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Le Huitième Péché

Titel: Le Huitième Péché Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philipp Vandenberg
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d’argent, pour des raisons qu’on ignore. Et cela a signé l’arrêt de mort de Gueule-brûlée. Mais Soffici a dû pressentir une affaire plus juteuse encore. Il a alors mis en scène l’enlèvement de Gonzaga. Il s’est lui-même fait enlever pour donner le change. Puis il a pris la voiture de fonction du cardinal pour se rendre au siège d’une obscure confrérie résidant sur les bords du Rhin. Pour des raisons que j’ignore, la confrérie lui a fait une offre encore plus alléchante. Mais la chance n’était pas avec lui. Il a été victime d’un accident de voiture sur le trajet.
    — Vous croyez à cette thèse, vous ?
    — Jusqu’à preuve du contraire, oui.
    Pensive, Caterina hocha la tête.
    — Alors, l’affaire Marlène Ammer est élucidée, finit-elle par dire.
    — Disons que, sur la foi de ce dossier, nous connaissons les détails de sa mort. Elle a sans aucun doute succombé au cours de l’exorcisme.
    Caterina acquiesça. Cela ne constituait pas un fait nouveau pour elle.
    — Le Vatican voulait à tout prix empêcher que l’incident s’ébruite. Mais il y a encore bien des questions qui restent sans réponse. On peut supposer que la mort de Marlène Ammer n’a fait que déclencher une avalanche qui cache une affaire secrète dont nous ne savons rien. Ici, par exemple !
    Mesomedes sortit un fax provenant du parquet d’Anvers.
    — Les collègues belges mènent une enquête dans le cadre d’un assassinat commis sur un certain Ernest de Coninck. Cet homme était connu pour être le meilleur faussaire au monde. On l’a retrouvé pendu dans sa maison d’Anvers. Dès le début, la thèse du suicide n’a pas été retenue.
    — Monsieur Mesomedes, vous ne voulez tout de même pas insinuer que ce faussaire pourrait être d’une manière ou d’une autre mêlé à notre affaire !
    — On a en effet du mal à s’imaginer le lien qu’il pourrait y avoir. Mais vous allez vite changer d’avis lorsque je vous aurai dit ce que le parquet d’Anvers a trouvé. Les enquêteurs ont épluché les comptes du faussaire et ont découvert deux versements de deux cent cinquante mille euros.
    Caterina émit un léger sifflement.
    — Devinez donc d’où venait cet argent…
    — Aucune idée.
    — De la banque du Vatican, l’IOR, l’ Istituto per le Opere di Religione  ! Les collègues d’Anvers nous ont demandé officiellement notre aide, mais, à en croire les dossiers du service, Burchiello n’a pas donné suite à cette demande. Cela suffit à rendre cette affaire suspecte.
    Pendant que Mesomedes feuilletait le dossier, Caterina le regardait, interdite. En tant que journaliste, elle ne savait que trop bien que la vie écrit des histoires incroyables. Mais celle-ci était de loin la plus extraordinaire qu’elle ait jamais lue.
    Et elle, Caterina Lima, était au cœur de cet imbroglio.

56
    —  Où allez-vous ? demanda le chauffeur de taxi.
    — Au château de Layenfels, répondit Malberg en laissant tomber son gros sac de voyage sur la banquette arrière avant de s’asseoir à côté du chauffeur.
    Méfiant, l’homme dévisagea son passager avant de dire, en dialecte rhénan :
    — Je ne peux vous conduire que jusqu’à l’embranchement de la route qui y mène. À cet endroit, je dois faire demi-tour. Vous serez obligé de faire le reste du trajet à pied.
    — Pourquoi donc ? demanda Malberg avec agacement.
    Il n’était pas de très bonne humeur. Le voyage en train avait été long ; il avait dû prendre deux correspondances. Et, pour couronner le tout, un vent glacial soufflait sur la place de la gare de Lorch.
    — C’est la première fois que vous allez au château de Layenfels ? demanda le chauffeur prudemment.
    — Non, pourquoi ?
    L’homme renifla bruyamment.
    — Remarquez, cela ne me regarde pas. Mais sachez qu’on ne peut pas y entrer. La confrérie s’est complètement coupée du reste du monde. Personne ne peut franchir le porche, surtout pas un taxi. De plus, le dernier tronçon du chemin de terre qui y conduit passe dans une gorge où il est impossible de manœuvrer. Impossible de rebrousser chemin, vous comprenez maintenant pourquoi je suis obligé de vous laisser à l’embranchement ?
    — C’est bon, grogna Malberg, allons-y, vous me déposerez le plus près possible.
    — Vos désirs sont des ordres, répondit le chauffeur de taxi dans un élan presque amical avant d’élever la main comme pour faire un salut

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