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Le Huitième Péché

Titel: Le Huitième Péché Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philipp Vandenberg
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faisceau dansant de la lampe de poche mena les deux hommes vers le laboratoire du professeur Murath, la plus grande pièce, située à l’autre bout du couloir qui desservait tous les laboratoires. Ce bureau possédait trois fenêtres qui, contrairement aux autres, donnaient sur l’extérieur, côté Rhin.
    Gruna ferma la porte et alluma la lumière.
    Sur la longue table en verre dépoli éclairée par en dessous se trouvaient encore les préparatifs que le biologiste avait effectués pour faire son expérience, laquelle devait permettre de « bouleverser l’ordre du monde ». C’est ainsi que Murath avait qualifié sa découverte et, du même coup, convaincu la confrérie des Fideles Fidei Flagrantes de s’emparer de ce qu’on disait être l’original du linceul de Turin.
    Il y a quatre jours, Murath avait échoué lors de sa première tentative.
    L’échec avait semé la discorde parmi les Flagrantes qui s’étaient divisés en deux clans. Ce n’était pas la première fois que cela arrivait. Les uns qualifiaient en cachette Murath de fanfaron qui ne cherchait qu’à se faire valoir, tandis que les autres restaient intimement persuadés que Murath, le Cerveau, avait seulement besoin d’un peu de temps pour fournir la preuve ultime qui corroborerait son hypothèse.
    Soucieux de ne laisser aucune empreinte, Dulazek enfila des gants en latex et prit la pipette qui contenait le sang. Son index obturait la mince ouverture de la tige de verre.
    — Vous aimez aussi peu que moi le Cerveau, remarqua Gruna à voix basse, tout en suivant avec circonspection chaque geste de Dulazek.
    — Difficile de le nier ! répondit le biologiste en levant les yeux. Je n’apprécie pas les scientifiques qui se prennent pour le bon Dieu. Et je vous dis cela en tant qu’agnostique !
    — Si je vous comprends bien, vous considérez l’hypothèse de Murath comme une vaste fumisterie ?
    — Fumisterie ? Non, au contraire. Je crains même que Murath n’ait raison avec sa théorie. Le fait est qu’il en est tellement convaincu qu’il poursuivra ses investigations jusqu’à ce qu’il ait apporté la preuve qu’il recherche. Et alors, que Dieu nous garde.
    — Dieu ?
    — Oui, car c’est bien de cela qu’il s’agit, en fin de compte. Qu’importe le nom que vous lui donnez : Dieu, l’Absolu, le Bien, l’Esprit, la Raison ou la Lumière. Ça n’a pas d’importance.
    Tout en regardant le professeur soulever les couvercles de trois coupelles en verre de la taille d’une paume de main, Gruna, qui ne cachait pas sa surprise, répondit :
    — Et moi qui vous prenais pour un scientifique… Mais ce sont là des raisonnements dignes d’un philosophe des religions !
    — Ah bon ? rétorqua Dulazek avec quelque ironie. Il se peut que votre spécialité, l’hématologie, ne vous amène pas aux confins de la science et de la philosophie. La cytologie et la biologie moléculaire, quant à elles, entraînent presque quotidiennement le chercheur dans une confrontation brutale avec la philosophie. Et c’est là que les avis divergent fondamentalement.
    Dulazek leva les yeux vers son interlocuteur :
    — Avez-vous déjà observé Murath avec un peu plus d’attention ?
    — Observer est un bien grand mot ! J’ai évidemment remarqué que le professeur est un drôle de type. Mais il ne faut pas être particulièrement observateur pour arriver à ce constat. Tout le monde sait cela au château de Layenfels.
    — Ce n’est pas non plus ce que je voulais dire. Avez-vous essayé de trouver une logique dans ses marottes ?
    Ulf Gruna ne savait trop que répondre.
    — Pour être franc, je dois avouer que, jusqu’à présent, je ne me suis pas le moins du monde intéressé à sa personnalité. La seule chose qui me fascine chez lui, ce sont ses recherches.
    À l’aide d’une pincette, Dulazek sortit de la première coupelle un fil de deux centimètres de long qu’il imbiba d’un peu de sang de pigeon.
    Il renouvela l’opération sur un morceau d’étoffe de quelques millimètres et sur un minuscule morceau de lin, de la taille d’un ongle, qui se trouvaient dans les deux autres coupelles.
    — Mais pourquoi diable du sang de pigeon ? demanda Dulazek, plus pour lui-même qu’à l’adresse de l’hématologue.
    Il pensait que sa question resterait sans réponse. Mais, au bout d’un moment, Gruna répondit :
    — En présence d’oxygène, le sang de pigeon s’oxyde plus vite que le sang de tout

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