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Le Japon

Le Japon

Titel: Le Japon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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est propice à l’activité humaine. Même ses aléas catastrophiques peuvent être corollaires de bienfaits. L’eau chaude et le thermalisme résultent par exemple de la sismicité élevée et de l’abondante pluviométrie ; les typhons permettent l’ultime remplissage des rizières avant la moisson.
    Le Japon n’a pratiquement pas de pétrole, mais il est riche en minerais de toutes sortes. Les métaux précieux ont fait la fortune du pays jusqu’au XIX e  siècle. L’extraction de l’obsidienne (utilisée pour les bijoux, outils et comme objet d’échange) alimenta un vaste réseau dès la Préhistoire. Pendant des millénaires, les Chinois ont importé le précieux soufre japonais (qu’on retrouve dans la poudre à canon, les allumettes, la pharmacopée…). Grâce aux progrès technologiques empruntés aux Européens et à des politiques de développement économique, le Japon fournit un tiers de la production mondiale d’argent à la fin du XVI e  siècle et au début du XVII e , ainsi que la majeure partie du cuivre au XVII e et au début du XVIII e  siècle.
    Le protectionnisme des Tokugawa à l’époque d’Edo (1603-1867) a freiné l’exode des métaux précieux et rétabli l’échange à l’avantage du Japon, tout en favorisant un réinvestissement sur place de la richesse qui en découlait. Cette accumulation primitive du capital a permis une proto-industrialisation, préalable d’une véritable industrie avec l’ère Meiji (1868). Le Japon n’exploite plus de charbon actuellement mais l’extraction de la houille était, en 1950, aussi importante que celle de la France. La richesse géologique a son revers : résultant d’une tectonique très active qui en a tourmenté les filons,ceux-ci sont moins faciles à exploiter et moins rentables à l’ère industrielle. À partir des années 1950, l’industrialisation massive du Japon s’est faite par de la matière première importée.
    L’idée reçue du « Japon étroit et petit » et « manquant de ressources » a pour corollaire le cliché de la surpopulation. Certes, le pays est montagneux, les plaines n’en occupent que le quart. Seuls 28 % du territoire sont considérés comme techniquement habitables selon les critères du ministère de la Construction, qui se fondent sur une déclivité inférieure à 8 degrés. Ces facteurs sont effectivement contraignants. Mais, ce qui est vrai, c’est que la pression démographique a depuis longtemps conduit le pays à choisir des systèmes agricoles de plus en plus intensifs, très gourmands en main-d’œuvre mais capables, en retour, de nourrir la population.
    L’élevage intensif ainsi que la production de fromage, qui existait pourtant dès l’Antiquité, ont été négligés au profit de la sylviculture. La rareté des prairies naturelles, la médiocrité des herbages comestibles et l’importance des cultes attachés aux montagnes sacrées ont contribué à leur abandon.
    La civilisation japonaise a donc privilégié un surinvestissement en travail et un sous-investissement en capital. Ce choix a perduré jusqu’à la révolution industrielle contemporaine. Cela s’est traduit par une surdensification des zones littorales, des plaines et des villes, une sous-densification des espaces montagnards et un avancement assez lent du front pionnier rizicole vers le nord. L’île d’Hokkaidô n’est vraiment occupée qu’à partir de Meiji, avec une colonisation qui s’effectue au détriment des aborigènes Ainu.
    Contrairement à une idée reçue, ce n’est pas la pression démographique qui explique la répartition de lapopulation japonaise. Pendant la Haute Croissance (1950-1975), c’est surtout le phénomène d’exode rural et d’immigration vers les villes qui a provoqué d’importantes mutations démographiques aboutissant à la mégalopolisation.
    Par son étroite bande littorale, le site de Kôbe frappe les imaginations et démontrerait la nécessité absolue des villes japonaises à recourir aux terre-pleins construits sur la mer. Mais il faut rappeler le contexte de l’essor de cette ville. Elle a été choisie à partir de 1858, dans le cadre des traités inégaux imposés par les puissances occidentales obligeant le Japon à s’ouvrir, parce qu’il pouvait être un port en eau profonde favorable à la marine moderne et qu’il permettait d’éloigner les étrangers des Japonais (en particulier d’Ôsaka). Son site est donc ambivalent. Et pour Kôbe,

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