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Le Huitième Péché

Titel: Le Huitième Péché Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philipp Vandenberg
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n’ai rien appris de décisif, mises à part quelques allusions obscures qui ne m’ont rien apporté. J’ai eu par moments l’impression que la marquise déraillait un peu. Tu connais la Révélation de saint Jean ?
    — L’Apocalypse ?
    — Oui, exactement.
    — Et qu’est-ce que saint Jean a à voir avec Marlène ?
    — Eh bien, la marquise n’a cessé de répéter combien se mêler de cette affaire était dangereux, et puis elle s’est mise à rire comme une démente et m’a dit que je devais lire la Révélation de saint Jean. Elle m’a même signalé le chapitre exact que je devais étudier. Attends… dit Caterina en tirant un bout de papier de son décolleté. Voilà : chapitre 20, verset 7. Est-ce que cela te dit quelque chose ?
    Malberg resta cloué sur place. Il avait écouté d’une oreille distraite ce que lui disait Caterina, parce que son attention avait été attirée par une femme qui hélait une cliente :
    —  Signora Fellini, de beaux épinards à moitié prix !
    Ce n’était pas l’offre alléchante de la marchande qui avait frappé Malberg, mais le nom : signora Fellini. Le patronyme n’était pas particulièrement courant, or c’était celui de la concierge figurant sur la plaque dans l’immeuble où Marlène avait habité. Malberg se trouvait tout près de la femme, et put l’observer à son aise. Elle ne le connaissait pas, mais lui l’avait entraperçue le jour où il avait quitté précipitamment la maison après y avoir découvert le cadavre de Marlène. La ressemblance était flagrante : grande, cheveux courts, à la mode, créoles rutilantes aux oreilles. Pourtant, elle ne ressemblait pas vraiment à celle qu’il avait vue.
    De loin, la signora Fellini donnait presque l’impression d’être soignée. C’était surtout la robe élégante qu’elle portait qui troublait Malberg au plus haut point. Il aurait pu jurer que Marlène avait porté la même robe vert foncé de Ferragamo à la réunion des anciens élèves où ils s’étaient revus.
    Malberg ne connaissait rien à la mode, mais la coupe de la robe, qui mettait en valeur la silhouette de celle qui la portait, l’avait amené à faire spontanément un compliment à son ancienne amie d’école.
    — Lukas ?
    Caterina, qui avait remarqué les regards de Malberg, l’attira vers elle.
    — Mais enfin, Lukas, veux-tu cesser de reluquer cette femme avec autant d’insistance ! Elle n’est pas si terrible que cela !
    Malberg l’arrêta d’un geste de la main, comme pour lui faire comprendre que là n’était pas la question, puis il lui dit à voix basse :
    — Tu ne me croiras jamais, mais cette femme est la concierge de l’immeuble de Marlène.
    — Celle qui est supposée n’avoir jamais existé parce que l’appartement a toujours été habité par des religieuses ?
    — Celle-là même.
    Caterina eut un regard incrédule.
    — Tu parles sérieusement ? Ou tu cherches un prétexte ? Tu peux me dire sans crainte que tu la trouves séduisante. Les hommes sont parfois attirés par les femmes les plus ordinaires. Pour ma part, je la trouve plutôt commune. Et la robe ne lui va pas du tout. Elle la moule beaucoup trop.
    — Possible, dit Malberg qui souriait malgré la tension qu’il ressentait. Mais, crois-moi, c’est la signora Fellini, celle-là même qui a disparu de la maison de la Via Gora.
    Caterina plissait les yeux pour mieux détailler la femme qui s’était mise sur son trente et un.
    — Tu es sûr de ne pas te tromper ? Tu comprends, avec tout ce qui t’est arrivé depuis quelque temps, je ne t’en voudrais pas si tu commençais à avoir des hallucinations.
    — Regarde la robe !
    — Un chiffon, mais du genre hors de prix ! Combien a-t-elle pu la payer ? Et le sac ! C’est un Hermès !
    Tout en continuant à observer la signora Fellini, Malberg se rapprocha de Caterina.
    — Elle porte une robe qui a appartenu à Marlène. Je suis certain que Marlène la portait la dernière fois que je l’ai vue – la dernière fois que je l’ai vue en vie.
    La stupeur se lisait sur le visage de Caterina. La femme s’éloignait et risquait de disparaître dans la cohue du marché.
    — Viens, insista Malberg, suivons-la pour voir ce qu’elle va faire.
    — Que peut-elle faire sur le Campo dei Fiori, si ce n’est ses courses : finocchio, cipolle, pomodori !
    Caterina n’arrivait pas à croire à l’histoire que lui racontait Malberg. Néanmoins, comme ils

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