Le Huitième Péché
comptoir. Puis il composa le numéro.
Barbieri répondit avec la formule usuelle :
— Pronto !
— Malberg à l’appareil. Vous vous souvenez de moi ?
— Mais bien sûr, signor Malberg, j’avais l’intention de vous contacter. Que puis-je faire pour vous ?
— Permettez-moi de vous poser une question, dit Malberg avant de marquer un temps de réflexion. Quel genre de rapport entretenez-vous avec Caterina Lima ?
— Signore , je ne comprends pas ce que vous voulez dire.
— Je veux savoir si vous êtes un ami intime de Caterina. Ou bien, êtes-vous lié à elle par un quelconque engagement ?
— Pas que je sache, répondit Barbieri sans hésitation. Mais pourquoi ces questions ?
— Voilà. J’ai de bonnes raisons de croire que Caterina Lima ne joue pas franc jeu. Du moins son frère, Paolo, qui reçoit de l’argent de personnes qui ont un lien avec l’assassinat dont Marlène Ammer a été victime.
— Ce n’est pas vrai !
— Si. J’ai vu de mes yeux une femme remettre de l’argent à Paolo. Caterina était avec moi. Elle prétend n’être au courant de rien. Pour ma part, je pense qu’elle n’est pas aussi blanche qu’elle veut me le faire croire.
Barbieri se tut pendant un long moment.
— Vous êtes sûr ? Je ne connais Caterina que professionnellement, mais je me souviens d’elle comme d’une personne absolument intègre que les petits délits de son frère mettaient très mal à l’aise. Mais ce que vous me dites là n’a rien à voir avec les entourloupes minables de Paolo. Lorsqu’elle m’a demandé de garder un œil sur vous, c’était plutôt pour vous protéger.
— Écoutez-moi, je ne peux pas me permettre de courir le moindre risque, l’interrompit Malberg. Êtes-vous prêt à m’aider ?
— Bien sûr.
— À une condition : pas question de mettre Caterina au courant.
— Vous avez ma parole, signore .
— Vous n’êtes pas sans savoir que, grâce à l’intervention de Paolo, j’ai trouvé refuge dans une pension de la Via Luca.
— En effet, je suis au courant.
— J’en suis parti parce que j’ai de bonnes raisons de penser que ma cachette n’est pas sûre.
Barbieri souffla bruyamment.
— Dans tous les cas, vous avez eu le bon réflexe.
— Je cherche désormais une nouvelle planque. Un hébergement qui ne nécessiterait pas de déclaration de séjour, cela va sans dire !
— Hum… réfléchit Barbieri. Ce ne sera pas facile sans mettre d’autres personnes au courant. Mais si, dans un premier temps, vous pouviez vous contenter d’une petite place dans un deux-pièces et demie, je pourrais vous proposer un endroit qui soit sûr dans l’immédiat.
Étant donné les circonstances, Malberg n’allait pas faire le difficile. Une heure plus tard, il appuyait sur une sonnette sur laquelle figurait le nom de Barbieri. La maison se trouvait dans une petite rue, derrière le cimetière protestant, entre le Monte Testaccio et la pyramide Cestius. Comme tous les immeubles alentour, elle avait connu des jours meilleurs. Mais, pour le moment, le simple fait de pouvoir se cacher était plus important pour Malberg que le confort moderne.
— J’espère que vous n’avez pas téléphoné de votre téléphone portable ! lui dit Giacopo Barbieri en l’accueillant sur le pas de la porte.
— Soyez sans crainte, répondit Malberg. Je me suis bien souvenu de ce que vous m’aviez dit : pas d’hôtel, pas de chèques, pas de carte de crédit, pas de portable.
— Bien, acquiesça Barbieri en faisant entrer Malberg dans l’appartement. Vous devriez également éviter les lieux où vous avez mené des investigations.
Malberg opina, bien qu’il ne comprît pas la raison de cette mise en garde. Au premier coup d’œil, l’appartement de Barbieri correspondait exactement à l’image qu’on se fait de celui d’un célibataire. La vaisselle sale s’entassait depuis cinq jours dans l’évier. Barbieri remarqua les regards de Malberg :
— Vous devez m’excuser. Je n’attendais personne. Il arrive que ce soit le bazar complet, ici. La fin de ma carrière à la criminelle a aussi signé la fin de mon mariage. Pour être franc, je ne le regrette pas vraiment. Vous êtes marié ?
— Moi ? Non. Je me suis marié à vingt-deux ans et, à vingt-cinq ans, j’étais de nouveau libre. Depuis, je suis ce qu’on peut appeler un célibataire endurci. Mais si je peux me permettre d’être tout aussi franc : jusqu’à
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