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Le Huitième Péché

Titel: Le Huitième Péché Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philipp Vandenberg
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fontaine de Trevi. Éminence, il est grand temps pour vous de sortir de votre silence. Vous feriez mieux de dire la vérité !
    Le cardinal secrétaire d’État entra alors dans une violente colère :
    — Suis-je donc chargé de surveiller mon secrétaire ?
    Il pensa alors que Soffici aurait certainement illustré cette question en citant l’Exode 1, 4. Et il en crut d’autant moins ses oreilles lorsque le préfet de police cita précisément le passage :
    —  Écoute le sang de ton frère qui de la terre crie vers moi !
    Le cardinal secrétaire d’État s’apprêtait à féliciter Canella pour sa connaissance approfondie des Écritures, lorsqu’il comprit soudain le sens de la citation.
    — Vous croyez donc, s’enquit-il prudemment, que Soffici aurait pu être victime d’un meurtre ? Connaissez-vous les circonstances exactes de l’accident ?
    Canella ne répondit pas ; il sortit une autre feuille de son attaché-case.
    — Un instant, dit-il lorsqu’il remarqua l’impatience de Gonzaga. Le rapport de nos collègues allemands s’appuie sur deux faits. Tout d’abord le témoignage d’un des membres de la confrérie qui habite dans la forteresse. Cet homme prétend avoir vu du haut d’une des tours la voiture s’arrêter dans un raidillon, puis se mettre brusquement à reculer, avant de se retourner et de prendre feu, puis de s’immobiliser dans la forêt qui borde la route. Ensuite, l’enquête menée par la police scientifique a révélé que les freins du véhicule n’avaient pas fonctionné. Pour le moment, on n’a pas pu prouver si c’est un sabotage qui est à l’origine de l’accident. L’épave du véhicule a presque entièrement brûlé.
    Tandis que Canella donnait toutes ces explications, le téléphone sonna. C’était Beat Keller, le chef de la sécurité du Vatican et le commandant de la garde suisse, cette troupe de mercenaires qui, depuis Jules II, veille sur la sécurité du pape et la sûreté du Vatican.
    Keller était un athlète de deux mètres, aux cheveux noirs gominés, qui ressemblait à Arnold Schwarzenegger. D’ordinaire, il faisait toujours preuve d’un calme olympien. Mais, ce matin-là, il semblait passablement agité.
    — Éminence, il faut de toute urgence que je vous parle. Je vous en prie !
    Durant les sept années où Gonzaga avait eu affaire au chef de la garde, il ne l’avait jamais vu dans un état pareil.
    — Dites-moi d’abord de quoi il retourne, maugréa-t-il.
    — Il s’agit de cet homme au visage brûlé qu’on a retrouvé mort dans la fontaine de Trevi. Vous avez certainement vu sa photo dans les journaux. Le nom de cet homme serait…
    — Frederico Garre, l’aida Gonzaga.
    — Oui, je crois en effet que c’était son nom. Or cet homme apparaît sur une des bandes enregistrées par nos caméras de surveillance.
    — Cet homme au visage brûlé ? Keller, venez immédiatement !
    Gonzaga raccrocha.
    — Vous me pardonnerez d’avoir entendu ce que vous disiez, intervint Canella. Vous avez dit Frederico Garre ? Ce même Garre qui…
    — Oui, celui-là même. Mon chef de la sécurité m’apprend qu’il a reconnu cet homme sur un des films de nos caméras de surveillance. Il est en route. Il sera là dans un instant.
    Le préfet de police fit disparaître ses documents dans sa mallette noire.
    — Éminence, me permettriez-vous de jeter un œil sur ces enregistrements ? Ils pourraient nous être utiles.
    — Je n’ai rien contre, répondit Gonzaga en affichant un sourire sournois. Disons : donnant, donnant.
    Le chef de la sécurité entra à cet instant avec un ordinateur portable sous le bras. Beat Keller connaissait le préfet de police pour l’avoir rencontré dans différentes réunions à l’occasion desquelles ils travaillaient de conserve : Canella en sa qualité de chef de la sécurité de Rome, et Keller en sa qualité de chef de la sécurité du Vatican. La présence du préfet de police était pour ce dernier la bienvenue.
    Les mesures de sécurité avaient été renforcées au Vatican depuis l’attentat perpétré dans les années 1990 contre la Pietà de Michel-Ange. Tous les objets potentiellement menacés dans les musées du Vatican et dans la basilique Saint-Pierre étaient désormais surveillés par des caméras.
    Une technique de pointe permettait d’enregistrer toutes les dix secondes sur un DVD les images retransmises par une des dix-huit caméras.
    Gonzaga et Keller comptaient au nombre

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