Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Le Huitième Péché

Titel: Le Huitième Péché Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philipp Vandenberg
Vom Netzwerk:
archives secrètes et l’homme de confiance de Moro, lui a rappelé que la mort mystérieuse de Jean-Paul I er n’était pas encore oubliée. Cela risquait de relancer le débat dans l’opinion publique. Il ne voulait pas de scandale.
    — Ce que je comprends fort bien, répondit Caterina. Mais, si l’on apprend que Moro a commandité l’assassinat de Marlène, le scandale sera au moins aussi grand !
    — Cela ne se produira pas.
    — Pourquoi pas ?
    — Parce que l’assassinat n’a pas été commandité.
    — Je ne vous suis pas.
    — Vous allez comprendre. Je peux avoir encore une gorgée ?
    La signora Fellini poussa son verre en direction de Caterina.
    L’Amaretto semblait de fait accélérer le débit de sa confession.
    — C’est monsignor Sacchi qui a prétendu d’emblée que le comportement honteux du cardinal secrétaire d’État ne pouvait avoir qu’une seule explication : cette femme était possédée du démon et avait ensorcelé Gonzaga.
    — C’est donc aussi simple que cela ! J’aurais pu y penser plus tôt ! s’exclama Caterina d’une voix qui laissait percer l’ironie. Ces vieillards confits en dévotion continuent de croire que c’est la femme qui a apporté le malheur sur cette terre.
    — Au cours d’un déplacement professionnel du cardinal secrétaire d’État, poursuivit la signora sans relever, Moro a confié par écrit à l’exorciste don Anselmo la mission de pratiquer sur Marlène Ammer le grand exorcisme et d’employer la violence si nécessaire.
    — Mon Dieu, soupira Caterina.
    — Il va de soi que Marlène a opposé une résistance farouche. J’ai entendu ses cris de mes propres oreilles. Rien de ce qui se passait au numéro 23 de la Via Gora ne m’échappait. J’avais vu monter trois hommes, je guettais donc les bruits. Lorsque j’ai entendu retentir les exhortations de l’exorciste, j’ai compris qu’on voulait délivrer la jeune femme du démon.
    — Vous croyez à ces sornettes ?
    La signora Fellini secoua la tête. Son débit se ralentit nettement.
    — J’ai pressenti le pire lorsque les cris de Marlène sont devenus plus sourds, comme si on lui avait mis un coussin sur le visage. Puis je n’ai plus rien entendu du tout. Je suis montée. Un des trois hommes a violemment ouvert la porte, m’a poussée sur le côté et a dévalé l’escalier comme s’il avait le diable à ses trousses. De l’intérieur de l’appartement, j’ai entendu : « Don Anselmo, don Anselmo ! Regardez ! »
    — Qu’est-ce que cela voulait dire ?
    — Sur le coup, je me suis posé la même question. Il m’a fallu de longues minutes avant de réaliser ce que cela signifiait. « Elle est morte ! » s’est exclamé celui qui accompagnait l’exorciste. « Nous l’avons tuée ! » « Balivernes, a rétorqué don Anselmo, c’est le démon qui a tué son corps de pécheresse. »
    — Et alors, que s’est-il passé ? Continuez !
    La signora se redressa et prit une profonde inspiration.
    — Le jeune prêtre, qui accompagnait l’exorciste, pleurait. Il criait, se lamentait, menaçant de se jeter par la fenêtre. Cela a bien duré dix minutes avant qu’il ne se calme. Je ne peux qu’imaginer ce que les deux hommes se sont dit, puisqu’ils parlaient à voix basse. J’ai entendu qu’on faisait couler de l’eau dans la baignoire, puis des bruits comme lorsqu’on traîne quelque chose. Vous connaissez la suite.
    La femme marqua un temps d’arrêt.
    — Et alors ?
    — Vous pouvez imaginer dans quel état j’étais. Je croyais que mes nerfs allaient craquer. Je savais que l’exorciste et son acolyte allaient quitter l’appartement d’une minute à l’autre. Je suis donc retournée dans ma loge.
    — Et puis ? Qu’avez-vous fait ?
    — Rien. Du moins dans un premier temps.
    — Comment ça, rien dans un premier temps ?
    — J’étais comme paralysée, incapable d’avoir une idée claire. Et puis, il y avait cet homme qui m’avait vue ! Vous ne pouvez sûrement pas vous imaginer une chose pareille, mais lorsque vous avez vécu de tels moments, votre esprit est aux abonnés absents. Ce n’est que le soir que j’ai osé monter. J’ai ouvert la porte avec ma clé. J’ai découvert la signora dans la baignoire, la tête dans l’eau. Elle était morte, son peignoir bleu ciel était étalé par terre. J’ai tourné les talons et je suis redescendue en laissant la porte entrouverte pour qu’on découvre le crime le

Weitere Kostenlose Bücher