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Le Huitième Péché

Titel: Le Huitième Péché Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philipp Vandenberg
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exceptionnelles. Cet argent se trouve sur un compte occulte qui n’apparaît sur aucun bilan de la Banque du Vatican ni de l’ Istituto per le Opere di Religione . L’état de ce compte est consigné, autant que je sache, dans un des sept coffres des archives secrètes, à l’endroit même où le linceul de notre Seigneur était également entreposé.
    Tous les regards se tournèrent vers Giovanni Sacchi, le directeur des archives secrètes.
    Celui-ci secoua la tête :
    — Non, non, et non ! Que le Seigneur me préserve de la tentation. Lorsque j’ai pris mes fonctions de préfet des archives secrètes, j’ai fait devant Dieu le serment solennel de respecter toutes les lois de notre mère l’Église. Et notamment celle qui me prescrit de ne livrer à personne les secrets que je détiens. Lorsque mon heure aura sonné, j’emporterai mon savoir avec moi dans la tombe.
    — Quand bien même la pérennité de notre sainte mère l’Église devrait-elle être mise en péril ?
    — La loi de l’Église ne supporte pas d’exception. Éminence, ce n’est pas à vous que je vais expliquer cela. De plus, je ne faute pas si je vous dis que je sais où Gonzaga conserve les dossiers de ses comptes.
    Un climat de méfiance s’installait.
    Monseigneur Sawatzki lançait des regards incrédules de côté, en évitant de croiser celui du préfet des archives secrètes. Il rompit tout à coup le pesant silence :
    — Qui nous dit que Gonzaga a reçu cet argent sale en contrepartie du suaire de Notre-Seigneur ? Compte tenu de la signification de cet objet, la somme de cent mille dollars relèverait du blasphème. Et Gonzaga n’est pas homme à vendre le suaire contre un plat de lentilles.
    — Se pourrait-il, intervint Archibald Salzmann, que nous pensions tous la même chose ?
    Le cardinal opina :
    — L’argent du silence !
    Et Salzmann de reprendre :
    — Gonzaga voulait acheter le silence d’un complice !
    John Duca acquiesça avant de poursuivre :
    — Nous devrions faire surveiller le cardinal secrétaire d’État. Ses fréquents voyages, ses mystérieuses réunions au sein de la curie, tout cela fait de lui un suspect de premier ordre.
    Le visage émacié de Bruno Moro grimaça.
    — Mon frère, comment entendez-vous procéder ?
    — Gonzaga a, de par sa fonction, la mission de maintenir le contact de la curie avec le reste du monde. Il est à la fois le ministre des Affaires étrangères de l’État de l’Église et le Premier ministre à l’intérieur des murailles léonines. Cela implique une foule de conférences, de colloques et de réunions. Comment voulez-vous faire suivre cet homme sans vous faire remarquer ?
    Monseigneur Abate intervint dans le débat :
    — Si je puis me permettre une remarque, il faudrait que nous tentions de gagner à notre cause Giancarlo Soffici, le secrétaire du cardinal secrétaire d’État.
    La proposition rencontra un écho mitigé. Sawatzki et Salzmann jugeaient l’opération trop risquée. Monsignor Sawatzki remarqua que ce serait comme si Gonzaga avait demandé au monsignor Abate d’espionner son patron, le cardinal Moro. Abate se confierait immédiatement à Moro, cela allait de soi.
    Pour sa part, John Duca considérait Soffici comme un homme martyrisé par l’arrogance et l’avidité de pouvoir dont faisait preuve le cardinal secrétaire d’État ; en dépit de la position qu’il occupait et de son âge avancé, il n’avait même pas encore réussi à devenir vicaire du Saint-Siège.
    — Je pourrais bien m’imaginer… commença-t-il.
    — C’est à Gonzaga qu’il revient au premier chef de proposer Soffici à la nomination de vicaire, intervint Moro, coupant ainsi court aux réflexions de John Duca.
    — Éminence, répliqua ce dernier, vous n’allez quand même pas croire que sa Sainteté n’accéderait pas à votre souhait de voir Soffici promu ? On trouvera toujours une raison plausible. Ce serait même une véritable humiliation pour le cardinal secrétaire d’État Gonzaga. Et je suis absolument certain que Soffici fondrait de reconnaissance. En procédant de la sorte, nous mettrions Gonzaga dans un joli pétrin.
    — L’idée n’est pas mauvaise !
    Pour la première fois de la soirée, un sourire éclaira le visage de Moro. Un sourire mauvais.
    Monseigneur Sacchi se leva alors et s’écria, au comble de l’agitation :
    — Mes frères, êtes-vous conscients que nous sommes une fois de plus en train de guérir

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