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Le jour des reines

Le jour des reines

Titel: Le jour des reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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qui président à ces jeux de mort nous prennent pour des pétaux, nous saurons leur jeter leur méprise au visage ! » Il dessella son roncin, déplia et secoua sa flancherie [262] puis, allongeant celle-ci sur l’herbe, il y passa ses paumes. Rien, aucun piquant. Il vérifia ensuite les rênes et les avallouères [263] sous le regard de Wilf, égayé par toutes ces précautions.
    — Que croyez-vous, messire ? Que cherchez-vous ? Des puces ?
    — Nous cherchons, dit Guillaume, à n’être point trahis.
    Cette fois, Wilf pouffa, et de plaisir tapota son épée :
    — Nul besoin d’ourdir quoi que ce soit pour vous vaincre : vous allez challenger les meilleurs chevaliers d’Angleterre.
    Guillaume étouffa une malédiction ; Barbeyrac, penché sur une étrivière, se releva pour s’ébaudir à son aise. Ogier dit simplement :
    —  Desinit in piscem.
    —  Holà ! s’indigna Wilf. Qu’est-ce que ça veut dire ?
    Tandis qu’Ogier répondait, la joviale figure d’Arnaud Clergue, le chapelain de Rechignac, se présentait à son esprit avec de plus en plus de netteté.
    — Cela se dit, capitaine, des choses dont la fin contrarie le commencement. Les choses qui, telle la femme d’Horace, sont belles de corps et d’esprit, sauf qu’elles se terminent en queue de poisson.
    — Moi, je ne connais que Mélusine qui a une queue de serpent !
    — Et la tienne ? Comment est-elle ? grogna Guillaume. Viens donc m’aider à destouiller mon roncin de sa selle et de son harnois !
    Tandis que Wilf aidait Guillaume à désharnacher son cheval, Ogier examina la selle de son moreau avec une attention extrême. Elle était belle et solide, constituée de bandes de fer plates et autres ferrements tels que le porte-étriers, les boucles et anneaux échappés, cloués au bois ; garnie de cuir cordouan fixé sur l’arçon par de gros clous à large tête ronde appelés besans en France ; bien fournie en sangles, étrivières, poitrail, culière et croupière. Rien n’y manquait, et le haut troussequin cornu lui garantissait qu’il faudrait un gros coup, un coup immense, pour qu’il vidât les étriers. Eux aussi lui donnaient entière confiance : ils étaient simples et larges, d’un fer sans défaut, bien lié aux étrivières.
    — Ils ne paraissent pas vouloir nous abuser, dit-il sans recevoir de réponse tant ses compères examinaient leurs harnois avec autant de soin que lui-même.
    Alors, il vérifia les fers de son cheval et se releva satisfait : ils étaient épais, quasiment neufs.
    — Rien à dire ? s’enquit Wilf, inquiet et moqueur.
    Ogier remit la selle et les harnais sur le Noiraud ; il se jucha dessus, chaussa les étriers, mit pied à terre et raccourcit légèrement les étrivières. Puis, sous les sifflets et les cris malveillants de la foule, il fit marcher, ambler, trotter son cheval. Un galop l’amena devant la tribune des dames. Ni Tancrède ni Odile de Winslow ne s’y trouvaient, mais Éthelinde était présente, assise auprès d’Élisabeth parée comme une honnête femme.
    Une fureur le prit, qu’il domina promptement :
    — Bon sang !… De rage, j’allais talonner ce cheval qui ne m’a rien fait. Il nous faut proscrire les éperons : à pied, par ce temps, on s’emmêlerait les molettes !
    Il revint vers ses compagnons occupés à seller leurs chevaux :
    — Ils vous conviennent ?
    — Le mien a une encastelure au sabot arrière dextre, dit Barbeyrac, mais comme il ne fournira qu’une course…
    — En es-tu sûr ? Pas de l’encastelure mais de la course.
    — Aussi vrai, Guillaume, que Dieu nous voit !
    Ogier admira cette assurance ; il eût aimé la posséder.
    — Le mien a peut-être la gourme, dit Guillaume. Il bave sur son frein.
    — C’est par hâte de galoper, mon bon oncle… Un conseil seulement, si vous le permettez : défiez-vous en tirant vos pieds des étriers.
    Voyant le regard intéressé de Wilf, Ogier se retint d’ajouter : « Gare aux clous de vos semelles ! » Barbeyrac qui venait de boucler la ventrière du fauveau lui sourit pour cette recommandation :
    — Je me sens mieux lors d’un combat d’homme à homme sur la terre ou le gazon, que dans un trépignis [264] d’armes courtoises. On voit venir les coups, on peut y remédier avant que le mal soit accompli. Je vais vous enseigner comment occire du Goddon sans trop de peine.
    — Il y a de l’outrecuidance dans l’air, observa Wilf avec une déférence

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