Le Japon
presque tous disparu. Ceux qui subsistent sont tardifs et post-médiévaux. Dans l’imaginaire collectif, le Moyen Âge est encore présent, bien qu’en réalité la plupart des histoires de samouraïs, dans la littérature comme au cinéma, se déroulent à la fin de l’époque d’Edo, c’est-à-dire au XIX e siècle.
Japon : les Mongols attaquent !
L’insularité du Japon lui a permis, durant la plus grande partie de son histoire, de limiter ses relations avec l’étranger et de les contrôler. Jusqu’au XX e siècle, il n’a jamais été l’objet d’une agression massive contre son territoire, sauf dans la deuxième moitié du XIII e siècle, quand les Mongols, alors installés en Chine, prétendirent le soumettre. Leur échec fut imputé à la protection des divinités, au vent divin, shinpû ou kamikaze , et, jusqu’au XIX e siècle, penseurs et historiens n’ont mis en valeur que ce facteur de délivrance.
Mais quand, après la restauration de Meiji, le Japon, à la fin du XIX e siècle, inaugura une politique active à l’égard du continent, quand les autorités cherchèrent à développer le patriotisme par l’enseignement de l’histoire, les écoliers apprirent que leurs pays avait été sauvé grâce au courage de ses guerriers, à l’union nationale face à l’envahisseur et à la protection des dieux, manifestée par le vent divin. Il n’est pas étonnant que, devant la menace de l’invasion américaine, les troupes d’attaques spéciales créées pour y faire face se soient placées sous ce vocable de kamikaze . Dans l’après-guerre, les manuels d’histoire ont adopté une présentation plus sobre de cet épisode et insistent, peut-être avec excès, sur le fait qu’il a surtout affecté quelques cantonsde Kyû Shû, au sud, et n’a pas mobilisé les guerriers du pays tout entier. La presse a récemment ravivé ces souvenirs par l’annonce de fouilles sous-marines qui ont permis de ramener au jour des bateaux de l’armée d’invasion, des objets et même, dit-on, le cachet du commandant du corps expéditionnaire mongol (dont le possesseur n’a pourtant pas péri dans le désastre).
Un bref rappel de ce qu’avaient été ses relations avec le continent montre combien l’arrivée des troupes mongoles, lancées dans une entreprise méthodique de conquête de l’Asie depuis le début du XIII e siècle, a pu constituer pour le Japon un événement inhabituel.
Dès l’époque des Han, le Japon a subi l’influence de la Chine. À partir du début du VII e siècle, quand la cour du Yamato commença à organiser un État, elle envoya des ambassades en Chine pour porter un tribut, acceptant, quoique à contrecœur, le principe de relations inégales, pour avoir la possibilité d’observer directement ce qui se faisait dans la grande nation voisine, considérée comme un modèle de civilisation. De 607 à 838, quinze ambassades traversèrent la mer. La décision de les interrompre ne fut pas prise, en 894, pour faire cesser une situation insupportable à l’orgueil de la cour, encore bien moins parce que celle-ci se jugeait désormais capable de se passer des enseignements de la Chine, mais parce que les désordres, qui ont marqué en Chine la fin de la dynastie des Tang, rendaient le voyage dangereux. D’ailleurs, depuis 838, aucune ambassade n’était partie et cependant les relations avec la Chine s’étaient maintenues, grâce aux bateaux de commerce chinois et aux moines japonais qui continuaient à aller s’instruire sur le continent.
Les ambassades ne furent pas reprises, quand, au X e siècle, l’empire des Song se fut affermi, mais les échanges se poursuivirent de façon satisfaisante pour lacour. Au XII e siècle, des bateaux japonais commencèrent à participer à ces échanges. Les luttes entre les clans Taira et Minamoto 3 , à la fin du XII e siècle, et le transfert du centre de gravité du pays dans l’Est avec la fondation du régime de Kamakura n’ont pas arrêté les échanges, car le Japon avait besoin de la monnaie chinoise pour son commerce intérieur et restait soucieux de suivre le mouvement intellectuel et artistique de la Chine. Des moines chinois de la secte Zen étaient accueillis avec intérêt à Kamakura : le régent nommé en 1268, Hôjo Tokimune (1251-1284), avait été l’élève du moine Rankei venu au Japon en 1246. Cependant, les autorités de Kamakura, un peu méfiantes à l’égard de ce qui se
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