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Le Huitième Péché

Titel: Le Huitième Péché Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philipp Vandenberg
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théologie de la morale décrit sept péchés capitaux : l’orgueil, l’avarice, la colère, l’envie, la gourmandise, la luxure, l’orgueil et la paresse. D’après Matthieu, chapitre 12, Jésus a dit que le péché et le blasphème seraient pardonnés aux hommes. Mais l’évangéliste évoque un autre péché, le huitième, le péché contre le Saint-Esprit. Et celui-ci, dit Jésus, ne sera pas pardonné, ni dans ce siècle ni dans les siècles à venir.
    Malberg regarda longuement l’homme assis en face de lui.
    — Vous êtes théologien ? finit-il par demander.
    — Qu’est-ce qui vous fait dire cela ?
    — Vous employez des expressions que seul un théologien emploie.
    Son interlocuteur se contenta de hausser les épaules. Au lieu de répondre, il poursuivit :
    — Durant des siècles, les théologiens se sont perdus en conjectures pour comprendre la teneur du péché contre le Saint-Esprit. Ma conviction est que, dans son livre, Gregor Mendel répond à cette question.
    — À ma connaissance, dit Malberg, le Saint-Esprit représente dans la Bible le savoir et la connaissance par excellence. Et cela signifie que Mendel aurait découvert ce qu’il aurait mieux fait de ne pas découvrir. L’interdiction prononcée par le pape va dans ce sens. Un homme étrange, ce Gregor Mendel, vous ne trouvez pas ?
    — Certes. Mais son originalité va vraisemblablement plus loin. Vous savez que, de son vivant, Gregor Mendel n’a pas été reconnu comme le découvreur des lois fondamentales de l’hérédité. Ce n’est que bien des années après sa mort qu’on a redécouvert les fondements de la biologie moderne, de l’évolution et les règles de l’hérédité humaine. Le fait qu’il soit resté méconnu a certainement été décisif pour Mendel. Il a alors décidé de conserver pour lui sa plus grande découverte. Il l’a dissimulée dans un livre pour ne la livrer qu’à un petit cercle d’initiés.
    L’inconnu au visage pâle avait cessé de manger depuis longtemps. Il fixait Malberg tout en parlant, comme s’il voulait lui confier quelque chose. Il finit par dire, avec le plus grand sérieux :
    — Vous sentiriez-vous capable de décrypter ou de traduire le texte du livre ? Nous nous mettrions d’accord sur vos honoraires. J’imagine, compte tenu du travail nécessaire pour décrypter cette écriture, qu’une somme avoisinant les cent mille euros pourrait convenir.
    Cent mille euros ! Malberg s’efforçait de paraître calme. Son mémoire de maîtrise datait déjà de quelques années, mais, si ses souvenirs étaient bons, le frère Friedrich Franz disait que Mendel avait eu recours à un stratagème assez simple, à un banal tour de passe-passe : il aurait écrit en allemand en remplaçant l’alphabet latin par l’alphabet grec. Un procédé cryptographique qui avait été utilisé pour la première fois à l’époque de la Renaissance.
    Pendant qu’il réfléchissait au système d’encodage, il entendit toutefois son mystérieux interlocuteur lui dire :
    — Il faudrait que vous effectuiez ce travail au château de Layenfels.
    Un concert de sirènes d’alarme retentit alors dans la tête de Malberg. L’homme pâle avait-il bien dit « au château de Layenfels » ? Au château de Layenfels, à l’endroit même où le monsignor Soffici avait trouvé la mort dans des circonstances troublantes ?
    Malberg s’affola. Pouvait-il vraiment s’agir de la forteresse dont le porche arborait cette croix étrange, qui figurait sur le médaillon de Marlène ?
    Il sentait le sang battre dans ses tempes. Il gardait les yeux rivés sur la nappe blanche. Qu’est-ce que tout cela pouvait bien signifier ? Il s’était mis dans cette situation en toute naïveté, mais cela ne pouvait pas être le fruit du hasard.
    L’inconnu enchaîna :
    — Vous comprendrez que je ne sois pas prêt à confier un livre aussi précieux à n’importe qui.
    — Bien sûr, bredouilla Malberg qui ne savait absolument pas quelle attitude adopter.
    Se lever et partir sans un mot serait sans doute la plus mauvaise des solutions. Malberg savait maintenant d’où venait l’inconnu. La question était de savoir si l’inconnu le connaissait, lui aussi.
    C’est invraisemblable, pensa Malberg. C’était lui qui avait adressé la parole à l’inconnu au visage pâle, et non l’inverse. Et l’inconnu avait d’abord fait preuve d’une grande réticence à son égard.
    — Quand pouvez-vous

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