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Le Huitième Péché

Titel: Le Huitième Péché Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philipp Vandenberg
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bruyamment la voix, et Gonzaga s’encadra immédiatement dans le chambranle de la porte. Sans desserrer les dents, il tendit l’anneau de sa main droite vers Canella. Le préfet de police, qui avait une bonne tête de moins que Gonzaga, ne put faire autrement que de baiser furtivement l’anneau.
    Canella, connu pour son attitude critique vis-à-vis de la curie, trouvait ce cérémonial plutôt niais. Mais, étant ici en mission officielle, il ne pouvait se permettre aucune maladresse.
    Il fit un grand geste du bras pour désigner la pièce dans laquelle il se trouvait.
    — Peut-on dire que ce lieu soit, pour ainsi dire, le bureau dans lequel travaille votre secrétaire Giancarlo Soffici ?
    Canella aurait pu faire plus court.
    — Qu’en est-il de Soffici ? Avez-vous de ses nouvelles ? s’emporta le cardinal secrétaire d’État.
    Canella prit une mine contrite. L’acteur était assez peu crédible dans son rôle.
    — Monsignor Soffici est mort. Je suis désolé, Éminence, ajouta-t-il en inclinant la tête avec assez peu de spontanéité.
    — Il a été assassiné, murmura Gonzaga entre ses dents sur un ton relevant plus de la colère que de la tristesse. Où l’a-t-on trouvé ?
    — Ma réponse va sans doute vous étonner, Éminence, mais je suis certain que vous pourrez nous expliquer de quoi il retourne. Monsignor Soffici a été victime d’un accident de voiture en Allemagne…
    Canella ouvrit sa mallette dont il tira un fax.
    — À proximité d’une forteresse, sur les rives du Rhin. La forteresse est appelée le château de Layenfels.
    Gonzaga s’affala sur une chaise et pointa l’index sur un fauteuil pour inviter Canella à s’asseoir.
    Le préfet de police ne perdait pas une miette des réactions de Gonzaga, qui semblait étonné, mais pas ébranlé. Le cardinal réfléchissait. Le lieu où Soffici avait trouvé la mort ne paraissait pas le surprendre outre mesure.
    — Pourriez-vous m’expliquer ce que monsignor Soffici allait faire au… – il consulta de nouveau le fax – château de Layenfels ?
    Cette question sembla déstabiliser Gonzaga.
    — Monsignor Soffici était en mission officielle, finit-il par répondre.
    — Dans une forteresse, sur les bords du Rhin ?
    — En quoi cela vous regarde-t-il ? coupa brutalement Gonzaga. Le château de Layenfels est le siège d’une confrérie chrétienne qui a le soutien de la curie romaine. Nos frères y travaillent à un projet scientifique que leur a confié l’Église.
    Canella opina, comme si cette réponse le satisfaisait pleinement.
    — Ceci explique donc que Soffici ait circulé dans votre voiture de fonction ?
    — Dans ma voiture de fonction ? Effectivement, celle-ci avait disparu depuis un certain temps.
    Gonzaga eut un regard soucieux ; il venait d’en dire un peu trop. Il tenta de se rattraper :
    — Mais, en réfléchissant, il me semble, si je me souviens bien, que mon secrétaire m’avait demandé l’autorisation d’emprunter ma Mercedes. Oui, oui, je m’en souviens parfaitement !
    Gonzaga tentait de comprendre ce qui avait bien pu amener Soffici à se rendre au château de Layenfels, précisément dans la Mercedes qui avait disparu depuis l’enlèvement.
    Sentant le regard de Canella peser sur lui, il prit un air faussement embarrassé.
    — Il fau t que vous sachiez que nos relations n’étaient pas des meilleures. Giancarlo pouvait parfois se montrer très obtus. En d’autres termes, à certains moments, sa main droite ne savait plus ce que faisait sa main gauche.
    — Je comprends, répondit Canella, qui, en fait, ne comprenait absolument rien. Vous allez donc certainement pouvoir me dire aussi pourquoi votre véhicule était équipé de fausses plaques minéralogiques allemandes.
    — Des plaques minéralogiques trafiquées ? Impossible !
    — Éminence, vous n’allez tout de même pas prétendre que nos collègues allemands ont inventé ces détails de toutes pièces, histoire de se rendre intéressants ?
    La face de lune de Canella s’était empourprée. Il commençait à s’énerver. Il se mit à fouiller dans sa mallette pour en extirper une chose à moitié brûlée, enveloppée dans un plastique transparent : les restes d’un passeport.
    — Et, naturellement, vous savez aussi pourquoi votre secrétaire avait ce passeport sur lui. Il a été délivré au nom de Frederico Garre. Le Garre en question a été retrouvé mort il y a quelques jours, dans le bassin de la

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