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Le Journal D'Anne Frank

Le Journal D'Anne Frank

Titel: Le Journal D'Anne Frank Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Frank
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de nuit, ce soir vient un menuisier clandestin qui va fabriquer à partir de nos lits blancs de Francfort de quoi nous barricader. On discute à présent à l’Annexe des arguments pour et des arguments contre. Kugler nous a reproché notre imprudence, Jan a dit, lui aussi, que nous ne devrions jamais descendre. A présent, il s’agit de savoir si ce Sleegers est un homme de confiance, si les chiens se mettent à aboyer quand ils entendent quelqu’un derrière la porte, comment se barricader, et encore une foule de choses.
     
    Cette histoire nous a rappelés brutalement à la réalité, au fait que nous sommes des juifs enchaînés, enchaînés en un seul lieu, sans droit et avec des milliers d’obligations. Nous juifs, nous ne devons pas écouter notre cœur, nous devons être courageux et forts, nous devons subir tous les désagréments sans rien dire, nous devons faire notre possible et garder confiance en Dieu. Un jour, cette horrible guerre se terminera enfin, un jour nous pourrons être des êtres humains et pas seulement des juifs !
    Qui nous a imposé cela ? Qui a fait de nous, les juifs, une exception parmi tous les peuples ? Qui nous a fait tant souffrir jusqu’à présent ? C’est Dieu qui nous a créés ainsi, mais c’est Dieu aussi qui nous élèvera. Si nous supportons toute cette misère et s’il reste toutefois encore des juifs, alors les juifs cesseront d’être des damnés pour devenir des exemples. Et qui sait, peut-être est-ce notre foi qui apprendra au monde, et avec lui à tous les peuples, ce qu’est le bien et est-ce pour cette raison, et cette raison seulement, que nous devons souffrir ? Nous ne pourrons jamais devenir uniquement néerlandais ou uniquement anglais, quel que soit le pays, nous resterons toujours des juifs en plus, nous devrons toujours rester juifs, mais nous voulons aussi le rester. Courage ! Restons conscients de notre tâche et ne nous plaignons pas, la fin arrivera, Dieu n’a jamais abandonné notre peuple ; à travers les siècles, les juifs ont survécu, à travers chaque siècle, les juifs ont dû souffrir, mais à travers les siècles ils sont devenus forts, les faibles sont repérés et les forts survivront et ne mourront jamais !
    Cette nuit-là, j’ai su que je devais mourir, j’attendais la police, j’étais prête, prête comme les soldats sur le champ de bataille. Je voulais mourir pour la patrie, mais maintenant, maintenant que je suis de nouveau saine et sauve, maintenant mon premier souhait après la guerre : faites de moi une Hollandaise !
    J’aime les Hollandais, j’aime notre pays, j’aime la langue et je veux travailler ici. Et même si je dois écrire à la reine, je ne fléchirai pas avant d’avoir atteint mon but !
    Je deviens de plus en plus indépendante de mes parents, toute jeune que je suis, j’ai plus de goût pour la vie, un sens plus sûr et plus pur de la justice que Maman. Je sais ce que je veux, j’ai un but, j’ai un avis, j’ai une foi et un amour. Laissez-moi être moi-même, alors je suis heureuse. Je sais que je suis une femme, une femme riche d’une force intérieure et pleine de courage ! Si Dieu me laisse vivre, j’irai plus loin que Maman n’est jamais allée, je ne resterai pas insignifiante, je travaillerai dans le monde et pour les gens !
    Et aujourd’hui, je sais que le courage et la joie sont absolument indispensables !
     
    Bien à toi,
    Anne M. Frank
     
     
    1 Mouvement national-socialiste néerlandais, collaborant avec l’occupant.
     
     
     
    VENDREDI 14 AVRIL 1944
     
    Chère Kitty,
     
    L’atmosphère ici est encore très tendue. Pim bouillonne, Madame est au lit avec un rhume et rouspète, Monsieur est blême à force de se passer de clopes, Dussel, qui a sacrifié une grande partie de son confort, le fait sentir par des réflexions, etc. D’ailleurs, il faut bien dire qu’en ce moment nous n’avons pas de veine. Les W.C. fuient et le robinet tourne à vide. Grâce à nos nombreux contacts, ils seront tous deux vite réparés.
    Parfois, je suis sentimentale, tu le sais, mais… ici, il y a parfois un peu de place pour les sentiments aussi. Quand Peter et moi, dans un désordre et une poussière épouvantables, sommes assis sur une caisse en bois dure, nous tenant par l’épaule, tout près l’un de l’autre ; lui tenant une de mes boucles dans la main. Quand dehors les oiseaux font des trilles, quand on voit les arbres devenir verts, quand le soleil vous attire

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