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Le Japon

Le Japon

Titel: Le Japon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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télégrammes et les faits qui n’ont pas été portés à sa connaissance 36 . Tout récemment, John Toland soutient que « la comédie des erreurs du 6 et du 7 [décembre 1941] semble incroyable. Elle n’a de sens que si elle correspond aux prémisses d’une charade, si Roosevelt et son entourage le plus proche ont su qu’il y aurait une attaque 37  ». Quel réquisitoire !
    À vrai dire, le scénario du complot machiavélique manque de solidité. Si Roosevelt avait dissimulé cequ’il savait des intentions japonaises, il aurait dû bénéficier de la complicité de Stimson, de Knox, de Marshall, de Stark, de leurs subordonnés et de ceux qui ont eu les télégrammes entre les mains. Le complot serait devenu un secret de polichinelle. Et personne n’aurait jamais rien dit ? Ni aux commissions d’enquête ni, plus tard, aux historiens ? De plus, si Roosevelt avait laissé faire l’attaque japonaise, pourquoi aurait-il accepté la destruction de tant de bâtiments et d’avions ? Il aurait pu, au dernier moment, avertir Kimmel, faire sortir la flotte en haute mer et éviter ainsi le désastre, tout en obtenant auprès du Congrès et de l’opinion le soutien qu’il espérait.
    Enfin, beaucoup de faits mineurs et de déclarations suspectes sont déformés. Le 19 novembre, par exemple, Tokyo recommande à ses représentants à l’étranger de détruire les codes diplomatiques si la situation se détériore. En ce cas, la radio diffusera un message sous forme de bulletin météorologique. « Vent d’est, pluie » : les relations américano-japonaises sont en danger. « Vent du nord, nuageux » : les relations avec l’Union soviétique vont mal. « Vent d’ouest, clair » : les relations du Japon avec la Grande-Bretagne empirent. Les spécialistes américains du renseignement se mettent à l’écoute. Et ils n’entendent rien. Auraient-ils capté le premier de ces messages, cela annonçait-il un raid sur Pearl Harbor, sur les Philippines, sur Guam ou sur Wake ?
    Il est vrai que, le 27 novembre, dans une conversation avec Stimson, Roosevelt mentionne la probabilité d’une attaque japonaise. Rien d’étonnant, car cette probabilité est à cette date évoquée par tous. Mais Roosevelt ajoute, selon Stimson, qu’il faut « manœuvrer » les Japonais jusqu’à ce qu’ils tirent les premiers. Voilà la preuve d’une préméditation, exultent les révisionnistes. En fait,l’interprétation du mot qu’emploie Roosevelt est très simple. Pour lui, les démocraties, les États-Unis en particulier, doivent demeurer les farouches défenseurs de la paix. Pas question de déclencher une guerre préventive. Roosevelt l’a dit et répété. Aux yeux de l’opinion américaine, encore marquée par l’isolationnisme, il faut tout faire pour éviter la guerre. Roosevelt complice des Japonais, c’est à la fois une calomnie et une absurdité.
    Autre scénario : à défaut d’être personnellement responsable de la tragédie de Pearl Harbor, le président Roosevelt aurait suivi à l’égard du Japon une politique qui devait inévitablement conduire à la guerre. Encore une fois, le mythe l’emporte sur la réalité historique. Qu’il ait éprouvé des sympathies pour la Grande-Bretagne, qu’avec l’appui d’une majorité croissante de ses concitoyens il l’ait de plus en plus aidée, qu’il ait sans le dire clairement engagé son pays dans le conflit de l’Atlantique, que les États-Unis aient décidé de donner la priorité des priorités à la guerre européenne, personne n’en doute. Autant de raisons pour ne rien précipiter dans le Pacifique. Ici, Roosevelt pratique l’ appeasement . Et son entourage, politique et militaire, ne cesse de réclamer quelques semaines, quelques mois de plus pour préparer les États-Unis à une guerre, qu’ils ne souhaitent pas, contre le Japon. Mais le Japon prend des initiatives qui nuisent aux intérêts américains. L’agresseur, c’est lui.
    Deux dates sont décisives. La première correspond à l’armistice franco-allemand de juin 1940. On se persuade à Tokyo que l’influence européenne en Asie décline, que les puissances coloniales, comme les Pays-Bas, la France et peut-être la Grande-Bretagne ont perdu leurs moyens d’action. La voie est libre pour mettre un point final à la conquête de la Chine etconstruire la sphère de co-prospérité. Encore convient-il de s’entendre avec l’Allemagne et l’Italie pour n’avoir rien

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