque offusqué. Je sais de par ma vocation des choses que le monde ignore. Vous me suivez ?
    Anicet ne se départit pas de son calme. Mais, intérieurement, il bouillonnait de colère. Personne dans la confrérie, pas même le professeur Murath, n’avait jamais osé se conduire ainsi envers lui. Il faudrait éliminer ce type. L’idée lui traversa subitement l’esprit. Il faudrait le précipiter dans le vide, du plus haut du donjon. Mais il se calma : il ne fallait pas risquer que le précieux bout de tissu ne disparaisse à jamais.
    — Soit, monsignor. Parlons argent, alors. Car c’est bien ce qui motive le zèle que vous déployez dans cette affaire, non ?
    — En effet, répondit Soffici avec une sincérité désarmante. Il faut que vous sachiez que je ne retournerai pas au Vatican. J’ai décidé de troquer la soutane contre un costume Cardin.
    — Ah bon.
    — Oui, exactement. J’ai déjà pris des contacts en Amérique du Sud. Là-bas, il existe des résidences communautaires de luxe, qui accueillent des religieux qui ont jeté la soutane ou la bure aux orties. Malheureusement, la vie est assez coûteuse dans ces hôtels réservés à une clientèle bien déterminée. Mais vous n’êtes pas sans le savoir !
    Anicet avait l’air totalement écœuré.
    — Alors, combien ?
    — Disons…
    Soffici leva les yeux vers le plafond comme si une affreuse prédiction venait d’y apparaître, comme ce fut le cas pour le roi Balthazar à Babylone, lors du banquet qu’il donnait.
    — … un demi-million !
    — De pesos argentins ?
    — De dollars américains !
    — Impossible. Soffici, vous avez perdu la tête.
    — C’est probable, en effet.
    — Je vous en propose la

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