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Le Huitième Péché

Titel: Le Huitième Péché Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philipp Vandenberg
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concernant le déroulement de cette affaire, je serais voué à la damnation éternelle et je devrais restituer les cinq cent mille euros.
    — Dans ce cas, on peut dire que vous avez déjà rompu le contrat depuis longtemps, messire Leonardo… Mais soyez sûr de pouvoir me faire absolument confiance. Lorsque je repartirai demain pour le château de Layenfels, j’aurai tout oublié, ma venue ici comme notre rencontre.
    Leonardo hésita un instant avant de faire un signe à Anicet :
    — Suivez-moi !
    Un deuxième escalier, aménagé dans le mur lui-même, menait vers l’étage supérieur. Le vieil homme gravissait les marches quatre à quatre, à une telle vitesse qu’Anicet, qui avait du mal à le suivre, eut tout à coup des doutes sur l’âge véritable de son curieux hôte. Arrivé en haut, il découvrit une pièce presque vide, un laboratoire sommairement aménagé, avec des armoires vitrées et une table à expériences installée en face des trois fenêtres qui donnaient sur la rue. Des projecteurs suspendus au plafond conféraient à la pièce une allure de studio de photographe.
    Le sol, de même que les murs, étaient recouverts d’un carrelage de faïence blanche. Le laboratoire, comme l’atelier du dessous, occupait tout l’étage.
    Le plus impressionnant était un grand dais noir, d’environ deux mètres cinquante de large sur une hauteur presque identique, et qui se trouvait à droite dans la pièce.
    Avec un plaisir non dissimulé, Leonardo goûta pendant quelques instants la perplexité d’Anicet. Il affichait le sourire triomphant de celui qui domine la situation. Puis il commença presque comme si de rien n’était :
    — Voilà déjà cinq siècles que j’ai inventé la camera obscura . Vous avez dû en entendre parler. C’est un miracle de la nature, simple et époustouflant à la fois. Cet appareil en est un modèle un peu grossier, je le concède, mais qui correspond à mes besoins. J’aimerais vous montrer quelque chose.
    Ouvrant une porte étroite, à peine visible sur le côté du dais, il poussa Anicet à l’intérieur.
    — Vous n’avez rien à craindre. Mais si vous voulez savoir comment la copie du suaire de Turin a été faite, il faut vous plier à cette expérience.
    Lorsqu’Anicet eut pénétré dans la camera obscura , Leonardo ferma la porte.
    Un silence pesant régnait à l’intérieur de l’appareil. Anicet entendit comme dans le lointain Leonardo qui allumait les projecteurs du plafond. Mais il ne voyait rien.
    Pendant ce temps, Leonardo se débarrassait de ses vêtements. Puis il retira l’obturateur sur le devant de l’appareil et se positionna, nu et misérable, devant le mur blanc qui se trouvait en face.
    Il cachait son sexe avec sa main droite. Sa main gauche soutenait son poignet droit. Ses deux jambes étaient parallèles et avaient pris la position habituelle des momies.
    Leonardo se tint ainsi immobile durant quelques minutes, les yeux fermés. Il savait ce qui se passait à l’intérieur de la boîte noire.
    Anicet, que très peu de choses étaient en mesure de désarçonner, fixait, désemparé, voire choqué, l’image qui se projetait sous ses yeux. Le mince rayon de lumière qui passait par le trou pratiqué dans le dais projetait une silhouette floue sur l’écran blanc.
    Et plus il regardait l’image inversée, plus il devenait évident que l’homme qu’il voyait, la tête en bas, sur l’écran, ressemblait à s’y méprendre au personnage ayant laissé son empreinte sur le suaire de Turin.
    Anicet s’empressa de sortir de la camera obscura . Il était comme abasourdi. Sans prêter attention à la nudité de Leonardo, il s’écria, au comble de l’agitation :
    — Vous êtes un sorcier, messire Leonard, un magicien et un fabricant de fantômes. Et, qui plus est, vous faites tout cela excellemment !
    Tandis que le vieil homme se rhabillait, Anicet ne cessait de secouer la tête, comme s’il n’arrivait toujours pas à croire ce qu’il venait de voir.
    — Et comment avez-vous fait pour transférer votre image sur l’écran ?
    Leonardo esquissa un sourire avant de répondre :
    — Il est vrai que c’était là la partie la plus ardue de l’entreprise. Mais je me suis souvenu d’un opuscule, aujourd’hui disparu, que j’avais rédigé il y a cinq siècles de cela. À l’époque, j’avais trouvé comment fixer l’image de la camera obscura et comment la transposer sur un écran. Je vous explique ?
    — Mais

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