Le Japon
à craindre de l’Union soviétique ni des États-Unis. En septembre 1940, le pacte tripartite est signé à Berlin. Les Japonais occupent le Tonkin, font pression sur la Thaïlande et la Birmanie pour stopper l’approvisionnement des troupes de Tchang Kaï-chek. Les États-Unis réagissent prudemment. Ils se contentent de mettre l’embargo sur les exportations de fer et de ferrailles à destination du Japon.
En 1941, les Japonais tirent parti d’une situation internationale qui leur est favorable. Ils ont conclu le 13 avril un traité de neutralité avec l’Union soviétique et disposent d’assez d’indépendance vis-à-vis de Berlin pour n’avoir pas à se précipiter tête baissée sur Singapour et l’Empire britannique. C’est alors que survient l’invasion allemande de l’URSS. Deuxième date décisive. Les Japonais s’en tiennent au traité d’avril, contrairement au souhait de Hitler. Mais dès le 2 juillet ils décident d’appliquer une politique de force, si leur « espace vital » n’est pas reconnu par les États-Unis. De là, les deux fers qu’ils mettent au feu. La négociation ou la guerre, la négociation pendant qu’on prépare la guerre.
Le 28 juillet, l’armée japonaise occupe le Sud de l’Indochine. Les États-Unis gèlent les avoirs japonais et annulent les licences d’exportation de pétrole. Le Japon ne dispose plus que de sa propre production, de quoi approvisionner sa flotte pour un mois seulement. Dans deux ans, les réserves seront épuisées, d’autant que les Indes néerlandaises cessent de lui vendre leur pétrole. Les Américains envoient de l’argent et des volontaires aux Chinois, coordonnent leurs plans militaires avec les Britanniques et les Néerlandais, confient à MacArthurle commandement des troupes philippines. Simples mesures de précaution.
Au fond, ce qu’on souhaite à Washington, c’est que le Japon renonce au pacte tripartite et à l’asservissement de la Chine, qu’il ne viole plus les principes wilsoniens. Ce qu’on souhaite à Tokyo, c’est que les États-Unis se résignent et reprennent leurs échanges commerciaux. Inconciliable ? Peut-être, mais les pourparlers se poursuivent cahin-caha. Le 17 octobre, le général Tojo devient Premier ministre. Il ne croit pas à la possibilité de maintenir des relations pacifiques avec les États-Unis. La dernière tentative de négociation date de la mi-novembre ; elle échoue parce que les Américains rejettent les demandes dites « minimales » du Japon. Pour Roosevelt, la guerre est désormais de plus en plus proche. Que faire ? Il faut tâcher de deviner où les Japonais s’apprêtent à frapper, attendre pour ne pas heurter l’opinion américaine et ne pas affaiblir l’aide à la Grande-Bretagne.
Le 6 décembre, le président des États-Unis télégraphie à l’empereur Hiro Hito pour le prier de renouer les négociations. La réponse du 7, déchiffrée par les services américains avant même que l’ambassadeur japonais ne la décode, ne laisse aucun doute. Ce sera la guerre. Roosevelt et Harry Hopkins, son plus proche conseiller, bavardent lorsque, à 13 h 40, Knox annonce au président que la base de Pearl Harbor subit un raid aérien. Réaction de Roosevelt, telle qu’elle est rapportée par Hopkins : « (Il) mentionna les efforts qu’il avait accomplis pour maintenir le pays hors de la guerre et son désir profond de terminer son mandat sans faire la guerre, mais si les Japonais avaient agi ainsi, cela voulait dire que les choses nedépendaient plus de lui. La décision aurait été prise sans lui 38 . »
On pourrait à la rigueur reprocher à Roosevelt d’avoir été trop conciliant, puis trop ferme à l’égard du Japon. Critique peu solide. Les Japonais agissent en fonction de la guerre en Europe et les Américains sont le plus souvent réduits à réagir. Bref, à moins d’imaginer une soumission totale, on voit mal quelle autre politique le président aurait pu mener dans le Pacifique.
La suite des événements provoque moins de questions. La guerre vient de commencer à l’ouest. Mais pour Roosevelt, comme pour la grande majorité des Américains, il va de soi que l’ennemi principal, c’est Hitler. Le 8 décembre, le président des États-Unis prononce un message de six minutes et demie devant le Congrès. Il y fustige le double jeu des Japonais, leur traîtrise et demande que l’état de guerre soit reconnu. Le Sénat, à l’unanimité, la
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