Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Japon

Le Japon

Titel: Le Japon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
Vom Netzwerk:
brillamment 32 que tous les « signaux » sont parvenus au milieu des rumeurs et des bruits. Les Japonais pratiquaient l’art de la désinformation. Les spécialistes américains n’étaient pas toujours au courant des progrès techniques, ultra-secrets, auxquels les aviateurs japonais étaient parvenus, par exemple pour l’utilisation des torpilles dans les eaux peu profondes.
    La véritable explication est ailleurs. Les responsables de la défense des États-Unis n’imaginaient pas que les Japonais attaqueraient la base de Pearl Harbor. Si loin du Japon… Face à une flotte du Pacifique qui n’avait pas de mission offensive, mais défensive… Rationnellement… Joseph Grew, l’ambassadeur américain à Tokyo, avait fait part, dès le 27 janvier 1941, d’« un projet fantastique » sur la base de Pearl Harbor. Le 3 novembre, il observait que « la santé mentale des Japonais ne peut être mesurée avec nos critères logiques », qu’ils peuvent soudainement se plonger « dans un conflit suicidaire avec les États-Unis ». Allons donc ! Ce n’est pas que le danger japonais soit sous-estimé. Depuis longtemps, on croit, aux États-Unis, au péril jaune, à un expansionnisme exacerbé qui débouchera sur la guerre. Mais si l’on respecte l’efficacité, la puissance industrielle, les traditions militaires de l’Allemagne, on doute de la force économique du Japon. Pas de charbon, pas de matières premières, une armée de « petits hommes jaunes » dont les Américains ne feront qu’une bouchée. Et puisque le Japon manque de l’essentiel, il se servira de sa belle marine pour occuper les Indes néerlandaises, pour consolider sa présence en Chine et en Indochine, pour s’emparerd’une partie ou de la totalité des possessions britanniques. Tout au plus, les Philippines sont menacées. Pas Pearl Harbor.
    Au cours de la première enquête sur le drame, Marshall déclare que s’il avait recouru au téléphone pour diffuser le texte de son télégramme du 7 décembre, c’est MacArthur qu’il aurait appelé. Frank Knox, le secrétaire à la Marine, lit le message qui provient de Pearl Harbor et n’en croit pas ses yeux : « Mon Dieu ! s’exclame-t-il, ça ne peut pas être vrai. Il s’agit plutôt des Philippines. » Et Stark lui répond : « Non, monsieur, c’est Pearl. » Au fond, les services américains, submergés de renseignements, n’ont pas voulu croire à l’incroyable. Erreur fondamentale.
    L’enquête sur les responsabilités ne s’arrête pas là. Sans doute conviendrait-il de mettre également en cause Henry Stimson, le secrétaire à la Guerre, et Knox. Ont-ils suffisamment averti leurs subordonnés ? Si le gouvernement n’échappe pas à la critique, l’attitude du président des États-Unis lui-même suscite des questions. À supposer que Roosevelt ait voulu que son pays entre en guerre, il aurait pu savoir que les Japonais allaient attaquer, ne rien dire et ne rien faire qui mette sur leurs gardes les défenseurs de la base et tirer les conséquences du drame pour atteindre son objectif politique. Roosevelt, coupable de duplicité, de complicité, du pire des machiavélismes. Cette interprétation, baptisée révisionniste, se répand après la guerre, donc après la mort du président. Elle est soutenue par les partisans de l’isolationnisme, qui, le temps du conflit, se sont tus et retrouvent leur voix après le retour de la paix, surtout lorsqu’ils constatent que les États-Unis se sont battus contre l’Allemagne et le Japon pour le plus grand profit de l’Union soviétique.

    Ils n’expriment pas tous des opinions aussi tranchées. Des historiens comme Charles C. Tansill 33 et Charles A. Beard 34 critiquent vigoureusement la politique étrangère de Roosevelt, accusent le président d’avoir entraîné les États-Unis dans la guerre, mais ne croient pas que Roosevelt ait tout exprès provoqué les Japonais à Pearl Harbor. Ce n’est pas le cas du contre-amiral Robert A. Theobald, un proche de Kimmel, qui ne mâche pas ses mots : « Notre conclusion principale, écrit-il, est que le président Roosevelt contraignit le Japon à faire la guerre en exerçant en permanence sur lui une pression diplomatique et économique, et l’incita à ouvrir les hostilités par une attaque-surprise en maintenant la flotte du Pacifique dans les eaux hawaïennes comme appât 35 . » Bigre ! Kimmel ne va pas aussi loin, mais il relève soigneusement les

Weitere Kostenlose Bücher