Le Huitième Péché
commencer ? demanda l’homme sans attendre son assentiment.
Tout à coup, il semblait pressé.
Malberg caressa son menton, comme s’il essayait de se souvenir des rendez-vous qu’il avait pris pour les semaines à venir. En réalité, il était bien trop troublé pour donner une réponse si rapidement. D’un côté, ignorant tout de ce qui l’attendait, il avait l’intention de décliner l’offre. De l’autre, elle représentait peut-être l’occasion d’élucider l’énigme de la mort de Marlène.
Il sentait le regard pénétrant de l’homme posé sur lui et n’osait pas lever les yeux. Il ressentit l’arrivée du serveur, qui venait débarrasser la table, comme une délivrance.
— Vous vous méfiez de moi, dit l’inconnu. Je ne peux pas vous en vouloir.
Malberg voulut répondre : « Mais absolument pas ! » Non pour dissimuler la vérité, mais par souci de politesse, pour expliquer aussi son mutisme. Mais il n’en eut pas le temps. L’homme au visage livide prit la mallette noire qu’il serrait entre ses jambes sous la table et l’ouvrit.
Malberg écarquilla les yeux en découvrant le contenu : il devait bien y avoir là un demi-million d’euros, en coupures de cinq cents euros rassemblées en liasses de dix mille euros, retenues par des bandeaux de la Deutsche Bank.
Dans ce trésor, l’inconnu préleva vingt mille euros, qu’il fit glisser sur la table, en direction de Malberg.
— Considérez cette somme comme un acompte pour le travail que je vous demande.
— Mais vous ne me connaissez même pas, chevrota Malberg en jetant des regards embarrassés à gauche et à droite. Au fait, je m’appelle Andreas Walter, ajouta-t-il.
— Anicet, répondit son interlocuteur. Appelez-moi Anicet. Et maintenant, ramassez cet argent.
Anicet ? Un des démons les plus malins ? Quel nom étrange, pensa Malberg sans laisser transparaître la moindre inquiétude.
— Quand pensez-vous pouvoir venir ? insista l’homme. Vous viendrez, n’est-ce pas ?
— Bien sûr, répondit Malberg en faisant disparaître l’argent dans sa poche. Disons, après-demain, si cela vous convient.
— Vous secouez la tête ?
Anicet avait remarqué l’infime hochement de tête de Malberg.
— Il y a deux heures, nous ne nous connaissions pas encore, dit Malberg, et vous mettez vingt mille euros sur la table en escomptant que je viendrai chez vous et que je fournirai un travail dont vous ne savez même pas si je suis capable de le faire.
Anicet haussa les épaules :
— Croyez-moi, je sais apprécier la personnalité d’un homme. Jamais encore je ne me suis trompé.
Malberg tressaillit. On pouvait interpréter cette réponse comme une menace voilée. Mais il avait pris une décision et il ne pouvait plus faire marche arrière.
Il pensa à la chaîne et à son mystérieux médaillon, qui lui avait ouvert de nouveaux horizons en soulevant aussi de nouvelles questions.
Malberg demanda à brûle-pourpoint :
— Que faites-vous au château de Layenfels ? On a pu lire dans les journaux…
— Un tissu de mensonges, l’interrompit Anicet. J’espère que vous ne croyez pas ce que dit la presse. Vous savez ce que c’est d’avoir des détracteurs ! La confrérie des Fideles Fidei Flagrantes jouit du soutien de scientifiques hautement qualifiés, d’historiens et de théologiens dont les recherches n’ont pas été reconnues par le grand public. Soit parce qu’ils n’ont pas été compris par les imbéciles qui les entouraient, soit parce qu’ils ont été victimes de campagnes diffamatoires de la part de leurs concurrents. Ils partagent la même volonté de comprendre le miracle de la condition humaine. Et, naturellement, le phénomène de la foi en fait partie. Vous saisissez ?
Malberg ne comprenait que la moitié des explications d’Anicet. Ce mystérieux livre acheté à prix d’or par son interlocuteur jouait certainement un rôle dans ces recherches. Mais, en ce moment, tout cela l’intéressait peu. Ce qui le préoccupait, c’était de découvrir les relations qui avaient pu exister entre cette confrérie et Marlène.
— Il y avait une autre chose que je voulais vous demander. Y a-t-il aussi des femmes dans votre confrérie ?
Le visage d’Anicet se crispa. Il répondit par une autre question :
— Vous êtes marié ?
— Non. C’était juste à titre de renseignement.
— La présence de femmes ne ferait que perturber notre travail. Croyez-moi.
Après
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