Le Huitième Péché
la croix runique.
— Bingo !
— Tout cela est effectivement étrange.
— Je sais, et je n’ose pas imaginer la suite logique.
— Et le livre ? Qu’en est-il du livre ?
— Il se trouve dans les archives, là où se situe aussi mon nouveau bureau. Je l’ai tenu dans mes mains. Un sentiment étrange, crois-moi. J’en suis encore tout remué.
— Tu crois que tu vas y arriver ?
— Tu veux dire : à décrypter le texte ? Je n’en suis pas encore certain. Je viens de me replonger dans le livre de Friedrich Franz, un coreligionnaire de Mendel. Il donne des indices concernant le procédé de cryptage employé par Mendel. Il fait même allusion au contenu explosif du livre.
— Lukas, promets-moi de faire attention à toi.
Caterina avait peur.
— Ne t’inquiète pas, je te tiens au courant. Je t’embrasse.
La communication se termina sur ces mots.
Malberg était fatigué, si fatigué qu’il se laissa tomber tout habillé sur le lit et s’endormit aussitôt.
Combien de temps avait-il dormi ? Il n’en savait rien. Soudain, il se retrouva complètement éveillé. La forteresse, qui jusqu’à présent avait baigné dans le silence, semblait reprendre vie.
Des bruits étranges, indéfinissables, parvenaient de toutes les directions à ses oreilles, puis cessaient pour recommencer un instant plus tard. Il entendit devant sa porte des pas qui se rapprochaient, puis s’éloignaient. Impossible de se rendormir dans ces conditions.
Cela n’allait pas être facile de s’habituer au rythme de ces gens. Des milliers d’idées lui passaient par la tête, et la même question revenait sans cesse le tarauder : que se passait-il vraiment dans ce château ?
Il se retourna dans tous les sens pendant près d’une heure. Il regarda sa montre : minuit et demi. Il se leva, s’aspergea le visage d’eau fraîche, puis prit la direction des archives en emportant sous le bras les livres qu’il avait apportés.
Malberg s’attendait à se perdre dans les couloirs, mais il atteignit rapidement la salle des archives, ce qui ne manqua pas de l’étonner. Il avait accompli tout le trajet dans le noir, mais la salle où se trouvait son bureau était tout éclairée.
Malberg déposa ses livres sur la table du réfectoire. Il s’avança en hésitant vers l’unique fenêtre de la pièce et regarda au-dehors. L’ouverture donnait sur la cour du château plongée dans l’obscurité.
De la lumière vacillait derrière quelques fenêtres du bâtiment opposé. Par moments, une ombre glissait d’une fenêtre à l’autre. Malberg finit par s’installer derrière la grande table.
Le livre de Mendel était devant lui. Il fallait seulement trouver la clé, l’introduire dans la serrure pour découvrir le mystérieux contenu de ce trésor.
Comme Franz, le coreligionnaire de Mendel, l’avait suggéré, Malberg griffonna sur une feuille de papier l’alphabet latin en deux rangées placées l’une au-dessous de l’autre. Il laissa de côté les lettres j et q, ce qui faisait un total de vingt-quatre lettres. Exactement le même nombre que dans l’alphabet grec.
En commençant par alpha et en terminant par oméga, il écrivit les lettres de l’alphabet grec, plaçant alpha au-dessus de a, bêta au-dessus de b, gamma au-dessus de c, et ainsi de suite.
Les deux premières lettres sont les mêmes dans l’alphabet latin et dans l’alphabet grec, mais la suite des lettres ne se présente pas de la même façon.
En latin, le c vient après le b, en grec le g vient après le b. Le grec n’a pas de j, ce qui explique que Mendel l’ait aussi laissé de côté dans l’alphabet latin. Même chose pour le q, et, comme il n’y a pas de w en grec, Mendel l’avait transcrit par un f.
En procédant ainsi, Malberg arriva au cryptage suivant :
La première page du livre de Mendel commençait par ces mots :
Fenn die satrend iape yllendes rind …
La transcription de cette simple phrase augurait déjà du véritable travail de Sisyphe qui attendait Malberg. Il ne devait pas transposer chaque mot, mais chaque lettre, au moyen du système indiqué par le coreligionnaire de Mendel.
Il fit un rapide calcul : chaque ligne comptait une cinquantaine de lettres et chaque page une trentaine de lignes. Cela faisait mille cinq cents lettres par page. L’ouvrage de Mendel comprenait deux cent quarante pages, ce qui donnait donc presque quatre cent mille lettres. Malberg enfouit son visage dans ses mains.
Il
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