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Le Japon

Le Japon

Titel: Le Japon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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problèmes, et trop violemment confronté à une crise, l’homme peut se retrouver dans l’impossibilité de réagir. C’est peut-être ce qui s’est passé pour la culture Jômon.Indirectement, un tel schéma permettrait de saisir pourquoi ce n’est tout d’abord qu’au prix d’une dispersion, d’un éclatement, à la fin de Jômon, que les sociétés ont fini par se réorganiser selon un fonctionnement agraire, avec l’arrivée d’un nouveau modèle (et de nouvelles populations) depuis le continent, fondé sur la riziculture irriguée. L’organisation sociale du Jômon a pu s’étioler, mais son histoire la rend « compatible », presque immédiatement, avec la nouvelle civilisation que représente la culture Yayoi. Déjà il y a cinq mille cinq cents ans, certains groupes du Jômon « savaient » ce que cultiver voulait dire.

Faire du japonais avec du chinois
    C’est au travers de textes chinois que le Japon sort du relatif anonymat des civilisations sans écriture. Les rédacteurs de ces premières sources, au III e  siècle de notre ère, considèrent ces hommes des confins comme des barbares : ils n’ont pas d’écriture, se tatouent tout le corps. Les sources chinoises nomment ces hommes des Wa (en chinois contemporain Wo ). On ignore la raison de cette appellation ; on sait en revanche que le caractère chinois qui servait à transcrire ce son «  wa  » désigne des « nains ».
    La réunification de la Chine sous la dynastie des Sui en 589 provoqua une série de bouleversements dans les marges de l’empire. Dans la péninsule coréenne, le royaume de Silla commença à s’agrandir au détriment de ses voisins. Avec l’aide des Chinois, Silla réussit en 668 à unifier la péninsule en un État construit sur le modèle de son puissant voisin et lui fait allégeance. L’onde de choc se fit également sentir au Japon, qui entretenait des relations assez intenses avec les royaumes de la péninsule coréenne.
    Face à la crainte d’une attaque de la Chine des Tang (618-907) et de son allié coréen, le Japon ressentit alors l’impérieuse nécessité de se doter des outils qui faisaient la force de la civilisation continentale. C’est dans cecontexte que le modèle chinois allait s’imposer, non par la force, à la différence de beaucoup de royaumes satellites de la Chine, mais selon la volonté du Japon, à son rythme, avec ses choix. Toutes proportions gardées, on peut comparer cette acculturation volontaire à celle qui aura lieu à partir du milieu du XIX e  siècle vis-à-vis de l’Occident.
    L’un des éléments les plus marquants de la supériorité technique de la Chine résidait sans conteste dans son écriture. Les Japonais connaissaient l’écriture chinoise depuis longtemps. Des inscriptions sur des épées du milieu du V e  siècle montrent que sa maîtrise était acquise. Pourtant, tout laisse à penser que cette société pré-étatique n’avait pas encore basculé dans l’écrit. Le basculement se fit au cours du VII e  siècle, avec le chinois.
    Cette écriture idéographique est inséparable de la langue chinoise. Son adoption signifie celle de la langue qu’elle retranscrit. Or celle-ci était porteuse d’une haute culture, riche d’un corpus de textes considérable. En même temps que l’écriture, c’est une grande partie de cette culture qui se trouva dès lors accessible. C’est donc en chinois que se fit la transformation du Japon en un État doté de toutes les caractéristiques de la civilisation selon les critères imposés par l’Empire chinois des Tang.
    Le premier chantier fut, semble-t-il, politique et symbolique. Au début du VII e  siècle, sous l’impulsion du clan des Soga et du régent, le prince Shôtoku, la Cour imposa des rangs de cour à l’aristocratie, rangs attribués en théorie selon les mérites. Vers le milieu du même siècle, la Cour entreprit une série de réformes qui visaient à doter le souverain d’un pouvoir direct sur toutes les terres et tous les hommes. Les rizières devaientêtre redistribuées régulièrement en fonction de l’accroissement ou de la diminution des familles des cultivateurs. On lança alors cadastres et recensements. Nous ignorons jusqu’à quel point ces mesures furent appliquées. Il est probable qu’elles ne touchèrent dans un premier temps que les provinces centrales.
    C’est aussi sur le modèle chinois que se fit l’organisation administrative. Des bureaux

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