Le Huitième Péché
à ce jour dans les journaux relève de la pure invention. Et, comme la confrérie s’est donné pour principe de ne démentir aucune de ces affabulations, les histoires les plus absurdes circulent. Aucune de ces légendes ne comporte la moindre once de vérité.
— Alors, expliquez-moi ! répondit Malberg à contrecœur.
Où ce Gruna voulait-il donc en venir ? L’hématologue secoua la tête.
— Pas aujourd’hui et pas ici. Je veux seulement vous mettre en garde. Il est possible que vous ayez mis le doigt dans un engrenage dangereux. Si vous parveniez à déchiffrer le texte, vous seriez bien inspiré de garder pour vous votre secret.
« Pourquoi ? » voulut demander Lukas Malberg. Mais il n’en eut pas le temps, car Gruna se leva pour refermer le robinet et quitta la cellule, sans ajouter un seul mot.
57
A vant de se coucher, vers 21 h, Malberg appela Caterina avec son portable, puisqu’il était sûr que le fixe de sa chambre était sur écoute. Afin que d’éventuelles oreilles indiscrètes ne puissent pas entendre la conversation, il ouvrit le robinet.
— Tout va bien ? s’enquit Caterina dont la voix trahissait l’inquiétude.
— Oui, c’est convenable, répondit Lukas. Dans la mesure où on peut employer ce type de qualificatif dans une telle situation.
— Qu’entends-tu par là ?
— Tu sais, il faut s’habituer. Le château est à mi-chemin entre l’hôtel pour managers stressés et le couvent pour moines ascétiques.
— Alors, tu es à la bonne adresse ! répondit Caterina en se moquant de lui. Et tu as déjà une idée de ce qui se passe dans ces vieux remparts ?
— Caterina, je suis arrivé il y a quelques heures seulement et tu exiges de moi que je sache déjà tout sur ce qui se passe ici ! J’ai fait la connaissance d’un hématologue qui vit apparemment dans la forteresse depuis des années. Il m’a confié que tous ignorent ce qui s’y déroule exactement.
— Et toi, que crois-tu ?
— Pour être franc, je ne suis pas trop de son avis.
— Entre-temps, ici, il s’est passé pas mal de choses, poursuivit Caterina en lui coupant la parole. J’ai été convoquée aujourd’hui par Mesomedes, le substitut.
— Encore lui ! Mais il est raide dingue de toi, ce type !
— Entendrais-je quelque chose qui ressemblerait à de la jalousie ?
— Naturellement, qu’est-ce que tu crois ?
— Soyons sérieux, Lukas. Mesomedes m’a montré un dossier secret concernant l’affaire Marlène Ammer. Il y a là-dedans la liste de toutes les investigations dont nous croyions qu’elles n’avaient jamais été menées.
— À la bonne heure ! Et d’où tient-il ce dossier ?
— De son chef, le procureur général Burchiello.
— Burchiello ?
— Mesomedes lui a emprunté le dossier.
— Tout simplement ?
— Eh bien, disons que oui. Burchiello est mort. Infarctus. Devant lui, sur son bureau, il y avait le dossier « top secret ». Lukas, il faut absolument que nous nous voyions !
— Et comment, s’il te plaît ? Je suis sur une piste qui me paraît de la plus haute importance. D’une manière ou d’une autre, je suis sur le point de trouver des éléments concernant Marlène.
— Lukas, nous savons dans quelles circonstances Marlène a trouvé la mort. Ça ne te satisfait toujours pas ? lui dit Caterina avec une pointe d’agacement dans la voix.
— Non. Je pense que je suis tombé sur quelque chose d’énorme, quelque chose qui dépasse l’entendement. Tu te souviens de Gueule-brûlée ?
— Bien sûr. C’est l’homme qui t’a menacé devant la maison de la marquise, et qui un beau matin a été retrouvé mort dans la fontaine de Trevi.
— C’est tout à fait exact. Mais tu as oublié un élément essentiel. C’est ce même Gueule-brûlée qui m’a attiré dans la basilique Saint-Pierre pour me proposer, moyennant une somme faramineuse, un morceau du linceul de Turin, grand comme un timbre-poste. On discernait sur ce minuscule bout de tissu une tache qui était selon toute vraisemblance une tache de sang.
— Le sang de Jésus de Nazareth…
— Ce qui nous conduit tout droit à l’hématologue Ulf Gruna, membre de la confrérie.
— Lukas, c’est une hypothèse tirée par les cheveux !
— Pas du tout. Cet hématologue, le seul homme avec lequel j’aie pu parler jusqu’à présent, portait à son cou une chaîne…
— Laisse-moi deviner, l’interrompit Caterina. Une chaîne avec
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