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Le Japon

Le Japon

Titel: Le Japon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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affirmer qu’il n’y a pas de « front » de progression, régulier et cohérent, des espèces concernées, rien qui ne laisse percevoir des modifications, même très lentes et progressives, vers une économie agraire.
    La densité de la couverture archéologique du Japon rend par ailleurs peu probable que les archéologues soient passés à côté de gisements paléobotaniques qui laisseraient entendre l’installation du phénomène agraire. Si des sites comme San.nai Maruyama, fort riches en données archéologiques de toutes sortes, en activité pendant près de mille cinq cents ans, avec un total de près de 600 bâtiments, ne montrent pas la prédominance progressive de cultures, alors il est bel et bien difficile, voire impossible, d’appliquer le terme de néolithisation à la période Jômon. Plutôt que d’agriculture, il conviendrait de parler de « jardinage ».
    Qu’est-ce qui retint les sociétés du Jômon de franchir le pas qui les aurait menées de l’horticulture à l’agriculture, du jardin au champ ? C’est sur ce point que la période Jômon est particulièrement importante, dans la mesure où pourrait alors émerger une histoire différente de celles jusqu’ici proposées des sociétés juste avant le Néolithique.
    Il est possible de relever un certain nombre d’occasions « manquées », de moments où les groupes du Jômon auraient eu intérêt à embrayer vers une stabilité et un contrôle de la production de subsistance, menant à l’agriculture.
    Un premier moment serait survenu vers la fin du IV e  millénaire, lors de la première régression marine. De nombreux sites cessèrent leur activité dans le Kantô, l’actuelle grande région de Tokyo. L’écosystème connut alors une déstabilisation assez profonde, qui aurait pu pousser les groupes sédentaires à s’orienter vers des modes de production qui, bien qu’assujettis au climat, auraient été néanmoins davantage prévisibles que ce que la nature pouvait offrir d’elle-même. Au III e  millénaire, dans le centre-est de l’archipel, semblent s’installer des cultures domestiques autour des fabacées et de la perilla .
    Mais les changements climatiques eurent un second effet dans l’est de l’archipel : celui d’augmenter les terres émergées, qui furent rapidement gagnées par la forêt. Celle-ci n’a cessé de soutenir l’économie des sociétés de l’archipel. Finalement, le retour de la couverture forestière, et l’entretien dont elle fit l’objet autour des sites d’habitat, fut suffisant pour ne pas changer la société du Jômon.
    Le deuxième moment se produisit dans la première moitié du I er  millénaire : une régression marine et unebaisse des températures amenèrent progressivement le climat à ce qu’il est de nos jours au Japon. Les sites d’habitat cessèrent leur activité, les amas coquilliers ne croissaient plus ; et c’est sur cette lancée que la période Jômon elle-même s’acheva. À telle enseigne qu’un retour à un mode de vie nomade ou semi-nomade ne paraît pas impensable. Tout se « termine » au milieu du I er  millénaire avant notre ère, trois mille ans après que les premières espèces domestiques ont touché l’archipel, sans que le Jômon n’ait jamais été une culture productrice de sa subsistance.
    Les sociétés du Jômon sont restées tournées vers des logiques d’exploitation du milieu qui rendaient possible la sédentarisation puis la croissance démographique sans avoir recours à des productions qui sont celles des premières sociétés de paysans. L’agriculture n’a donc pas joué de rôle dans l’évolution socio-économique de ces dernières. La période Jômon ne vit jamais l’apparition de sociétés agraires peut-être « simplement » parce que les groupes qui la composaient étaient avant tout des chasseurs-collecteurs, tant économiquement que culturellement, et donc « psychologiquement ».
    D’autres raisons peuvent expliquer que les sociétés Jômon ne soient pas passées à l’agriculture. On peut considérer que celles-ci surent apporter une réponse à la crise à laquelle elles étaient confrontées au début du I er  millénaire, à savoir la dispersion. Les ressources rendent-elles difficile de demeurer sédentaire ? Un mode de vie empreint de nomadisme s’impose à nouveau.
    L’histoire mondiale ne manque pas d’exemples de sociétés incapables de se réformer. Trop tard conscient des

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