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Le Japon

Le Japon

Titel: Le Japon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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Yoshihiko, le pouvoir des guerriers a été surestimé par les historiens parce que les sources écrites traitent trop souvent de la propriété de la terre et de la fiscalité foncière, alors qu’une partie importante de la population n’appartient pas à la paysannerie. Il y a les gens des villes et puis tous ceux dont nous avons gardé peu de traces, toutes ces populations itinérantes de moines, de saltimbanques, de marchands, de prostituées… Tous ceux-là échappent à la protection des guerriers et dépendent d’un monastère, d’une famille aristocratique ou directement de l’empereur. Si l’on en croit Amino, ce sont ces populations qui ont maintenu, sous la tutelle de l’empereur, l’unité culturelle du pays, à travers la langue, la religion et l’art. Durant tout ce Moyen Âge « féodal », un État uniques’est en effet maintenu au Japon, malgré l’antagonisme de l’empereur et du shogun.
    L’H.  : Dans ce Moyen Âge guerrier, quelle est la place des femmes ?
    P.-F. S.  : Les femmes japonaises médiévales ont un statut bien supérieur à ce qu’il deviendra plus tard. À partir de l’époque d’Edo et jusqu’à la fin du XIX e  siècle, leur condition ne cessera de se dégrader. Dans cette société, les hommes sont plutôt cantonnés dans le secteur de la production, les femmes plutôt dans la sphère des échanges. Elles manient l’argent, c’est pourquoi Luis Frois, un Jésuite du XVI e qui a vécu longtemps au Japon, explique que « les femmes sont les usurières de leur mari », et qu’elles peuvent divorcer, puisqu’elles possèdent un bien.
    Mais ne rêvons pas. Tout cela dépend du milieu social. Chez les guerriers, les mariages se présentent comme des alliances entre familles, et les femmes sont réduites au rôle de monnaie d’échange. L’épouse vient vivre dans le manoir de son époux où elle élèvera ses enfants.
    Dans les couches paysannes, elle continue à vivre chez ses parents, et le mari reste avec ses propres parents. Il vient lui rendre des « visites nocturnes ». La femme élève donc les enfants chez les siens, ce qui explique l’importance du rôle des grands-parents maternels. À la mort de ces derniers, le mari vient souvent s’installer chez sa femme. Il peut aussi se faire adopter par le père de son épouse. Dans ce cas, il s’installe chez son beau-père et héritera de lui.
    Il n’y a pas de terme proprement japonais pour le mariage (le mot a été fabriqué au XIX e  siècle dans le sens de mariage monogame à l’occidental lorsque la monogamie est devenue la norme). On trouve en japonais deuxtermes : yome, c’est-à-dire la femme qui, en se mariant, intègre la maison du mari ; muko, lorsque c’est le mari qui intègre la maison de son épouse et qui prend son nom. Aujourd’hui encore, un homme peut prendre le nom de son épouse.
    On voit combien dans ce domaine, le Japon diffère de l’Occident. Les relations amoureuses y sont beaucoup plus libres – même si bien des contraintes pèsent sur les femmes. Dans les milieux de la noblesse de cour, pour garder les convenances, le couple, pendant un temps, se parle séparé par un paravent. Il y a d’ailleurs une expression qui dit : « faire tomber le paravent »…
    Je parlais des prostituées itinérantes : ces femmes, qui sont également souvent des danseuses, des marionnettistes, des marchandes, ne subissent pas de condamnation morale. D’une manière générale, le Japon n’est pas une civilisation du péché. Luis Frois, dans son traité sur les contradictions de mœurs entre Européens et Japonais, parle des femmes japonaises en ces termes : « En Europe, l’honneur et le bien suprême des femmes sont la pudeur et le cloître inviolé de leur pureté. Les femmes du Japon ne font aucun cas de leur pureté virginale et la perdre ne les déshonore pas, ni ne les empêche de se marier. »
    Les jeunes filles partaient en pèlerinage seules ou avec des amies. Dans les monastères, des injonctions étaient faites aux moines de ne pas passer la nuit avec ces jeunes filles venues en pèlerinage, avec l’argument que cela nuisait à leur travail et à leurs prières… Mais, progressivement, c’est le modèle de la famille guerrière qui va s’imposer, paternaliste et machiste. Les femmes ont de moins en moins d’autonomie.
    L’H.  : La culture s’est-elle modifiée au Moyen Âge sous l’influence du pouvoir des samouraïs ?

    P.-F. S.  : À

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